Les Red Lions sont de véritables F1
Julien Rysman utilise la médecine et la technologie pour pousser chaque Red le plus loin possible.
- Publié le 09-06-2019 à 09h48
- Mis à jour le 09-06-2019 à 09h50
Julien Rysman utilise la médecine et la technologie pour pousser chaque Red le plus loin possible. Lors du stage à Cape Town en janvier 2017, les Red Lions avaient accueilli un nouvel ostéopathe très enthousiaste. Deux ans et demi plus tard, Julien Rysman est encore plus heureux de vivre une expérience professionnelle unique.
"Je suis le plus heureux du monde, lance l’ange gardien des Lions. "Je m’occupe d’athlètes qui sont les meilleurs du monde avec un staff aussi pro qu’humain. Nous possédons presque l’équivalent de deux équipes de très haut niveau. Je bosse avec des gars motivés. Nous formons une grande famille, mais une famille qui s’entend bien. L’enthousiasme est omniprésent, mais nous restons lucides. Tous nos échanges sont basés sur la confiance. Ils m’écoutent même si parfois ils ont du mal à freiner le rythme. Simon Gougnard tournait comme un lion en cage lors des 4 semaines de convalescence. Je l’entraînais en individuel sur le terrain à côté des autres pour qu’il reste dans le groupe."
D’emblée, l’ostéo-physio sort deux joueurs du noyau pour illustrer l’évolution du travail physique avec les Lions. "Prenez Arthur De Sloover et Victor Wegnez. En deux ans et demi, ils sont passés du statut de petits jeunes à celui d’athlètes. Ils tournent à plein régime et incarnent cette notion des Red Lions modernes. Ils avalent le programme d’entraînement d’une semaine comme si c’était leur petit-déjeuner. Ils sont très peu blessés."
Le physio en profite pour souligner la qualité du travail entrepris en U21. "Ils suivent un programme très sérieux qui rend l’adaptation vers les ‘A’ plus facile."
Depuis la médaille d’argent aux Jeux olympiques de Rio 2016, les Red Lions ont remporté une autre breloque d’argent lors des championnats d’Europe à Amstelveen en août 2017 et surtout la médaille d’or en décembre 2018. "Ils ne cessent de se remettre en question pour rester au sommet. Sur un plan physique, on voit que tous les tests sont meilleurs. Ils ont pris le temps de grandir par rapport à nos demandes. Si nous les avions soumis en 2014 aux tests physiques pratiqués aujourd’hui, nous aurions constaté de nombreuses blessures. Si on prend la musculation, il a d’abord fallu leur expliquer les bases."
Des bons hockeyeurs courent les rues en Belgique. En revanche, d’excellents athlètes-hockeyeurs nécessitent une charge de travail colossale. "Être un bon joueur ne suffit plus. Ils doivent être capables de supporter les charges de travail, ce qui impose des qualités physiques, techniques, tactiques et mentales."
Cet été , le calendrier de la FIH impose à ces forçats du stick un programme diabolique avec, outre le championnat de Belgique, 14 matchs de Pro League et des championnats d’Europe en moins de 8 mois ! Pire, ils doivent atteindre deux pics de forme lors du Final Four de la Pro League du 28 au 30 juin et lors des championnats d’Europe du 16 au 25 août. "Avec Mick Beunen, nous avons prévu un programme adapté à la situation."
Dans ce programme, rien n’est laissé au hasard. Depuis les JO de Rio, le degré de professionnalisme est encore monté de plusieurs crans. "Nous analysons en permanence l’état des joueurs. Ils sont branchés comme des ordinateurs. Quand certains paramètres passent dans la zone orange, nous mettons en garde le coach. Nous détectons tout."
La technologie est devenue sa plus fidèle alliée dans sa tâche. "Je ne peux pas livrer certains de nos secrets au niveau de l’analyse de la fatigue, mais nous avons une balise GPS de plus en plus performante et précise. Nous avons le travail cardio. Moi, j’ai ma table de massage pour détecter les raideurs. Enfin, nous leur soumettons un questionnaire assez précis. L’algorithme de toutes ces données nous fournit des informations ultra-précises." Julien Rysman est obsédé par une équation simple. "Je dois m’assurer que le joueur construit et qu’il n’est pas en train de se détruire."
La construction s’articule autour d’exercices bien précis, que ce soit sur le terrain ou en salle de musculation. Les Red Lions jouissent d’une belle réputation. Ils sont reconnus comme des bêtes de muscles avec un cerveau. Souvent, les journalistes cherchent la comparaison avec des athlètes d’autres sports. "Il ne sert à rien de comparer des performances des Red Lions et des Diables rouges. Les footballeurs jouent sur du gazon avec des crampons. Le hockeyeur n’a pas besoin d’être bon sur un sprint en ligne droite de 100 mètres. Il risque la déchirure. Nous travaillons plutôt sur des sprints courts de 10, 20, 30 ou 40 mètres. Nous les testons sur des courses rapides entre les cônes pour bosser leur agilité. Ils suivent aussi le yo-yo test qui est un bip test amélioré. Ils n’ont pas besoin d’être des marathoniens. Ils réalisent aussi des triples sauts avec départ arrêté, avec ou sans stick…"
Le résultat est visible. Lors des derniers grands tournois, Shane McLeod n’a pas dû faire face à de nombreux joueurs blessés. "La préparation physique impose une très haute exigence. Ensuite, la technologie offre des données très précises. Si un joueur se cache lors d’un entraînement, nous verrons s’il lui manque quelques mètres. S’il en fait trop, nous le freinerons un peu."
Les joueurs sont réglés comme des Formule 1. La comparaison n’est pas excessive. Lors d’un match, Mick Beunen reçoit en temps réel les données des 18 joueurs. Les rotations sont établies avant le rencontre : 3 minutes pour les attaquants, 5 minutes pour les milieux et 7 minutes pour les défenseurs. "Ils se connaissent, mais si on voit que l’un est dans le rouge plus tôt, il est remplacé tout de suite. Si Wegnez fournit deux accélérations rapprochées, il est susceptible de sortir plus vite."
Le risque n’a plus voix au chapitre. Pour l’ostéo, le chapitre Pro League est passionnant. Il se voit comme un marionnettiste qui tire sur les ficelles. "Lors d’une Coupe du monde, nous devons composer avec 18 gars (plus deux réservistes) jusqu’au bout du tournoi. En Inde, ils étaient tellement bien préparés qu’ils étaient encore tous en forme pour la finale. En Pro League, nous bénéficions d’un noyau de 25 joueurs pour tout le mois de juin. Je prends l’exemple d’Arthur Van Doren que nous avons laissé au repos total la semaine passée car il sortait de playoffs éprouvants avec les Pays-Bas. Manu Stockbroekx avait donné son accord pour un match face à la Grande-Bretagne. Pour moi, c’est un luxe."