Francesco Patera, champion d’Europe des poids légers, baisse la garde: "Gagner en Italie aurait beaucoup de saveur..."

Le Limbourgeois, qui compte 21 victoires pour 3 défaites, a remporté trois championnats d’Europe ! En 2017, il avait créé la surprise en Finlande, face à Edis Tatli, avant de perdre son titre lors de la revanche. Puis c’est en Angleterre, fin 2018, qu’il a récupéré la ceinture EBU au détriment de Lewis Ritson, un bien défendu avec succès contre Marvin Petit en février dernier.

"C’est vrai que je présente un beau palmarès" , sourit Francesco Patera, qui partage son emploi du temps et ses entraînements entre Genk, pour la partie physique, et Cheratte, pour le sparring. "Mon meilleur combat, c’était à Newcastle contre Ritson, une prestation qui m’a d’ailleurs valu la distinction de Combat de l’année de la part de la fédération européenne. Ce soir-là, j’étais de loin l’underdog, devant plus de 9 000 spectateurs, et c’était d’autant plus beau de m’imposer."

Cette dynamique positive, Francesco Patera compte bien la prolonger ce 28 juin à l’occasion de son cinquième championnat d’Europe. Un combat qui se déroulera à l’Allianz Cloud de Milan face à l’Irlandais Paul Hyland Jr (20-1).

"C’est la première fois que je vais boxer en Italie, ce qui rend les choses assez spéciales pour moi", explique le tenant du titre EBU né de parents italiens. "En tant que Belgo-Italien, je me sentirai comme chez moi là-bas, à Milan, à la différence de mon adversaire. Mes parents seront là et je compte sur le soutien des supporters italiens présents sur place. Une victoire en Italie aurait beaucoup de saveur pour moi."

Son adversaire n’est pas un très grand nom de la catégorie mais son palmarès (20-1-0) force le respect. "J’ai regardé quelques vidéos de lui sur YouTube. Je pense que c’est un boxeur plutôt technique, qui bouge beaucoup. On verra une fois sur le ring mais je ne pense pas qu’il avancera vers moi, il cherchera plutôt à tourner. Pour le reste, il a connu sa seule défaite contre Ritson, ce qui parle plutôt en ma faveur" , relève Francesco.

Lequel est clairement favori de ce duel, un statut qui ne le dérange pas du tout. "Cela ne change rien pour moi d’être dans cette position : je m’entraîne toujours aussi dur pour chacun de mes combats" , affirme-t-il. "Je ne sous-estime pas Hyland et je ne m’attends pas non plus à un combat facile. Au niveau européen, quand on boxe pour le titre, tous les duels sont difficiles. À l’entraînement, je travaille sur des enchaînements susceptibles d’exposer ses faiblesses. Je serai à 100 % !"

Comme il en l’habitude, Francesco Patera s’est préparé principalement à Liège. "J’ai toujours travaillé comme ça dans ma carrière. Même si ce n’est pas exclu, je ne ressens pas le besoin de changer ou d’aller à l’étranger. J’ai de bons sparrings ici."

Classé 10e mondial à la WBC, Francesco Patera peut envisager dès maintenant un combat d’envergure mondiale. "C’est bien sûr mon ambition mais je ne vais rien précipiter" , assure le boxeur limbourgeois. "On verra comment les choses vont évoluer, quelle sont les propositions qui vont se présenter. J’ai refusé un titre IBO pour défendre ma ceinture EBU, qui, à mes yeux, a plus de valeur. Si c’est pour un titre mondial, autant que ce soit pour un grand titre. Mais il est impossible de dire quand ce sera. Le prochain combat ? Celui d’après ? On verra bien. Je me concentre d’abord sur ma défense de titre..."

"Être volé, on sait que ça arrive"

Le champion d’Europe compatit avec Delfine Persoon mais il boxera pour lui.

Le combat entre Francesco Patera et Paul Hyland Jr sera le deuxième en peu de temps entre des représentants belges et irlandais. Le 1er juin, à New York, Delfine Persoon avait été battue aux points par Katie Taylor, une décision qui a semblé particulièrement discutable, voire injuste pour notre compatriote aux yeux de beaucoup de monde. Patera sera-t-il, dès lors, animé d’un sentiment de revanche lors d’un gala promu par la société... MatchRoom Boxing chère à Eddie Hearn ?

"Non, ce ne sera pas un match Belgique-Irlande", dit-il. "La boxe est avant tout un sport individuel et ce qui s’est passé à New York ne jouera aucun rôle dans mon combat. Ce n’est certainement pas ce précédent entre les deux pays qui va en définir le contexte. Vous savez, je boxe pour moi, je mène ma propre carrière et si c’est un Irlandais ou un autre qui se présente face à moi, peu importe. Tous les combats sont importants parce qu’une défaite équivaut à un recul dans ta carrière. Or je veux tout le temps avancer, atteindre mes objectifs et regarder vers l’avant."

Francesco Patera, qui n’a vu qu’un résumé du championnat du monde unifié des légers entre Persoon et Taylor, est bien conscient que la décision dont a bénéficié l’Irlandaise n’est pas une première. "J’espère pour Delfine qu’elle obtiendra sa revanche mais vous savez, ce genre de résultat arrive souvent en boxe. Être volé, surtout quand on boxe à l’étranger, on sait que ça peut arriver. Bien sûr, ce n’est jamais gai ! Et non, ce n’est pas une situation normale. Mais que peut-on y faire en tant que boxeur ? Même Manny Pacquiao a déjà été victime d’une telle situation contre Timothy Bradley lors de leur premier duel. Les réclamations n’aboutissent jamais a posteriori. Au mieux on peut forcer une seconde chance…"