Au mondial 2019 de taekwondo, Laurence Rase veut "viser deux ou trois médailles"
Laurence Rase se montre ambitieuse pour la délégation belge à Manchester.
- Publié le 15-05-2019 à 06h58
- Mis à jour le 15-05-2019 à 08h26
Laurence Rase se montre ambitieuse pour la délégation belge à Manchester.
Partagée entre le meilleur, City, et le pire, United, en football, Manchester sera pendant cinq jours, de ce mercredi à dimanche, la capitale mondiale du taekwondo. Pour accueillir l’événement, la Ville a mis à disposition de la Fédération internationale (WTF) sa salle la plus célèbre, à savoir l’Arena, d’une capacité de 21 000 places !
Huit Belges s’aligneront dans ce véritable concert planétaire. "Huit, plus un !" , corrige Laurence Rase. "Abdullah Sediqi, réfugié afghan, qui s’entraîne avec nous à Wilrijk et qui bénéficie d’une bourse du CIO, a obtenu in extremis sa sélection pour ce Mondial en décrochant une médaille d’argent à l’Open d’Espagne. Mais sa situation n’étant pas encore tout à fait en règle, il combattra sous le drapeau de la Fédé internationale. Ce qui, je m’empresse de le dire, ne change rien pour nous. Abdullah a intégré notre groupe et nous le considérons comme l’un des nôtres."
Abdullah Sediqi n’est pas le premier taekwondoïste que Laurence, pionnière de la discipline en Belgique et désormais DT néerlandophone, prend ainsi sous son aile. Deux de nos trois fers de lance, Jaouad Achab et Raheleh Asemani, marocain et iranienne d’origine, sont également passés par là, c’est-à-dire une procédure de naturalisation, parfois un peu fastidieuse.
Mais cette situation illustre bien l’état d’esprit de ce groupe de six élites, se retrouvant quotidiennement à Wilrijk pour s’entraîner, auquel il convient d’ajouter Si Mohamed Ketbi et Mourad Laachraoui, affiliés côté francophone. "En fait, le véritable moteur du groupe, c’est Raheleh. Forte de son expérience, à 29 ans, c’est elle qui donne le ton. Jaouad est plus un ambassadeur qu’un capitaine d’équipe, réglant la dynamique collective dans un sport, malgré tout, individuel."
Il n’empêche, avec Ketbi, Achab et Asemani sont nos meilleurs atouts sur la scène internationale. "Jaouad a quand même déjà été champion du monde et d’Europe ! Mais, comme Raheleh, qualifiée de justesse pour les Jeux de Rio, il a été traumatisé par sa défaite pour la médaille de bronze olympique. L’un et l’autre ont connu un terrible passage à vide, qu’ils ont géré chacun à leur manière. Mais ils sont revenus ! Et ils ont le potentiel pour décrocher une médaille à Manchester, tout comme Si Mohamed Ketbi en -68 kg, en principe la catégorie-reine puisque olympique."
La particularité du taekwondo aux Jeux est que le CIO réduit de moitié le nombre de catégories au programme et que, dès lors, on retrouve en -68 kg de nombreux combattants évoluant habituellement en -63 kg et en -74 kg ! "Disons que, lors de ce Mondial, les favoris sont plus étalés qu’aux Jeux, ce qui n’enlève rien à la qualité du rendez-vous car, en cette année pré-olympique, tout le monde essaie de se placer pour Tokyo 2020, y compris les Belges. Chez les filles, par exemple, nous avons deux représentantes de même valeur, Laura Roebben et Indra Craen, en -62 kg. Et, sur base des résultats 2019, c’est Laura qui a la priorité. Indra s’alignera en -67 kg où elle est non classée au ranking… C’était l’inverse il y a deux ans, en Corée du Sud !"
Un problème de luxe né d’une saine concurrence entre ces deux filles, que Laurence Rase a découvertes à l’âge de 12 ou 13 ans. Il n’y a pas de secret au plus haut niveau, quel que soit le sport ! En attendant, à Manchester, notre DT espère "deux ou trois médailles" comme ce fut le cas à chaque rendez-vous international depuis le début de cette saison. Mais attention : il y a de la concurrence…
Un stage en Jordanie et une mise au vert
La préparation de notre équipe nationale fut longue et intensive. Et rien n’a été laissé au hasard… D’un stage en Jordanie, où la Belgique était invitée, au respect du ramadan, pour certains de nos représentants. Seul stress de ces derniers jours : le refus par les autorités britanniques du visa de l’entraîneur… iranien, Alireza Nassrazadany, ancien champion du monde. "Je n’y ai rien compris !" lance Laurence Rase. "Ce contretemps m’a donné des sueurs froides parce que j’ai dû recommencer toute la procédure. Mais ça s’est arrangé. Alireza travaille pour nous depuis près d’un an et il nous apporte beaucoup. Et puis, ce n’est pas pareil pour notre entraîneur principal, Davoud Etminani, de gérer un tel groupe seul ou à deux…"
Assumant tous ses choix, notre DT a apprécié le stage en Jordanie. "Nous y avons été bien accueillis ! La Jordanie est une nation forte du taekwondo et nos gars ont pu y côtoyer le champion olympique en - 68 kg, Ahmad Abughaush, le premier de l’histoire de ce pays. Autant dire que c’était intéressant…"
Les Belges ont été les premiers à arriver en Grande-Bretagne ! "Ils ont séjourné pendant une semaine à une heure de route de Manchester, histoire de se concentrer sur l’objectif."