Bart Aernouts confiant avant l’Ironman d’Hawaii: "Je suis sûr que je peux… gagner !"
Deuxième l’an dernier, Bart Aernouts veut revivre un jour exceptionnel.
- Publié le 11-10-2019 à 12h10
- Mis à jour le 11-10-2019 à 12h11
Deuxième l’an dernier, Bart Aernouts veut revivre un jour exceptionnel. À 35 ans, Bart Aernouts s’alignera, ce samedi, pour la huitième fois au départ de l’Ironman d’Hawaï, une épreuve où l’Anversois affiche une extraordinaire régularité puisque, depuis 2012, il y a toujours figuré parmi le top 12, à l’exception de son abandon en 2015.
Mais, avec sa deuxième place, l’an dernier, derrière l’Allemand Patrick Lange, Bart est entré dans une autre dimension, celle des vainqueurs potentiels de la plus célèbre épreuve longues distances (3,8 km de natation, 180 km à vélo, 42 km à pied), considérée par tous les spécialistes comme le Mondial de la discipline.
"Jusqu’à l’an dernier, sauf en 2015 quand j’avais bouleversé mon approche et mal m’en avait pris, je n’ai connu que des bons jours à Hawaï, mais jamais une journée exceptionnelle. Il m’avait toujours manqué ce petit truc me permettant d’y disputer la victoire. Mais cette édition 2018 a tout changé. J’ai vraiment pris conscience que je pouvais gagner ! Enfin, serais-je tenté de dire…"
Seul Patrick Lange, venant comme lui du duathlon, l’a devancé pour s’offrir un deuxième succès d’affilée, après 2017, mais aussi sa troisième place en 2016. Ceci dit, Bart Aernouts et l’Allemand ont signé un authentique exploit en étant les deux premiers à descendre sous la barrière des huit heures au terme de l’épreuve mythique, à savoir 7h52.39 pour Lange et 7h56.41 pour Aernouts, le Britannique McNamee complétant le podium avec un chrono (appréciable lui aussi…) de 8h01.09. Du coup, tous les regards seront logiquement rivés vers le duel belgo-allemand, même s’il y a, bien entendu, beaucoup d’autres candidats à la victoire, souvent revanchards.
C’est à Font-Romeu que Bart Aernouts a terminé sa préparation avant de s’envoler pour Tucson, en Arizona, où il a peaufiné sa forme pendant une dizaine de jours, et finalement arriver à Hawaï en début de semaine.
"Je n’ai rien changé par rapport à l’année dernière dans la mesure où j’étais satisfait de ma prestation avec cette deuxième place et, surtout, ce chrono sous les huit heures. Ce fut une longue préparation… En fait, longue d’un an comme tous ceux dont l’objectif est Hawaï. Dans le monde de l’Ironman, tout le monde parle de Kona. C’est le sommet de la saison ! Je n’irais pas jusqu’à affirmer qu’on pense à l’édition suivante dès la ligne d’arrivée franchie, mais Hawaï occupe nos esprits au quotidien. Pour la plupart, même les autres épreuves pendant l’année sont une préparation pour le mythe hawaïen."
"Certains prendront des risques"
Bart Aernouts, comment vous sentez-vous à la veille de cet Ironman d’Hawaï ? "Bien ! Je suis assez satisfait de ma préparation, notamment des dernières semaines passées à Font-Romeu. J’apprécie beaucoup la région. Et la montagne en général. Ce contexte me permet de bien me concentrer sur mon objectif. J’ai, ensuite, passé douze jours en Arizona afin de m’acclimater au décalage horaire et à la chaleur. Je m’y étais déjà rendu l’an dernier et ça avait bien fonctionné pour moi. C’est une bonne préparation, mais elle ne deviendra idéale qu’en fonction du résultat de ce week-end. Vous savez, en 2015, j’étais arrivé à Hawaï quatre ou cinq semaines avant le départ, pensant que c’était la meilleure préparation. Et j’ai abandonné après 15 km de course à pied. J’étais cuit !"
2015 fut donc le pire et 2018, le meilleur avec cette deuxième place… Qu’est-ce qui a changé ?
"Tout ou presque ! J’ai changé de structure et, surtout, d’entraîneur. Je travaille désormais avec Luc Van Lierde, vainqueur en 1996 et 1999. Il m’apporte son énorme expérience au quotidien. Je le connaissais, bien sûr, mais nous nous sommes rapprochés et cette collaboration a d’emblée porté ses fruits avec ma deuxième place de l’an dernier ! Auparavant, j’étais capable de réussir de bons résultats, mais il me manquait cette étincelle, surtout à vélo, parce que j’ai toujours signé un bon chrono sur le marathon. Ce n’est pas un secret : si je veux obtenir un bon résultat, je dois d’abord survivre à la natation. Mais, jusqu’à l’an dernier, je n’avais jamais été aussi bien à vélo. En 2017, j’étais avec Patrick Lange à la sortie de l’eau. L’Allemand termine 3e et moi, 12e. Pourquoi ? Simplement parce que, quand on est fort dans les soixante derniers kilomètres de vélo à Hawaï, on y joue la victoire, voire le podium. Sinon, on est K.-O. !"
