Thomas Pieters attend le grand déclic: "Augusta est un lieu magique"
Quatrième l’an passé, l’Anversois traverse une période difficile et espère rebondir.
- Publié le 04-04-2018 à 19h10
- Mis à jour le 06-09-2018 à 19h37
Quatrième l’an passé, l’Anversois traverse une période difficile et espère rebondir.
L’an passé, pour son baptême du feu au Masters, Thomas Pieters avait terminé à la quatrième place. Pour un rookie , il s’agissait d’une performance réellement exceptionnelle. Le joueur anversois ne masquait pourtant pas sa déception. "Je n’étais pas loin de la victoire. Mais j’ai commis une erreur sur le trou n°16 en attaquant exagérément le drapeau. Je n’en ai pas dormi dans l’avion du retour", confiait-il.
D’autres auraient été heureux et fiers de signer pareil résultat lors d’une pendaison de crémaillère sur le diabolique parcours de l’Augusta National. Pas Pieters. Formaté exclusivement pour la gagne, le n°1 belge n’a cure des places d’honneur. Dans l’absolu, c’est un atout. Mais cela peut aussi se retourner contre lui. À force de hisser la barre très haut, il se met forcément de la pression dans son swing et dans sa tête. Voilà d’ailleurs un an que le TP belge collectionne les résultats mitigés. Pointé à la 23e place du ranking mondial (le meilleur classement de l’histoire pour un joueur belge) l’été dernier, il est retombé en 46e position et pourrait glisser en-dehors du fameux Top 50.
Ce Masters, premier Major de l’année, tombe donc à point nommé pour relancer la machine. "Ce tournoi m’a toujours fasciné. Gamin, je le regardais à la télévision jusqu’aux petites heures. Augusta, c’est un lieu magique. Tout y est différent : l’atmosphère, le public, les traditions…"
Dessiné au début des années 30 à l’initiative de Bobby Jones, l’Augusta National est un parcours qui défie la raison. D’une beauté sans égal, véritable jardin botanique, il a d’apparence des allures de carte postale. Chaque trou porte d’ailleurs le nom d’une fleur. Mais derrière cette fascinante beauté se cache un terrible défi golfique avec des fairways en pente, de petits ruisseaux cachés, des bunkers couleur linceul et des greens rapides comme les circuits Indy. Bobby Jones voulait que le joueur soit obligé de réussir, chaque fois, le coup parfait sous peine de colorier sa carte de bogeys. Mission accomplie. "C’est un parcours qui ne pardonne rien. La pression est permanente. Il faut l’avoir à la fois dans les doigts et dans l’œil. Et il faut toujours jouer juste…" Une statistique vaut mieux que tous les discours. Depuis la première édition en 1934, aucun joueur n’a réussi à rendre quatre cartes consécutives en-dessous des 70 sur ce par 72 !
Arrivé lundi à Augusta, Thomas Pieters a eu l’occasion de partager une partie d’entraînement avec Tiger Woods et Phil Mickelson. De quoi se motiver ! Même s’il n’affiche pas une grande confiance depuis le début de l’année (sa 5e place à Abu Dhabi est son meilleur résultat), il est parfaitement capable de signer un exploit. "C’est pour disputer ce genre de tournoi que je fais ce métier. Et ce parcours convient parfaitement à mon jeu…"
Ce jeudi, il partagera son flight avec les Américains Kevin Kisner et Xavier Schauffele (départ à 19h05 en Belgique). Un bon échauffement !
Vieux renards et jeunes loups
La nouvelle génération frappe fort mais les anciens ont toujours leur mot à dire.
Emmenée par Jordan Spieth, Justin Thomas et Jon Rahm, la nouvelle génération de champions n’a jamais semblé aussi forte. Puissants, athlétiques et précis à la fois, ces frappeurs du XXIe siècle ont donné le tournis aux statistiques. Aujourd’hui, les drives de ces nouvelles stars dépassent régulièrement les 300 mètres et, sur les par 5, les putts pour l’eagle sont devenus monnaie courante. C’est à se demander s’il ne faudra pas modifier un jour le poids des balles pour freiner la course à l’armement !
Cette évolution n’empêche heureusement pas les vieux renards de défier les jeunes loups et de rester compétitifs. Car, en golf, il ne suffit pas d’être long pour s’imposer. L’expérience, la stratégie, la sagesse sont des atouts essentiels. Surtout sur des parcours comme celui d’Augusta, balisé par les pièges et avec une prise de risques mesurée au centimètre près.
Voilà pourquoi ce Masters 2018 est si ouvert et intéressant. Voilà aussi pourquoi les anciens peuvent parfaitement prétendre à la victoire. On pense à Tiger Woods (42 ans), bien sûr. Mais aussi à Phil Mickelson qui, à 47 ans, pourrait bien devenir le vainqueur le plus âgé de l’histoire. Pour l’heure, le record appartient toujours à Jack Nicklaus, lauréat de l’épreuve à 46 ans en 1976. Lefty a déjà trois green jackets dans sa garde-robe. Dans sa forme actuelle, il se verrait bien en ajouter une autre !
Et puis, il faudra aussi compter sur le come-back d’un autre gaucher, Bubba Watson. Victime d’un mystérieux virus en 2017, l’Américain de 39 ans a retrouvé tout son génie. Il vient même de remporter le WGC Match Play à Austin. Vainqueur en 2012 et 2014, Bubba a toujours été inspiré par les doglegs d’Augusta. Il sera à surveiller comme le lait sur le feu.
Commentaire: un Masters grand cru!
Un commentaire de Miguel Tasso.
C’est un Masters cinq étoiles grand luxe qui s’annonce. Il ne manque rien. Bien sûr, tous les regards seront tournés vers Tiger Woods dont le retour au sommet alimente les conversations dans les coulisses de l’Augusta National. Toute l’Amérique rêve de voir l’ancien n°1 mondial remporter sa cinquième veste verte. Il s’agirait de l’un des plus grands exploits de l’histoire du golf. Mais d’autres questions brûlent les lèvres des passionnés. Rory McIlroy vaincra-t-il enfin le signe indien dans ce seul tournoi du Grand Chelem qu’il n’a jamais remporté ? Justin Thomas volera-t-il la place de number one à Dustin Johnson ? Les joueurs européens remporteront-ils un troisième titre consécutif après les succès de Willett et Garcia ? Phil Mickelson et Bubba Watson renverront-ils à leurs études les jeunes qui montent ? Et Thomas Pieters rappellera-t-il aux Américains que le parcours d’Augusta fut construit, jadis, sur des terres appartenant à un horticulteur gantois ? Oui, décidément, on va se régaler durant quatre jours dans les jardins fleuris de Bobby Jones !