Victorieux du Masters à 43 ans, Tiger Woods a signé l’un des exploits du siècle. L’histoire du sport se chargera de situer, à sa juste place, la victoire de Tiger Woods lors de ce Masters 2019. Certains parlent déjà du plus exceptionnel come-back de tous les temps. On n’en est pas loin, c’est une évidence.
Le sacre du Tigre a, en tout cas, défrayé toutes les chroniques aux quatre coins du monde. Pour une fois réunis, Barack Obama et Donald Trump ont félicité, dans un même élan, l’éternel dieu des greens, de retour au sommet à 43 ans. Et malgré l’horaire chamboulé de la dernière journée, toute l’Amérique était collée devant le petit écran pour suivre l’épilogue du tournoi géorgien.
Woods ne laisse , il est vrai, personne indifférent. C’est un champion magnétique, un peu à l’image de Mohammed Ali. Héros black des greens, il a révolutionné un sport qui, aux States, était traditionnellement réservé aux blancs. Et, en prime, sa vie est un roman. Programmé pour devenir champion dès sa naissance, il a connu une existence improbable : une enfance volée et placée sous la dictature du golf-roi, une réussite immédiate comme professionnel, un statut d’icône mondiale surmédiatisée, une tragique descente aux enfers lors des révélations de ses adultères, de nombreuses blessures préludes à une fin de carrière annoncée. Et puis, enfin, cette renaissance fulgurante à 43 ans. Oui, cet homme est un héros de légende, au propre comme au figuré.
Voici deux ans, au fond du trou, usé par un mal de dos récurrent, il aurait pu, de guerre lasse, jeter l’éponge. Premier milliardaire en dollars de l’histoire du sport, il pouvait parfaitement toucher les dividendes de sa notoriété dans sa villa pharaonique de Floride jusqu’à la fin de ses jours. Mais il a préféré tenter l’ultime défi : revenir au sommet, en repartant de zéro.
Lorsqu’il reprit du service, avec un swing mal huilé et un dos en compote, nul n’aurait misé un cent sur ses chances de le voir se hisser à nouveau en haut de l’affiche.
"Même moi, j’ai douté. Il y a deux ans, c’est à peine si je pouvais marcher. Mais la dernière intervention chirurgicale au dos m’a redonné confiance. Et j’ai commencé à travailler dur, très dur. Ce n’était pas évident. Mon corps n’était plus ce qu’il était. Mais j’avais encore de bonnes mains…"
Et le miracle s’est produit. Pas à pas, le Tigre a retrouvé un bon niveau. Guidé par une force mentale défiant la raison. L’an passé, déjà, il luttait avec les meilleurs. Il frôla la victoire lors du British Open et de l’USPGA. Son titre au Tour Championship d’Atlanta, remporté en septembre, l’a définitivement remis sur le marché, faisant taire les dernières mauvaises langues.
En s’adjugeant dimanche le Masters, après un fabuleux combat face à l’élite mondiale, il a parachevé son œuvre, laissant la planète golf béate d’admiration. Et, soudain, son bonheur sur le green du 18 a fait chavirer tous les cœurs. De coutume si introverti, il s’est lâché. Un peu, beaucoup, à la folie.
"J’étais heureux que mes enfants aient pu voir leur vieux père gagner un Grand Chelem", ironisera-t-il.