Hochey: ils et elles vont jouer leur premier championnat d'Europe
Deux femmes, deux hommes. Ces quatre hockeyeurs s'apprêtent à disputer leur premier Euro et constituent l'avenir des Red Lions et Panthers. Découverte.
- Publié le 13-08-2019 à 07h01
- Mis à jour le 13-08-2019 à 16h00
Deux femmes, deux hommes. Ces quatre hockeyeurs s'apprêtent à disputer leur premier Euro et constituent l'avenir des Red Lions et Panthers. Découverte.
Un solide espoir féminin
Ambre Ballenghien vient d’être recrutée par La Gantoise durant l’été. À 18 ans seulement, le public belge a découvert Ambre Ballenghien en Pro League, fin mars dernier. Dès son entrée en matière, la gamine qui a du sang africain dans les veines par sa grand-mère maternelle, congolaise, a impressionné les observateurs. Elle a déjà trouvé le chemin des filets lors de sa deuxième sélection internationale, contre la Chine, et ne cesse de progresser à la pointe de l’attaque belge. Son compteur affiche déjà sept goals chez les Red Panthers, et elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
"Je suis venue au hockey via une amie de ma mère dont les enfants jouaient au hockey", raconte-t-elle. "Ma mère s’est dit : pourquoi ne pas essayer ça pour Ambre, vu qu’elle cherchait un nouveau sport pour moi. Voilà comment j’ai débuté".
Ambre découvre donc le hockey à 7 ans à Uccle Sport. Mais rapidement elle monte dans le haut de la commune. "À 12 ans, je suis allée au Léo afin de jouer en division 1 dans les classes jeunes." Et cet été, elle a été recrutée dans l’ambitieuse équipe de La Gantoise. Une référence qui ne trompe pas !
Ambre connaît déjà bien son profil de joueuse. "Je pense que mes qualités principales sont mes 1 contre 1 offensifs, mon sens du goal, ma technique et ma détermination. Mon principal défaut, c’est d’être trop perfectionniste, je peux m’énerver très fort sur moi-même en ratant juste un shot à l’entraînement ou en match."
Qu’attend-elle de ce championnat d’Europe ? "À titre personnel, je veux vraiment profiter de ma première Coupe d’Europe et m’amuser sur le terrain. Le plus important, c’est vraiment de m’amuser et de jouer mon jeu. Puis jouer à la maison, c’est incroyable, j’en rêve depuis tellement longtemps. Je veux profiter de chaque moment."
Jusqu’où les Panthers peuvent-elles aller, selon elle ? "Jusqu’à remporter le tournoi, bien évidemment. Tout est possible et il faut rêver grand, donc pourquoi pas gagner l’or ? En étant plus réaliste, je dirais qu’atteindre les demi-finales dans un premier temps est un chouette challenge. Une fois que tu es en demie, tout est possible. Il faut croire en ses rêves !"
Une battante pour renforcer la défense
Abigail Raye n’a pas encore un match de Pro League dans les jambes mais possède une certaine expérience avec le Canada.
C’est la surprise de dernière minute des Panthers : Abigail Raye, joueuse du Dragons après avoir défendu les couleurs du Wellington, défendra les couleurs de la Belgique pendant le championnat d’Europe, alors qu’elle n’a disputé aucun match de Pro League, pour lesquels elle n’était pas encore qualifiée. Avec 155 matchs au compteur pour le Canada, elle apportera à l’équipe son expérience et son caractère de battante. Mais laissons-la raconter…
Comment êtes-vous arrivée chez les Panthers ?
"Mon itinéraire pour devenir Panther n’est pas vraiment standard. J’ai joué dans l’équipe du Canada entre 2009 et 2017. Pendant ce temps, je suis arrivée en Belgique pour y jouer en club en 2014. Après deux saisons, j’ai dû me décider entre continuer à jouer pour le Canada, ou continuer à jouer en Belgique. J’ai opté pour la Belgique. Je trouvais que ma carrière internationale devait continuer et j’ai pris contact avec la fédération qui m’a proposé de me lancer dans un processus de naturalisation. À peine deux ans plus tard, avec un peu d’intégration et des cours de néerlandais, j’ai obtenu mon passeport belge et j’ai commencé à m’entraîner avec les Panthers."
Qu’attendez-vous de ce premier championnat d’Europe ?
"C’est mon premier tournoi avec l’équipe, je m’attends donc à apprendre beaucoup de choses ! Je suis très motivée à l’idée de performer avec l’équipe et d’apporter mes qualités de battante pour en faire profiter le groupe. Et puis, jouer à la maison devant notre public, c’est une expérience unique. Je suis très fière de porter le maillot belge devant ma famille et mes amis."
Quels sont vos défauts et qualités sur le terrain ?
"Je suis une battante. Je me bats toujours jusqu’à la dernière balle et j’essaie de tout donner pour l’équipe. Pour le reste, je préfère cacher mes faiblesses aux adversaires !"
Comment évaluez-vous vos trois adversaires ?
"Nous devons respecter tout le monde et nous concentrer sur le match qui vient. Chaque équipe aura des forces et des qualités différentes, mais je suis confiante dans celles de notre équipe pour pouvoir régaler notre public."
