La famille Van Oost, un siècle déjà
A 18 ans, Max Van Oost, qui s’inspire de son papa Michel, est appelé à devenir un leader des Red Lions
- Publié le 07-11-2018 à 19h53
- Mis à jour le 07-11-2018 à 20h04
"Yes”, a crié Michel Van Oost en entendant le nom de son fils Max prononcé au moment de remettre le stick d’or espoir, dimanche passé. Poussé par son frère Antoine, le jeune défenseur du Watducks ne réalisait pas bien ce qui venait de lui tomber dessus.
Sous les yeux d’une partie de sa famille, il a soulevé ce titre honorifique qui en appelle d’autres. “Pour être honnête, il ne change pas grand-chose”, souffle avec timidité Max sous le regard bienveillant de son papa. “Je retournerai m’entraîner avec mes potes comme avant.” Il a néanmoins été touché par quelques mots dont ceux d’Augustin Meurmans et de Florent van Aubel. Le premier, qui est déjà Red Lion, était favori pour ce prix. “Il était fier pour moi tandis que Flo m’a confié qu’il était certain que c’était son vote qui avait été déterminant.”
La grande famille du hockey ne manque pas de fair-play sur les terrains ainsi que sur le podium. La famille, tel est le mot qui colle à la peau du jeune Max qui perpétue une tradition. Dans les années 1910, son arrière-grand-père, Roger Van Dycke, s’était inscrit au Country, devenu le White Star. “Nous en ignorons la raison”, reconnaît Michel Van Oost. Sa grand-mère, Claude, a porté les maillots du Country et du Merlo avec les grands-mères de Tom Boon ou de Jérémy Gucassoff pour ne citer que des joueurs de premier plan encore aujourd’hui.
Max Van Oost se souvient surtout de son papa Michel, un monstre sacré du stick belge qui, entre 1977 et 1996, a honoré 100 sélections en équipe nationale. Il a aussi joué son dernier match en équipe première en 2008 alors qu’il avait 47 ans. Le gardien avait alors remplacé au pied levé Cédric De Greve qui s’était blessé pour 3 matches de DH ainsi qu’une rencontre en EHL. “Je me vois encore avec mon fils de 8 ans sur le terrain après le match. Je m’étais bien amusé.”
Avant que la génération suivante emmenée par les enfants de sa grande sœur Stéphanie ne prenne le relais, Max Van Oost est en train d’écrire un chapitre glorieux du journal intime familial. “Vivre au sein d’une telle famille est si facile. Moi, je veux tout le temps jouer au hockey. J’ai eu la chance de voir mon papa jouer. Je me souviens même d’un stroke qu’il avait arrêté. A la maison, je lui chipais ses guêtres car je voulais être gardien.”
“Lui, il n’avait peur de rien”Max Van Oost n’a pas hérité du capital génétique de son papa. Avec son calme et sa vision du jeu, il a été placé sur la ligne devant le gardien. “Sur le plan du hockey, je n’ai rien hérité de mon papa, mais il m’a transmis un fighting spirit hors norme. Nous développons tous deux une grande énergie que nous exprimons différemment. Moi, je suis plus timide. Lui, il n’avait peur de rien.”
A 18 ans, le défenseur a ce petit plus au niveau de l’anticipation qui lui offre un temps d’avance sur ses adversaires. “Quand j’étais petit, je venais toujours voir les matches de l’équipe première avec mes potes William (Ghislain) et Antoine (Caytan). Je les observais et m’inspirais de ce que je voyais.”"Y
Ancien gardien de l’équipe nationale et ancien stick d’or, Michel Van Oost a sévi entre les perches au lendemain des Jeux de Montréal 1976. Du haut de ses 100 sélections, il connaît chaque émotion sur un terrain. “Je prends de la distance par rapport aux dangers de ce sport car les risques sont calculés. Je suis surtout fier de voir le plaisir que mon fils prend sur un terrain.”
Ce plaisir trouve son prolongement dans la maison de famille à Lasne. Les récits, anciens ou récents, finissent souvent par sortir durant les réunions ou repas. “Mais, nous avons inscrit nos enfants aux louveteaux et à des stages de VTT, rugby, football ou encore d’escalade”, tempère le keeper.
Dans la chambre du gamin, on retrouve quelques trophées empruntés dans le bureau du papa. “Il m’a piqué des Coupes.” D’ici quelques années, père et fils compareront leurs breloques.
Il a surtout été nourri aux exploits du guerrier. “Je me souviens très bien d’une histoire où il avait pris une balle dans l’arcade sourcière”, confie Max Van Oost en regardant son papa. “Il avait pris son auto pour se rendre à l’hôpital alors qu’il saignait. J’aimais surtout son histoire de Poznan. Lors des championnats d’Europe de 1993, il avait aidé la Belgique à se qualifier pour sa première Coupe du monde en 20 ans après avoir arrêté un stroke face à la Malaisie.”
Derrière la pratique d’un sport exceptionnel, se cache une école de vie où des liens forts se nouent entre les différents acteurs. Max Van Oost s’inscrit dans cette dynamique. “Vous savez”, reprend l’ancien keeper, “trois jours avant le match entre le Watducks et le Racing, trois jeunes du Racing et trois du Wat étaient déguisés pour Halloween sur la Grand-place. Trois jours plus tard, ils se bagarraient sur le terrain pour gagner leur match.” Face à de tels trésors, les kilomètres parcourus entre la maison et les entraînements tantôt du Watducks tantôt de BeGold paraissent bien dérisoires.
Enfin un Van Oost aux JO ?La moisson olympique de Michel Van Oost est maigre car les Belges ne se sont jamais qualifiés durant sa carrière. “Mais, nous aurions pu jouer ceux de Moscou en 1980 si le boycott n’avait pas été prononcé”, se défend-il.
Aujourd’hui, Max Van Oost pourrait gommer cet oubli familial. Il refuse de voir si loin sous peine de froisser le plaisir qu’il prend quotidiennement. “Je me souviens de la qualif à Manchester 2007. J’ai toujours connu l’ambition au niveau des Red Lions. Je vise d’abord de réussir mon Euro en U21 à Valence l’été prochain.”
Avant, il tentera de réussir un beau parcours tant en EHL qu’en championnat. Il sait qu’au bord du terrain, un homme porte un regard bienveillant sur son équipe. “Je siffle à deux reprises quand j’arrive à l’échauffement. Il lève alors son stick pour me dire qu’il m’a entendu. Ensuite, je regarde toute une équipe, pas juste mon fils.”