Vous avez disputé cinq épreuves cette saison avec, début avril, une décevante neuvième place en Ironman, à Port-Elizabeth, et, début septembre, un excellent sixième rang au Mondial de demi, à Nice. Satisfait ?
"Ma prestation en Afrique du Sud fut loin de répondre à mes attentes, mais il ne faut pas en tirer trop de conclusions. Les déçus d’Hawaï redoublent souvent d’ardeur lors de la période hivernale d’entraînement et abordent la saison avec une envie décuplée. Je n’étais pas dans cet état d’esprit… Voyant que je ne pouvais pas jouer le podium, j’ai terminé à mon rythme, sans forcer ! En revanche, je suis très satisfait de mon résultat à Nice qui n’était pas non plus un objectif où je me présentais à 100 %. Mais, compte tenu du plateau présent lors de ce Mondial de demi-Ironman, avec un mix de spécialistes sur courtes et longues distances, j’en ai retiré beaucoup de satisfactions et d’enseignements quant à mon état de forme. À confirmer, bien sûr, ce week-end !"
La pression sera toute autre depuis votre deuxième place de l’an dernier. Comment vivez-vous cette situation ?
"Écoutez, ça change, c’est vrai ! Et je l’ai déjà ressenti début juillet, à Roth, où tout le monde s’attendait à ce que je réédite ma victoire de 2017, surtout après ma deuxième place à Hawaï. Et je me suis classé quatrième après une journée où je ne me suis jamais senti dans le coup. Ce qui arrive sur Ironman…"
Quelle sera, dès lors, la clé de cette Ironman d’Hawaï 2019 ?
"Je le répète : tous les spécialistes de la discipline ne parlent que de Kona ! Et tous se préparent au mieux pour s’y présenter à 100 %. Et, surtout, le top 10 de 2018 sera au départ ! Ce n’est pas rien… Dans ce contexte, la clé du succès, ou non, se situera au niveau de ceux qui prendront des risques, surtout pendant le marathon. Je dois bien avouer que, l’an dernier, je n’en ai pas pris parce que je n’avais pas envie de tout perdre. Mais, maintenant que je suis monté sur le podium, si je me retrouve dans la même situation qu’en 2018, je jouerai sans doute crânement pour la victoire ! Je pense qu’un gars comme Frodeno, qui s’est imposé en 2015 et 2016, considérera encore qu’il n’a rien à perdre. L’Allemand ne jure que par la victoire… Donc, il prendra sûrement des risques sans attendre la course à pied parce qu’il roule bien. Tout comme son compatriote Kienle. Mais je ne calquerai pas ma course sur celle des autres. Ce serait suicidaire… Je devrai absolument garder la tête froide. Plus il y en aura qui prendront des risques, mieux ce sera pour moi, fort de mon expérience de 2018. Vous savez, mon meilleur moment dans un Ironman est celui où je mets mes chaussures de course à pied !"
Il est vrai que vous venez du duathlon…
"Exactement ! Je pense que le duathlon est une excellente école en vue du triathlon car, croyez-moi, les deux transitions course à pied-vélo et vélo-course à pied y sont terribles. En duathlon, quelle que soit la longueur de la première course à pied, vous avez les jambes coupées quand vous montez sur le vélo. De même, en Ironman, quand vous posez le vélo, vous avez envie de tout, sauf de courir un marathon. Sauf moi ! Enfin, la plupart du temps…"
Vous êtes le seul pro belge au départ cette année. Comment l’expliquez-vous ?
"Tout d’abord, je le regrette ! Mais chacun pose ses choix. Je n’évoquerai ici que celui de Frederik Van Lierde, avec qui j’ai d’excellents contacts et avec qui je partage le même entraîneur en la personne de Luc Van Lierde. À 40 ans, Fred a tout vécu, tout connu, à Hawaï et il est logique qu’il manifeste d’autres envies, même s’il manquera, bien entendu, ce week-end. Il a quand même remporté cette épreuve en 2013, lui !"
"Nager, c’est un peu comme skier !"
Venant donc du duathlon (courir-rouler-courir), Bart Aernouts n’est pas un spécialiste de la natation. Pour l’Anversois, les 3,8 km à la nage sont souvent une question de survie. "Je pense que nager, c’est un peu comme skier ! Il faut avoir appris dès l’enfance, ce qui n’est pas mon cas. Je le constate souvent à l’entraînement. Un jour, je peux sortir d’une séance très satisfait et, le lendemain, avoir l’impression de ne pas avancer. Et puis, nager, ce n’est pas comme courir où on affiche toujours plus ou moins le même niveau. Sauf défaillance, bien entendu…" Hawaï est une épreuve à part, notamment en natation. Racontez-nous… "Dans la baie, l’eau est chaude. Il y a de magnifiques poissons et parfois même des dauphins. Enfin, pas pendant l’épreuve… En revanche, il m’est déjà arrivé de me retrouver au départ avec une tortue de mer à côté de moi ! Et je n’étais pas très rassuré. Mais je n’étais pas le seul. J’y ai laissé un peu de concentration. Mais, une fois lancé, tout est rentré dans l’ordre."