"Les Belges sont les meilleurs du monde"
Frédéric Soyez a dû composer avec 12 départs au lendemain des Jeux de Rio. En 3 ans, le Français a accompli des miracles.
- Publié le 24-08-2019 à 16h01
- Mis à jour le 24-08-2019 à 20h24
Frédéric Soyez a dû composer avec 12 départs au lendemain des Jeux de Rio. En 3 ans, le Français a accompli des miracles. Neuvième nation mondiale et cinquième dans la hiérarchie européenne, l’Espagne n’était pas attendue lors du feu d’artifice final à Anvers. Lors de la Coupe du monde, elle n’avait pas réussi à sortir de sa poule. En Pro League, elle avait échoué à 6 points des demi-finales.
À la Wilrijkse Pleinen, la bande à Quemada a goûté à des émotions que le pays n’avait plus connues depuis les JO de 2008.
La date n’est pas anodine. Dans la foulée, la crise économique avait frappé de plein fouet l’Europe, happant le hockey espagnol au fond du trou.
Le programme des entraînements a été allégé de manière drastique. Néanmoins, une génération talentueuse avait pris le relais avec, en figure de proue, Freixa et Amat.
"Quand je suis arrivé en 2014, la situation était compliquée", se souvient l’entraîneur français Frédéric Soyez. "Les grandes légendes comme Freixa, Amat et Tubau venaient de prendre leur retraite. J’ai alors repris des jeunes en stage pour anticiper les nombreux départs prévus en 2016. Après les Jeux de Rio, j’ai perdu douze joueurs - retraite ou raisons professionnelles -, ce qui nous a contraints à mettre en place un plan rapide."
En trois ans, il a relevé ce défi avec brio. "Nous avons appris de notre cruelle Coupe du monde. La chance nous avait tourné le dos."
La Pro League a accéléré le processus de construction. Une base de 28-30 joueurs replace petit à petit l’Espagne parmi les grandes nations. "À Anvers, nous étions focalisés sur l’Angleterre et le pays de Galles pour accéder aux demi-finales. Ensuite, tout était possible."
Même un succès mérité face aux Pays-Bas. "Nous avons joué avec la manière durant 50 minutes. Je savais que mes joueurs pouvaient tenir tête aux plus grands, mais il leur manquait de la constance."
Derrière cette réussite se cache le travail de la fédération espagnole, qui a dépensé chaque euro avec parcimonie. "Nos moyens sont limités. Le Comité olympique et le ministère ont apporté leur aide financière. Nous avons aussi profité du retour des Espagnols à la maison. Quand je suis arrivé, huit ou neuf évoluaient en Belgique ou aux Pays-Bas. Nous avions des centres d’entraînement à Madrid, Barcelone et… Bruxelles", poursuit ce natif de Valencienne.
L’Espagne a remis de l’ordre dans sa maison au point de proposer un système sain à tous les niveaux actuellement.
La méfiance est donc de mise du côté belge. Les Espagnols sont prêts à planter une banderille ou plus à Vanasch.
"Le plus dur reste à faire", reprend le Français qui a vécu six ans en Espagne avant d’assumer les fonctions de T1. "Je suis réaliste. En demi-finale, nous avons sorti un bon match. En finale, il faudra jouer encore mieux. La Belgique, c’est l’équipe qui joue le mieux au monde pour le moment. Le travail de Shane (McLeod) est magnifique. Nous jouerons avec nos armes. Chaque erreur se paiera cash face aux Belges. Soyons concentrés et libérés. Mes gars n’ont pas l’habitude de jouer ce genre de match : une finale contre les meilleurs du monde et en plus devant leur public."
La performance face à l’Allemagne a laissé une solide impression à Frédéric Soyez. "En 5 minutes, ils ont retourné une situation compromise. Les Belges ont fait preuve de caractère, ce qui est nouveau. Ils ont passé un nouveau cap. Ils sont constants dans les grands rendez-vous avec des finales aux JO, à la Coupe du monde et aux championnats d’Europe. Ce groupe est arrivé à maturité. Les Red Lions ont l’habitude de jouer ensemble."
Quand il doit citer un Red à surveiller, il se lance avec sincérité en citant Vanasch "le meilleur gardien", Van Doren, Wegnez, "qui explose cette année", Kina, Gougnard, Boon, Briels, van Aubel… "Tous en fait."
Il ne cherche pas à se perdre en flagorneries mal placées. Frédéric Soyez a réellement de l’admiration pour un pays qui doit inspirer sa nation d’origine. Arrivé dans le hockey pour imiter son papa, qui entraînait à Valencienne, cet ancien joueur de l’équipe nationale (1995-2010) a coaché en France durant trois ans et demi avant de filer en Espagne. "J’avais hésité car j’étais un joueur très patriote", insiste l’ancien joueur de Lille. Il ne s’est pas trompé de route.