Olivia Borlée met un terme à sa carrière: "J’ai profité de chaque moment"
À 33 ans, Olivia Borlée a choisi de quitter définitivement les pistes d’athlétisme.
- Publié le 25-08-2019 à 09h16
- Mis à jour le 25-08-2019 à 09h29
À 33 ans, Olivia Borlée a choisi de quitter définitivement les pistes d’athlétisme. "Soulagée !" Olivia Borlée a vu un poids tomber de ses épaules, ce samedi matin, en officialisant sa retraite sportive sur les réseaux sociaux via un petit texte et une vidéo retraçant quelques-uns des grands moments de sa carrière. La nouvelle n’aura surpris personne en vérité, la sprinteuse n’ayant plus pris part à la moindre compétition officielle depuis le 22 juillet 2017 et un 200m disputé à Heusden. Mais jusqu’au bout, la Bruxelloise de 33 ans a voulu croire en un ultime rêve, celui de courir avec ses frères en relais mixte aux Jeux de Tokyo. Elle s’en explique aujourd’hui.
Olivia, quand avez-vous pris la décision de mettre un terme à votre carrière ?
"Je l’ai annoncée à papa et aux autres membres de la famille il y a un peu plus d’un mois. Fin juin, j’étais encore partie en stage avec le groupe dans le sud de la France pour m’entraîner : il fallait que je tranche pour savoir si les Jeux de Tokyo étaient encore dans mes cordes ou non. Et j’étais étonnée de ce que je pouvais encore réaliser ! Je me sentais capable de sortir encore de bons chronos. Mais mes tendons d’Achille se sont, eux aussi, rappelés à mon souvenir et j’ai pris conscience que j’allais devoir beaucoup me battre avec mon corps pour y arriver. Et comme mon travail à la tête de ma société a pris de l’ampleur, je ne me voyais pas continuer."
Quel était votre état d’esprit ces deux dernières années ?
"Même si certains me voyaient arrêter plus tôt, j’ai volontairement laissé cette porte ouverte parce que j’avais envie d’aller à Tokyo. Moins pour les Belgian Cheetahs, dont le projet est magnifique et cohérent avec des filles bien en place, que pour le relais mixte, je dois bien l’avouer. Je m’entraînais encore trois ou quatre fois par semaine quand je le pouvais. Je voulais vivre encore cette dernière aventure olympique avec mes frères, j’avais peur de manquer la dernière partie de cette aventure. Mais la raison a donc fini par l’emporter."
Au final, que retenez-vous en priorité de votre carrière ?
"La médaille d’or des Jeux de Pékin avec le relais 4x100m occupe, bien sûr, la première place dans la hiérarchie des moments les plus précieux, même si elle ne nous a été décernée que huit ans plus tard. Mais ma qualification pour les Jeux olympiques de Rio, au stade Roi Baudouin, a été un autre moment de grande émotion, avec toutes les difficultés que j’avais rencontrées auparavant. Enfin, la cérémonie d’ouverture des Jeux, à Rio, en tant que porte-drapeau de la délégation belge occupera toujours une place à part."
Vous avez connu vos plus beaux succès avec le relais 4x100m alors que vous avez été moins heureuse en individuel. Des regrets ?
"Non, aucun ! J’ai profité un maximum de tous les moments et j’ai pris tout ce qu’il y avait à prendre. Si vous m’aviez dit, quand j’avais 17 ans, que j’allais vivre tout cela, je ne l’aurais jamais cru ! J’avais déjà de grandes ambitions sans pour autant les définir avec précision. Tout s’est passé très vite, depuis ma première sélection internationale avec le relais, aux Mondiaux de Paris en 2003, jusqu’à cette médaille d’or olympique. Bien sûr j’aurais voulu donner davantage d’éclat à ma carrière individuelle (NdlR: ses records sont de 11.39 et 22.98), c’est la définition même d’un athlète de haut niveau de croire qu’on peut toujours faire mieux, mais pendant toute ma carrière mes tendons m’ont empêchée de me donner à fond. Ceci dit, j’ai vécu des moments incroyables et je referais tout de la même façon."
Si vous avez tenu aussi longtemps, c’est aussi, on l’imagine, grâce à votre famille…
"C’est vrai que c’est une chance d’avoir vécu tous ces moments en famille. On a tout partagé, les bonnes choses comme les moins bonnes. C’est une force ! Sans le soutien de ma famille, j’aurais arrêté bien plus tôt."
Vos frères ont toujours fait référence à vous comme celle qui les a inspirés et vous ont rendu un bel hommage. Vous devez être fière, aujourd’hui, de leur parcours.
"Clairement, je suis fière d’eux, mais tout comme je le suis de tous mes frères et soeurs, même ceux qui ne sont pas dans la lumière. Kevin, Jonathan et Dylan se sont épanouis dans un milieu terriblement compétitif et ils ont toute mon admiration pour cela."
Que peut-on vous souhaiter pour vos projets futurs ?
"De connaître autant de succès que dans l’athlétisme, j’imagine ! (rires) Avec Elodie (Ouedraogo), on a lancé notre marque de sport 42|54 qui fonctionne plutôt bien. Mais le monde de l’entreprenariat est plein de challenges et on doit sans cesse se remettre en question pour présenter de nouvelles collections et se développer en tant qu’équipe."
Votre passé de sportive vous aide-t-il à ce niveau-là ?
"Oui, clairement ! Je fais beaucoup de parallèles entre les deux mondes. Le sport m’a permis de travailler sur la gestion du stress, la définition d’objectifs et de moyens pour les atteindre, la manière d’appréhender certaines difficultés. Et puis, quelque part, c’est aussi de la compétition."