Thomas Pieters, joueur et organisateur du Belgian Knockout : "Le golf n’a jamais été aussi populaire dans notre pays"
À Rinkven, le champion anversois cumulera les deux fonctions.
- Publié le 30-05-2019 à 08h42
- Mis à jour le 30-05-2019 à 09h50
À Rinkven, le champion anversois cumulera les deux fonctions. Lors de ce Belgian Knockout, qui commence ce jeudi au golf de Rinkven, il sera au four et au moulin et cumulera les fonctions et de joueur et d’organisateur. Créateur du tournoi, Thomas Pieters s’efforcera, bien sûr, de se concentrer sur son jeu. Mais, en maître de cérémonie, il aura l’œil, aussi, sur les coulisses. "Il n’est pas simple de mettre sur pied un événement de ce genre. Mais je crois qu’il est important pour la Belgique d’être l’hôte d’une manche de l’European Tour. Nous avons la chance d’avoir, toute l’année, trois représentants sur ce circuit. Le golf n’a jamais été aussi populaire dans notre pays. C’était le moment de bouger et de susciter des vocations, notamment auprès des jeunes."
Avec toute sa famille (sa sœur Liselotte, son beau-frère Jérémy Anciaux, son frère Pieter-Jan et sa belle-sœur Céline), Thomas a donc relevé le défi. "L’an passé, pour la pendaison de crémaillère, j’étais un peu nerveux. On partait dans l’inconnu. On se posait plein de questions à tous les niveaux. Mais tout s’est plutôt bien passé avec, en toile de fond, une belle réussite sportive et un public qui a répondu présent. On espère faire encore mieux cette fois…"
Le budget global d’organisation (environ 3 millions d’euros) est lourd à supporter. Malgré le soutien de fidèles sponsors (Rolex, Delen Private Bank, le Port d’Anvers…), des Fédérations et de l’European Tour, la rentabilité financière ne sera probablement pas encore au rendez-vous cette année. Mais la Belgique a retrouvé sa place sur la carte du golf européen. Ce n’est pas rien ! Et l’idée est d’installer l’épreuve dans la durée et de la faire grandir au fil des éditions.
Dans ce contexte, l’affiche du cru 2019 a bien belle allure. Les trois Mousquetaires belges (Pieters, Detry, Colsaerts) sont, bien sûr, au rendez-vous. Plusieurs grands noms du swing européen sont également de la fête. On pense aux Français Alexander Levy et Romain Langasque, aux Espagnols Pablo Larrazabal et Adrian Otaegui (tenant du titre), à l’Autrichien Bernd Wiesberger (vainqueur dimanche au Danemark), au Suédois Marcus Kinhult, aux Anglais Tom Lewis, Chris Paisley et Lee Slattery. Bref, le spectacle devrait être au rendez-vous durant quatre jours.
Et on peut faire confiance au joueur-organisateur pour se mêler à la lutte pour la victoire. Après un début de saison mi-figue mi-raisin, Thomas Pieters a en effet retrouvé un très bon niveau de jeu. "Lors du récent USPGA au Bethpage, il a, en prime, fait preuve d’une très bonne attitude. Il était +6 après 3 trous mais il est resté très positif et calme. C’est très encourageant pour la suite", résume, optimiste, son coach Jérôme Theunis.
