La Ryder Cup en dix grands moments
Le mythique tournoi de golf, qui oppose les meilleurs joueurs européens et américains, se dispute près de Paris du 28 au 30 septembre. Evocation des moments forts de cette épreuve pas comme les autres.
- Publié le 23-09-2018 à 16h00
- Mis à jour le 23-09-2018 à 19h13
Comme tous les deux ans, la Ryder Cup frappe à la porte de tous les passionnés de golf. La 42ème édition se disputera du 28 au 30 septembre sur le parcours parisien du Golf National. Retour sur 10 grands moments de cette compétition si particulière.
1927 : un trophée 14 carats
La Ryder Cup a officiellement vu le jour en 1927, un peu par hasard. A l'époque, les meilleurs joueurs anglais et américains s'affrontaient occasionnellement. Mais les rencontres manquaient de vraies structures. Grainetier fortuné de Londres et passionné de golf, Samuel Ryder va permettre au duel de sortir de l'ombre. Sur les conseils de son « pro » Abe Mitchell, il accepte de jouer les mécènes et de parrainer l'épreuve. Mieux: il commande un trophée en or 14 carats à la prestigieuse compagnie Mappy & Webb. Ainsi naît la Ryder Cup. La première édition se déroule, les 3 et 4 juin 1927, sur le parcours du Worcester Country Club, dans le Massachussets. Les Américains dominent nettement cette pendaison de crémaillère.
1957 : domination américaine
Lors des premières éditions, l’équipe américaine dicte sa loi sans partage. On ne recense ainsi que deux succès britanniques : en 1929, à Moortown, et en 1933, à Southport. Il faut ensuite attendre l’édition de 1957, jouée au Lindrick GC, pour que la Ryder Cup file à nouveau sur le Vieux-Continent. Largement menés après les doubles, les Britanniques du capitaine Dai Rees signent une improbable remontée lors des simples pour s’adjuger le trophée. Cette défaite fut mal digérée par les Américains qui, ensuite, ne seront plus battus jusqu’en 1985 et profiteront pleinement d’une génération dorée emmenée par Palmer, Casper, Trevino, Snead, Nicklaus, Floyd, Watson, Kite ou Nelson.
1969 : le geste de Nicklaus
En 1969, la Ryder Cup se dispute sur le parcours anglais du Royal Birkdale. La tension est palpable. Le capitaine britannique Tony Brown demande même à ses joueurs de ne pas chercher les balles de l'adversaire dans le rough! Les deux équipes se retrouvent à égalité parfaite (15 ½ - 15 1/2) lorsque l'Américain Jack Nicklaus et le Britannique Tony Jacklin sont sur le green du "finishing hole". Jacklin est le premier à putter et laisse sa balle à 60 centimètres du drapeau. Maître de ses nerfs, Nicklaus assure son par. Il pourrait laisser son adversaire putter, sous pression, pour éventuellement remporter la partie. Mais, dans un geste seigneurial, il relève la balle et concède le partage. Les deux équipes terminent donc, pour la première fois de l'histoire de la compétition, à égalité parfaite (16-16)!
1979 : bienvenue à l’Europe
La domination américaine commence tout doucement à lasser, y compris aux Etats-Unis. Les duels sont trop disproportionnés pour rester crédibles. L’avenir de la Ryder Cup est en danger. Conscient du problème, le grand Jack Nicklaus suggère, en personne, d’autoriser les meilleurs joueurs européens à renforcer l’équipe britannique. La PGA, en accord avec les descendants de Samuel Ryder Cup, marque son accord pour cette (r)évolution. En 1979, sur le parcours « The Greenbrier », en Virginie, c’est donc une véritable équipe européenne, avec les Espagnols Severiano Ballesteros et Antonio Garrido, qui défie les Etats-Unis. Sur ses terres, l’Amérique reste la plus forte (17-11) mais, dans l’esprit de tous les observateurs, la Ryder Cup est entrée dans une nouvelle ère.
1985 : signé Ballesteros
C’est en 1985, sur le parcours anglais du Belfry, que la poudre magique européenne donne tout son effet. Le capitaine Tony Jacklin, fin psychologue, a formé une équipe très homogène. Menés après les « foursomes », les Européens renversent complètement la situation pour s’imposer 15-10 grâce, notamment, à un phénoménal Ballesteros.
