Greg Uyttenhove, notre arbitre à la Coupe du monde: "Le hockey est peuplé de gens extraordinaires"
Greg Uyttenhove, notre arbitre à la Coupe du monde, se dévoile.
- Publié le 07-12-2018 à 06h29
- Mis à jour le 07-12-2018 à 12h53
Greg Uyttenhove, notre arbitre à la Coupe du monde, se dévoile. Pour la première fois en 20 ans, la Belgique peut s’enorgueillir de compter un arbitre pour nous représenter en Coupe du monde. Lors des éditions précédentes, et notamment en 2014 lorsque la Belgique participait déjà au tournoi, le niveau de notre arbitrage n’avait pas trouvé grâce aux yeux des décideurs de la FIH - ce qui semblait tout de même bizarre aux observateurs réguliers de la compétition belge, qui est tout de même l’une des meilleures du monde et où on ne se plaint pas à tout bout de champ de l’arbitrage (c’est moins clair dans les divisions inférieures !).
Bref, voilà notre chef de file Gregory Uyttenhove, puisque c’est de lui dont il s’agit, à pied d’œuvre à Bhubaneswar, en Inde, où il a déjà sifflé le match Angleterre - Chine sur le terrain et, Angleterre - Australie en tant qu’arbitre vidéo.
La communication des arbitres dans un tournoi FIH est sévèrement réglementée. L’arbitre ne peut communiquer avec le monde extérieur qu’en présence du "Umpire Manager", en l’occurrence le Néerlandais Philip Schellekens. Pour répondre à nos questions, l’avocat gantois a dû traduire notre entretien en anglais pour obtenir le "fiat" de son officiel, qui a heureusement donné son feu vert. Mais des questions comme "Y a-t-il un de vos collègues avec lequel vous vous entendez particulièrement bien ?" (ou mal) resteront sans réponse.
Greg Uyttenhove, jusqu’à quel niveau avez-vous joué au hockey vous-même ?
"J’ai joué à la Gantoise, dont je suis toujours membre, depuis mes 7 ans. J’ai tout le temps joué en seconde équipe, pour terminer, au sommet de ma carrière, en division Mineure 1, dans une équipe où on ne comptait, fort heureusement, pas sur moi pour faire le jeu. J’y avais comme coéquipiers quelques anciennes gloires de la Gantoise (les frères Florin, Renaud Nève, et… un certain Pascal Kina que je ne qualifierais pas ‘d’ancienne’ gloire). À 22 ans, la combinaison entre l’arbitrage en première division et le jeu devenait difficile ; j’ai rangé mon stick."
Comment êtes-vous venu à l’arbitrage ?
"Lorsque j’avais environ 13 ans, je suis devenu entraîneur des jeunes. À la fin de chaque entraînement, on organise un petit match pour que les jeunes puissent se défouler et, en tant qu’entraîneur, on les siffle. Avec un ami, on s’est pris au jeu et de fil en aiguille, on a commencé à siffler les matchs d’équipes jeunes dans le club ou à l’école, en découpant nos propres cartes vertes, jaune et rouge dans du papier couleur. Finalement, le club, trop heureux d’avoir des candidats arbitres, nous a inscrits dès qu’il le pouvait comme arbitres nationaux."
Quelles grandes compétitions avez-vous déjà sifflées ?
"J’ai eu la chance d’arbitrer tant le hockey en salle que sur gazon, ce qui m’a fait beaucoup voyager. J’ai ainsi participé à quasi toutes les grandes compétitions internationales, à l’exception toutefois des Jeux olympiques. J’ai arbitré plusieurs Coupes d’Europe des Nations, l’EHL, la World League où j’ai pu faire le tournoi final, des Coupes d’Europe des Clubs, la Coupe africaine des Nations, la Coupe panaméricaine des nations, quatre Champions Challenge, deux Coupes du monde en salle et j’en oublie certainement. J’ai voyagé dans tous les continents grâce au hockey et, par-dessus tout, j’y ai découvert des gens réellement fantastiques. Car au-delà de la compétition et des voyages, c’est surtout les rencontres qui me restent en mémoire. C’est fou comme le hockey est peuplé de gens extraordinaires et passionnants."
Cela fait votre 19e ou 20e saison en Belgique ?
"J’ai commencé l’arbitrage national à ma sortie de rhéto, en 1996. Cela fait donc 22 ans que j’arbitre, dont 19 en première division messieurs. Je commence tout doucement à faire partie des meubles."
Vous vous souvenez de votre premier match ?
"Non, mais je me souviens de mon deuxième match comme arbitre national, en division 3. Je suis vraiment passé à travers et je me demandais franchement ce que je faisais sur un terrain. Pas sûr que les joueurs de cette rencontre auraient parié un kopek que j’arbitrerais un jour en Coupe du monde. Franchement, je n’aurais pas parié non plus…"
Combien de fois avez-vous été élu meilleur arbitre belge ?
"J’ai été élu trois fois sifflet d’or depuis que cela existe, en 2009. Et récemment, j’ai eu le premier Umpire of the year award. Si mon compte est bon, cela fait donc quatre."
Pourquoi n’avez-vous pas été sélectionné en 2014 ?
"En 2014, je n’avais pas encore les capacités pour arbitrer à ce niveau. Il faut un savant équilibre entre la technique d’arbitrage, d’une part, et la personnalité de l’arbitre, d’autre part, pour atteindre le top mondial. Trouver cet équilibre est réellement difficile et demande beaucoup de remise en question. En 2016, j’ai préparé mon mariage que j’ai fêté à la rentrée. Combiner cela avec les JO exigeait trop de temps."
Combien de temps comptez-vous encore siffler ?
"Je l’ignore. Au niveau international, à l’instar des équipes, on fait le point après chaque cycle (Coupe du monde ou Jeux olympiques). C’est le moment de comparer les sacrifices personnels, mais aussi familiaux et professionnels consentis pour assister au rendez-vous, à ce que l’on y a vécu. On fait le point par rapport à soi-même, mais aussi par rapport à ses proches, qui vivent (et subissent même) directement votre passion, ainsi qu’à votre entourage professionnel. J’entends bien entendu faire le point après cette Coupe du monde, même si j’ai déjà d’autres échéances qui m’attendent (Pro League et Coupe d’Europe des Nations). Au niveau belge, j’ai pour l’instant trop de plaisir à siffler avec la jeune génération d’arbitres, qui est hyper talentueuse, pour penser à arrêter."