Golf : la galère des deuxièmes couteaux
Si les meilleurs golfeurs du monde gagnent des fortunes, c’est la souvent la galère sur les circuits professionnels satellites.
- Publié le 01-06-2019 à 10h43
- Mis à jour le 02-06-2019 à 15h35
Si les meilleurs golfeurs du monde gagnent des fortunes, c’est la souvent la galère sur les circuits professionnels satellites.
Le grand public imagine volontiers que le golf est un sport qui distribue les millions à la pelle. La réalité est très différente. Certes, les meilleurs joueurs du monde gagnent des fortunes, notamment sur le PGA Tour américain. Parfois plus de 20 millions de dollars par an pour Brooks Koekpa, Dustin Johnson ou Tiger Woods. Mais de nombreux professionnels du swing tirent, parallèlement, le diable par la queue. En réalité, un peu comme en tennis, le Top 100 mondial roule sur l’or mais, derrière, c’est souvent la galère !
Plusieurs joueurs belges peuvent en témoigner. Professionnel depuis 2010, le Nivellois Hugues Joannes s’est fixé pour objectif d’accéder à l’European Tour (la D1 du golf européen). Mais, jusqu’ici, il n’a pas réussi à relever le défi et évolue toujours sur le Challenge Tour (équivalent de la D2). Il a souvent frôlé la promotion mais il n’a jamais franchi le cap tant attendu. Agé de 30 ans, il commence à se poser des questions. « Une saison complète me coûte environ 50.000 euros en frais de voyages, d’hôtels et de repas. Malgré l’aide de quelques fidèles sponsors et le soutien de la Fédération, ce n’est pas facile à compenser… »
Sur le Challenge Tour, les prize moneys sont, il est vrai, fort modestes. L’an passé, Joannes n’a ainsi empoché que 8000 euros sur le Tour. Et il y a, en prime, beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Pour réaliser quelques économies, la plupart des joueurs de ce circuit usent, dès lors, du système-D : co-voiturage pour se déplacer, chambres communes pour se loger, repas sur le pouce. Et ils se privent même souvent de caddies pour encore diminuer les dépenses. Dur, dur. Mais pour les apprentis-champions, cette période de galère est un investissement pour l’avenir. Un passage obligé.
Certains anticipent d’ailleurs un éventuel revers sur les greens. Ses Humanités terminées, Hugues Joannes est ainsi parti à Lamar, au Texas, pour combiner, grâce à une bourse, études universitaires et golf de haut niveau. « J’ai obtenu un diplôme en Finances et Economie et j’ai enchaîné par un Master en Business. Mais, in fine, je n’ai pas résisté à la tentation d’une carrière sur les greens… »
S’il ne parvient pas à faire son trou dans le golf professionnel de haut niveau, il pourra donc revoir, le moment venu, sa copie et rebondir dans le monde des affaires Mais, pour l’heure, il y croit toujours. Bénéficiaire d’un wild card pour le Belgian Knockout de Rinkven cette semaine, il aurait aimé passé le cut mais il a échoué de peu. Toujours cette petite marche à gravir. Le golf est un sport de patience…
D’autres pros belges ont, en revanche, préféré jeter l’éponge. Issu d’une famille modeste de Nalines, près de Charleroi, Guillaume Watremez rêvait aussi de faire carrière au plus haut niveau du golf européen. Durant plusieurs saisons, il a usé ses spikes sur le Challenge Tour et l’Alps Tour, un autre circuit satellite. Mais les résultats n’ont pas été à la hauteur des espérances. Plutôt que s’accrocher inutilement, le joueur carolo a don, de guerre lasse, préféré stopper les frais et s’est, tout naturellement, converti dans l’enseignement du golf – à Boitsfort - où il met son expertise au service des débutants et, notamment, des jeunes.
On le constate. Derrière les fastes des grands tournois, parés d’or et d’argent, se cache un tout autre univers. Plus terre à terre. Et bien plus laborieux.
Légende : Hugues Joannes (crédit Frédéric Blaise)