Deux ans plus tard, à Muirfield Village (Ohio), l’Europe confirme sa prise de pouvoir et signe un improbable doublé en s’imposant sur les terres ennemies. C’est la première victoire européenne aux Etats-Unis ! Même Jack Nicklaus, promu au rang de capitaine US, n’en revient pas…
La nouvelle génération du Vieux-Continent (Ballesteros, bien sûr, mais aussi Faldo, Woosnam, Olazabal, Langer) est sur son petit nuage !
1999 : haute tension à Brookline
Tout auréolés de leur succès de 1997 à Valderrama (première Ryder Cup ne se jouant ni sur le sol américain, ni sur le sol britannique), les Européens se déplacent à Brookline (Massachussets) avec de l’ambition plein le swing. L’affrontement est épique. Les Européens mènent 10-6 après les simples. Mais les Américains sont décidés à relever le défi. Le capitaine Ben Crenshaw demande même au gouverneur du Texas – un certain George Bush – de motiver ses troupes avant la bataille dominicale ! Survoltés, les joueurs US remportent les six premiers singles (grâce à Lehmann, Sutton, Mickelson, Love, Woods et Duval). La tension est à son apogée. Lorsque Justin Leonard rentre un improbable putt de 12 mètres, les joueurs américains envahissent le green et marchent sur la ligne d’un Jose-Maria Olazabal décomposé!
2004 : la déroute américaine
Comme à Muirfield Village en 1987 et à Oak Hill 1995, l'équipe européenne s’impose en terre américaine lors de l'édition 2004 disputée sur le parcours de Oakland Hills. Au résultat, elle ajoute la manière, dictant sa loi de façon implacable lors des doubles et parachevant son oeuvre lors des simples. A l’arrivée, le résultat est dévastateur : 9 ½- 18 ½ ! C’est la plus lourde défaite américaine de l’histoire.
2010 : la gratte de Mahan
Quel suspense ! Il faut attendre le 17ème trou du dernier simple pour que l’Europe puisse, enfin, sabrer le champagne de la victoire sur le parcours “Twenty Ten” du Celtic Manor, au Pays de Galles. À l’arrivée, la formation de Colin Montgomerie s’ impose (14 ½- 13 ½) au terme d’un duel homérique marqué par de terribles conditions météorologiques qui ont obligé la compétition à se terminer le lundi! C’est l’Irlandais Graeme McDowell qui donne le point du triomphe aux couleurs européennes. Sous pression, son adversaire américain Hunter Mahan craque sur le trou n°17, signant une gratte lors d’une petite approche de débutant.
2012 : le miracle de Medinah
Sur le parcours du Medinah CC, les Européens sont largement menés au score à l’aube de la dernière journée : 10-6. La mission semble impossible. Et pourtant, au terme d’un véritable thriller, ils arrachent une victoire historique (14 ½ - 13 ½). C’est le plus incroyable come-back d’une compétition âgée de 85 ans! Le capitaine Olazabal dédie le titre à son ami, le grand Severiano Ballesteros, décédé un an et demi plus tôt. «Il nous a inspirés. Son âme nous a indiqué le chemin à suivre… » Nicolas Colsaerts est devenu, à Medinah, le premier joueur belge à participer à la compétition. En état de grâce (8 birdies et un eagle) lors de son premier match de double, il s’est offert, avec Lee Westwood, le scalp de Tiger Woods en personne. « Jamais je n’oublierai ce moment. C’était magique » confia le Belgian Bomber, soudain propulsé sur le devant de la scène.
2016 : Thomas Pieters frappe fort
Après huit longues années de frustrations, les Etats-Unis renouent avec la victoire sur le parcours d’Hazeltine (Minnestota). Dans une ambiance de folie, ils s’imposent (11-7) grâce notamment à leur domination dans les simples. Dans le match phare, Patrick Reed – en transe - prend le meilleur sur Rory McIlroy. Pour sa pendaison de crémaillère dans la compétition, Thomas Pieters est la révélation de l’épreuve. Titularisé par Darren Clarke dans cinq matches (4 doubles et un simple), il rapporte quatre points à l’équipe européenne. Aucun autre joueur de cette Ryder Cup n’a fait mieux et jamais un rookie européen n’avait été aussi prolifique dans l’histoire de la compétition.