Un problème d’équité au départ de l’Euro: "Ce n’est pas un système fair-play"
Kevin et Jonathan Borlée ne s’en cachent pas : la dispense de premier tour dont bénéficient les meilleurs athlètes dans les épreuves du 100 au 400 m passe mal.
- Publié le 06-08-2018 à 10h23
- Mis à jour le 06-08-2018 à 10h24
Kevin et Jonathan Borlée ne s’en cachent pas : la dispense de premier tour dont bénéficient les meilleurs athlètes dans les épreuves du 100 au 400 m passe mal. Cela partait d’une bonne intention et, à l’époque, personne n’avait crié au scandale. Voici deux ans, l’Association européenne d’athlétisme a introduit un nouveau règlement ayant cours à l’occasion de ses championnats dont l’édition 2016 à Amsterdam, rappelons-le, précédait d’un mois à peine les Jeux de Rio.
Sans doute pour s’assurer de la participation de quelques grands noms à un rendez-vous de l’été susceptible d’être peu… couru vu sa place dans le calendrier, les dirigeants ont ainsi décidé que, dans les épreuves du 100 m au 400 m (en ce inclus, les courses de haies), les douze premiers athlètes du ranking européen, à raison de trois par pays au maximum, seraient protégés et dispensés de séries. Ce qui fut le cas notamment pour Kevin Borlée, entré dans la compétition au stade des demi-finales sur 400 m, ce qui lui avait laissé vingt-quatre heures supplémentaires pour récupérer d’une bursite.
La règle prévaut cependant pour tous les Championnats d’Europe organisés tous les deux ans et donc pour cet événement n’entrant pas en concurrence, cette saison, avec les Jeux. De quoi faire froncer les sourcils à plus d’un athlète, dont ce même Kevin Borlée qui, ce dimanche, n’a pas hésité à exprimer franchement son opinion.
"Autant je peux comprendre la règle dans le contexte d’un événement ajouté au calendrier lors d’une année olympique, autant le raisonnement m’échappe complètement ici", dit l’ex-champion d’Europe (2010) du 400 m. "Je ne comprends pas que l’on ne cherche pas à mettre tous les athlètes sur un pied d’égalité au départ des championnats. Pour moi, c’est injuste et incompréhensible. Très honnêtement, si j’avais été dans le Top 12, j’aurais voulu d’office courir la série, sans même savoir si c’est possible. Je pense que beaucoup de pays ont demandé à ce que la règle soit revue, mais cela n’a donc pas été fait."
"Ce n’est pas un système qui est spécialement fair-play mais ce sont les règles et il faut faire avec elles", ajoute, de son côté, Jonathan Borlée. "Je ne sais pas si c’est un désavantage pour nous cette année mais, pour ma part, je préfère de toute façon disputer la série là où d’autres préféreront peut-être ne faire que deux courses individuelles au maximum en vue du relais 4x400 m. C’est bien cela le problème : certains athlètes seront plus frais pour la finale du relais. Déjà que la finale du 400 m est programmé au matin des séries du relais, cela fait beaucoup…"
Engagée sur 400 m haies, Hanne Claes, sixième au ranking européen, bénéficiera de cette exemption du premier tour. La Louvaniste, entraînée par Jacques Borlée, porte un regard nuancé sur ce problème qui touche à l’équité sportive.
"Chaque situation présente des avantages et des désavantages", explique-t-elle. "Courir une série permet de rentrer dans la compétition, cela vous oblige à être bien concentrée dès le début mais, d’un autre côté, s’il y a une course de moins, cela peut compter dans une semaine chargée (NdlR : comme l’est la sienne avec une contribution au relais 4x400 m féminin). Et l’assurance probable d’avoir un bon couloir en demi-finales est un autre avantage. Mais je vous avoue que je ne suis pas favorable à ce système somme toute un peu injuste. Le charme de l’athlétisme, pour moi, c’est justement que tous les athlètes soient sur un pied d’égalité et doivent tous commencer à zéro en quelque sorte. Chacun doit être capable de prouver sa valeur dès le début de la compétition. Quoi qu’il en soit, j’ai bien l’intention de faire un entraînement intensif ce mardi pour être déjà dans le rythme avant mon entrée en lice en demi-finales."