Thomas Detry attend son heure
Le Bruxellois espère remporter cette année son premier titre sur l’European Tour. Et s’il soulevait son premier trophée sur l’European Tour à l’occasion de ce B elgian Knockout ? Thomas Detry n’ose pas trop y penser. “Mais ce serait évidemment génial”, sourit-il, sans écarter l’idée d’un revers de main ! Le jeune champion bruxellois de 26 ans n’en fait pas mystère. Il espère bel et bien remporter un titre cette année. “Je suis souvent passé tout près. Mais je n’ai pas encore réussi à aller jusqu’au bout. Le niveau général est très élevé. Je ne suis donc pas inquiet. Mon tour viendra. Je sens que c’est juste une question de patience.”Enfant de la balle, Thomas Detry a signé un début de carrière supersonique. Passé pro en juin 2016 après quatre années d’Université aux États-Unis, il est passé en coup de vent sur le Challenge Tour avant de s’installer, sans trembler, sur le premier circuit européen. Champion du monde par équipe avec sopote Thomas Pieters en novembre dernier à Melbourne, il aimerait poursuivre sur cette folle lancée en étoffant son palmarès sur le plan individuel. “Mais il m’a jusqu’ici manqué un petit quelque chose. Ceci dit, je ne me mets aucune pression à l’égard de cette première victoire. Depuis le début de la saison, mes résul t ats et mon ni veau de jeu sont bons. Je sais que le travail finit par porter ses fruits. Je dois juste attendre le momentum…”
À Rinkven, il remettra sur le métier son ouvrage. “C’est un parcours à l’ancienne, pas très long, plutôt technique. Il est étroit et balisé par les arbres. Et les greens sont assez petits. Bref, il faudra jouer juste et faire preuve de sagesse et de précision. Sur le papier, cela me convient plutôt bien…”
Le format du tournoi est inhabituel. Après deux tours en stroke play, les 64 joueurs qualifié s se retrouveront dans un tableau à élimination directe (avec des matchs sur 9 trous en match-play), comme à Roland-Garros !
“L’an passé, j’avais très bien joué les deux premiers tours mais j’avais ensuite été éliminé dès le premier match-play. C’était un peu frustrant mais c’est la règle dans cette formule ludique et spectaculaire”, sourit-il.
Nicolas Colsaerts, le philosophe !
À 36 ans, le champion belge aborde la vie différemment. On l’a rarement vu aussi bien dans sa peau. Tranquille, souriant, détendu. À 36 ans, Nicolas Colsaerts savoure la vie à pleines dents. D’un côté, le golf, sa passion. De l’autre, la famille. Jeune marié et papa d’un petit Jackson (qui a soufflé en février sa première bougie), Nico a pris du recul et distingue désormais l’essentiel de l’accessoire. “Ma passion pour le golf est toujours intacte. Je sais que je mourrai avec un club dans la main. Mais il est évident que des choses ont changé. Durant des années, je parcourais le monde avec mon sac en bandoulière, en parfait solitaire. J’avais une vie de nomade et j’aimais ça. Là, après deux semaines sur le circuit, je n’ai qu’une envie : revenir à la maison et retrouver les miens.”
Cela n’a pas éteint son ambition sur les greens. “Quand je dépose ma balle sur le tee n° 1 d’un tournoi, l’envie de gagner est la même qu’à mes débuts. Et je sais que, malgré mon âge grandissant, j’ai encore le niveau pour y arriver ! Mais il est clair que la pression n’est plus la même. J’ai plus de 400 tournois au compteur. Dans ma tête, j’ai passé un cap, je réagis différemment, je prends davantage de recul. Et, surtout, je sais où je vais !”
Toujours aussi généreux et tourné vers les autres, il est heureux de participer à l’essor du golf belge. Quelque part, Thomas Pieters et Thomas Detry, ce sont un peu ses petits frères. Il les a conseillés, guidés, encouragés, sans jamais les considérer comme de potentiels rivaux. Il est le premier, d’ailleurs, à se féliciter de leur réussite. Mais aussi à les critiquer dans un esprit positif. “Quand Pieters jette son club après un mauvais coup, je n’ai pas peur de lui dire que ce n’est pas bien. C’est aussi mon rôle…”
Désormais résident monégasque, Nicolas est évidemment resté très attaché à sa Belgique. Et il sera, comme de coutume, l’une des grandes attractions de ce Belgian Knockout. L’an passé, il avait été le meilleur joueur belge du tournoi et avait largement participé au succès populaire de l’événement. Le Belgian Bomber a plus que jamais le sens du spectacle. C’est dans sa nature. “Je ne me fixe plus vraiment d’objectif précis. J’essaie de bien m’entraîner et de bien jouer. Après, c’est le golf qui décide…”, confie-t-il, un zeste de philosophie dans la voix !
“Après deux tournois, j’ai désormais besoin de retrouver la famille.”