Les Red Lions entre de bonnes mains en Inde: "Une chambre de quarantaine pour les joueurs malades"
Tout est prévu depuis des mois pour la santé de nos hockeyeurs en Inde.
- Publié le 29-11-2018 à 20h06
- Mis à jour le 30-11-2018 à 08h49
Tout est prévu depuis des mois pour la santé de nos hockeyeurs en Inde. Les joueurs de hockey n’aiment pas trop se déplacer en Inde. Le pays est, à juste titre, réputé comme dangereux au niveau sanitaire. Pourtant, tout est mis en œuvre pour que nos hockeyeurs y courent un minimum de risques. Entretien à bâtons rompus avec le physiothérapeute de l’équipe, Julien Rysman.
Pourquoi les gens sont-ils régulièrement malades en Inde ? Y a-t-il des bactéries spéciales dans ce pays ?
"Premièrement, le niveau d’hygiène de ce pays est connu pour être particulièrement bas. On sait qu’il est directement proportionnelle au PIB par habitant, soit 7 fois plus bas qu’en Belgique, mais aussi au climat tropical, où chaleur et humidité font bon ménage avec la prolifération de germes en tout genre. Pour nous, les Européens, la mortalité due aux maladies infectieuses fait partie du passé. Pourtant, d’après l’OMS, on déplore un retour et un maintien de certaines maladies qu’on croyait disparues. En Inde précisément, les épidémies de dengue et de chikungunya sont en hausse alarmante : plus de 3 millions de nouveaux cas par an de dengue et une hausse de 400 par an pour le chikungunya . C’est énormé !"
D’où viennent ces maladies ?
"Elles sont transmises par le moustique aedes, particulièrement urbanophile. La démographie indienne c’est 1,3 milliard de personnes, dont la moitié ont moins de 25 ans. Ces chiffres sont fous. L’expansion urbaine des mégalopoles indiennes et surtout l’explosion ces 25 dernières années des modes de transport citadins (trains, voitures, motos…) suffisent à comprendre le mécanisme de transmission des pathologies. On ajoute à cela un traitement des eaux et des déchets déplorable, l’absence d’eau potable et un manque d’hygiène, et le cocktail devient explosif."
Quelles sont les maladies les plus courantes ?
"En numéro 1, on retrouve les pathologies d’origine bactérienne gastro-intestinales, qui causent vomissements et diarrhées parfois accompagnées de fièvre. Ensuite, les pathologies virales décrites ci-dessus. Notre système immunitaire est donc fragile fasse à ces bactéries locales. La pollution atmosphérique en Inde est telle que ce pays détient le triste record de décès dus aux pathologies respiratoires. C’est même pire qu’en Chine, c’est dire ! Baladez-vous 20 minutes dans la rue à Mumbai et vous aurez compris. C’est asphyxiant !"
Comment les éviter ?
"Premièrement, il faut se faire vacciner contre les pathologies virales (typhus, hépatite, etc.). Avec nos voyages à travers le monde, nos Red Lions sont listés avec précision à ce sujet. Nous encodons tout ce qui concerne les maladies et les blessures, mais nous tenons aussi à jour un listing précis de leur carte de vaccination. On sait donc exactement jusque quand qui est couvert et qui a besoin d’un rappel. Les joueurs et le staff sont tous en traitement contre la malaria ainsi qu’un traitement prophylactique à base de probiotique pour lutter contre les dérangements gastro-intestinaux. Ensuite il convient de suivre un protocole précis concernant les règles de base en termes d’hygiène. Ne jamais avaler l’eau du robinet, même dans un hôtel 4 ou 5 étoiles. Systématiquement se laver les mains avec un savon bactéricide. Utiliser le plus souvent un gel désinfectant pour les mains."
Et, on suppose, ne pas manger n’importe quoi...
"Le volet alimentaire est bien évidemment pris extrêmement au sérieux : pas de légumes crus, ni de fruits coupés et je ne parle même pas des glaçons. Eau minérale en bouteille uniquement en exigeant qu’on l’ouvre devant vous afin d’entendre le clic du bouchon. Le médecin de l’équipe et le manager font régulièrement le tour de la cuisine de l’hôtel et une inspection quotidienne du buffet est pratiquée afin d’éviter le moindre problème. Notre médecin d’équipe est disponible 24h/24 pour les joueurs, et dès le moindre symptôme nous intervenons immédiatement avec les médicaments et le traitement adéquat. En Coupe du monde, le niveau et la performance physique doivent être au top : pas question d’un coup de mou et de la moindre déshydratation. Nous contrôlons le taux d’hydratation et le poids des joueurs très régulièrement car le risque le perte de poids liée à la crainte alimentaire est possible aussi."
Quelles règles avez-vous fixées aux joueurs ?
"La nourriture de notre hôtel est excellente. Nous y étions l’an dernier pour la finale de la World League. Eric Pirenne et toute l’équipe logistique de la fédé préparent ce séjour depuis des mois. Les plats ne sont pas trop épicés et nous pouvons demander ce que nous souhaitons. Connaissant l’excellente cuisine de cet hôtel et la qualité des aliments proposés en termes de goût mais aussi sur le plan nutritionnel, nous n’avons rien apporté."
Si un joueur devait tomber malade, est-ce le staff médical qui décide s’il doit être remplacé pour le reste du tournoi ?
"Notre staff médical reste souverain en cas de maladie afin de présenter le cas au staff technique et au head coach Shane Mc Leod. Il prendra ensuite la décision de rapatrier le joueur en question et de faire venir le joueur réserve. Tout ceci devra être présenté au board médical de la FIH par notre médecin pour validation du changement sur le plan administratif."
Si un joueur tombe malade, est-il mis en quarantaine ?
"Oui, c’est exact. Les joueurs occupent les chambres en binôme, les ‘roomies’ comme ils s’appellent. Afin d’éviter la contagion, une chambre ‘tampon’ est prévue afin d’isoler le malade mais aussi de préserver le sommeil et la tranquillité du joueur sain. Quand je vous dis que tout est prévu depuis des mois…"