À partir de quel résultat serez-vous satisfaite ?
"Nous ne nous focalisons pas sur les résultats mais sur la manière. Donc si la manière et les détails sont satisfaisants, nous serons satisfaites."
La polyvalence incarnée
Nico De Kerpel peut jouer partout... sauf au but !
Son surnom de "couteau suisse" lui va comme un gant. Nico De Kerpel a mis longtemps à faire son trou en équipe nationale, mais sa présence y est perçue aujourd’hui comme une évidence. Pourtant, il n’avait pas été du voyage à Amstelveen en 2017 et il découvrira donc le championnat d’Europe, lui aussi.
"C’est normal d’ailleurs, je n’étais pas assez bon", explique le Lierrois, pur produit de l’Herakles et preuve vivante qu’on peut être un clubman tout en réussissant une carrière internationale.
"Mon grand-père a appris à ma mère à jouer au hockey, à Bruges. Elle était assez douée, elle jouait comme gardienne ou… comme libero chez les jeunes. Elle a rencontré mon père, un joueur moyen, à l’Herakles. Je me suis donc retrouvé tout petit avec un stick en main" rigole-t-il.
"L’Herakles, c’est ma deuxième maison. J’y connais chaque centimètre carré, chaque volontaire et chaque membre du public qui nous encourage à domicile. C’est aussi très chouette de jouer avec tes amis de toujours, qui partagent ta mentalité. Malheureusement, aujourd’hui, les jeunes changent facilement de pays et il faut parfois les remplacer par des joueurs étrangers qui, eux, ne sont pas gratuits."
Et si Bloemendaal venait avec un gros chèque ? "Pas cette année, ce sera une année olympique et c’est difficile de tout cumuler. Mais aujourd’hui, j’hésiterais moins qu’avant. Il y a cinq ans, j’aurais dit non car je n’étais pas à 100 % dans mon sport."
Nico De Kerpel est connu pour sa polyvalence. "Je peux jouer partout, sauf au but. Enfin, en tout cas, on n’a pas encore essayé. J’ai un sleep, qui n’est pas le meilleur mais qui est correct. Et j’ai de la vitesse et de la technique, mais pas plus que les autres. Je dois encore soigner ma première touche de balle quand je joue vers le goal et être plus efficace dans le cercle. Je n’ai encore marqué que trois buts en équipe nationale. Mais je m’y emploie."
L’Anversois est clairement très émoustillé de jouer quasi dans son jardin. "Comme le reste de l’équipe, j’espère que ce sera comme il y a six ans à Boom, que beaucoup de gens viendront voir et qu’il y aura une ambiance de feu. Pour le reste, notre programme est assez simple : il faut arriver en demi-finale puis battre deux anciens champions du monde. La médaille d’or n’est pas une obsession, on essaie juste de développer notre jeu et d’espérer que ce jour-là, l’adversaire ne sera pas plus fort que nous. Car cela peut toujours arriver."
Antoine Kina a fait son trou
Le joueur espère améliorer ses stats avec l’équipe nationale.
Le nom de famille Kina rythme le hockey belge depuis des décennies. Le père, Pascal, est un coach à succès et il a mis au monde un certain nombre de hockeyeurs en herbe.
Antoine est actuellement le plus doué d’entre eux. Celui qui a fait toutes ses classes à La Gantoise mais qui, avec deux séjours au Watducks entre-temps, a été préféré à Augustin Meurmans au moment de la sélection. Il avait déjà été appelé en Coupe du monde à Bhubaneswar, souvenez-vous, au moment de la maladie de John-John Dohmen, et il s’était plus que bien tiré d’affaire.
Le voilà prêt à aborder pour la première fois un championnat d’Europe. Une épreuve à peine moins exigeante que la Coupe du monde…
"J’ai grandi avec mon père, donc tout naturellement j’ai dû commencer à jouer au hockey" , sourit-il. "Et jouer à La Gantoise me plaît, non seulement parce que ce n’est pas loin de chez moi, mais grâce à la qualité des entraînements dispensés par mon père. Donc si demain un club venait avec un gros chèque, je refuserais poliment car je suis très heureux à La Gantoise", sait-il.
Antoine Kina est connu pour être un bon technicien. "Mes qualités sont, selon moi, ma vision et ma technique. Je peux par contre encore améliorer mon tackle défensif. Et jusqu’ici, je n’ai pas beaucoup marqué en équipe nationale. À peine deux goals en matchs amicaux" , précise-t-il.
On sent aussi l’impatience du Gantois à commencer son premier Euro. "Ça va être incroyable de jouer une Coupe d’Europe à la maison avec tous ces supporters." En espérant bien sûr pouvoir leur apporter ce qu’ils veulent : des victoires.
"La pire chose qui pourrait nous arriver ? Ce n’est pas de perdre, mais de perdre avec une mauvaise attitude", résume-t-il. Ou, en d’autres termes, en ayant le regret de ne pas avoir tout donné. Mais cela, on serait bien étonné que cela arrive aux Red Lions.