Noah Lyles veut écrire l’histoire: “D’abord battre Michael Johnson…”
Noah Lyles veut écrire une page d’Histoire, quitte à bousculer les icônes du sprint.
- Publié le 06-09-2019 à 10h18
- Mis à jour le 06-09-2019 à 10h19
Noah Lyles veut écrire une page d’Histoire, quitte à bousculer les icônes du sprint. Si l’athlétisme mondial se cherche désespérément une star depuis la retraite d’Usain Bolt en 2017, lors du Mondial londonien, il en a peut-être trouvé… deux ! Noah Lyles et Michael Norman, deux jeunes Américains talentueux sur la piste et marrants en dehors. Âgés respectivement de 22 et 21 ans, ces deux athlètes ont défrayé la chronique athlétique cette saison en signant les quatrièmes performances mondiales de tous les temps, sur 200 m (19.50) pour Lyles et sur 400 m (43.45) pour Norman ! Et leur complicité a sauté aux yeux de tous au moment de la présentation du plateau de cette 43e édition du Mémorial.
Tout vêtu de noir, à l’exception d’une chaîne en argent avec une croix, Noah Lyles est pourtant apparu assez sobre. Et la première question à laquelle il fut confronté a glacé l’ambiance bon enfant, en présence également de Nafi Thiam. Cette question avait pour objet le "cas Coleman", le meilleur sprinter américain, accusé de trois absences à un contrôle antidopage, puis acquitté pour une question de dates.
Un peu embêté, Lyles répondit : "Je n’ai pas d’avis sur le sujet car je ne connais pas le fond de cette histoire. J’espère simplement que les États-Unis présenteront la meilleure équipe au Mondial…"
Heureusement, au fur et à mesure de la discussion animée par Kim Gevaert, l’atmosphère s’est détendue et Noah a pu laisser libre cours à son humour. Comme quand Kim lui demanda s’il avait l’intention de se teindre les cheveux pour le Mémorial… "Non, ça, je le réserve pour Doha !" précisa-t-il, en se marrant.
Il est vrai que ce spécialiste du 200 m, avec un record personnel de 9.86 sur 100 m, n’a pas son pareil pour animer un meeting. "Qui veut n’être qu’un athlète qui court vite ?" interrogea-t-il. "Pas moi ! Je suis naturel. J’essaie de rendre les fans heureux avec un pas de danse, en communiant avec eux."
Il est vrai que, sur son compte Twitter, Noah Lyles se présente comme "athlète, artiste, danseur, aimant la vie et les Lego" ! Mais il est évident que beaucoup attendent de lui une perf ce vendredi soir à Bruxelles, si la météo le permet. Et lui ? "J’ai entendu parler du nouveau Lewis, du nouveau Johnson, du nouveau Bolt… Mais je suis Noah Lyles. J’ai ma personnalité, mon envie d’écrire une page d’Histoire. J’espère qu’un jour, dans pas trop longtemps, on dira : ‘Noah is the best. Ever.’ Mais je suis encore jeune…"
Pour ce Mémorial, Lyles a suivi le conseil de son coach et opté pour le couloir 7. "Je sais ce qu’est le Mémorial Van Damme, que la piste a la réputation d’être très rapide, surtout dans le virage du 200 m. Alors je vais vraiment essayer d’en profiter !"
Et battre le record du monde (19.19), propriété d’Usain Bolt ? "Je suis venu à Bruxelles pour établir un nouveau record personnel. Pour ce qui est du chrono d’Usain Bolt, je veux, d’abord, battre Michael Johnson (19.32). Et je pense que c’est valable pour mon ami, Michael Norman, sur 400 m."
À propos, l’enfant né à Gainesville (Floride) et athlète s’entraînant à Clermont envisage-t-il de monter sur 400 m ? "Vous voulez vraiment me poser cette question ? Non, mais vraiment ?" éclate-t-il de rire, sous les yeux de Michael Norman. Ouf, la fameuse question sur Christian Coleman est oubliée et le showman est prêt pour le feu d’artifice…
Mais qui est donc Noah Lyles ?
Athlète, artiste, danseur, chanteur, aimant la vie et les Lego.
Voici ce qu’il est bon de savoir sur Noah Lyles…
1. De bon gènes
Ses parents sont d’anciens athlètes. Le père, Kevin Lyles, possède un record personnel de 45.01 sur 400 m. La mère, Keisha Caine, fut championne universitaire du 4x400 m.
2. Asthmatique
Étant tout jeune, il a souffert d’asthme. Toutes les six semaines, il devait se rendre à l’hôpital pour être relié à une machine l’aidant à respirer. Sa situation ne s’est améliorée que quand on lui a enlevé les amygdales, à l’âge de six ans.
3. Artiste dans l’âme
Quand il souffrait d’asthme, il a suivi des cours d’art. “C’était mon échappatoire. Je dessinais des personnages de dessins animés…” Aujourd’hui, il danse et il chante. Il a, ainsi, écrit vingt-cinq chansons, pour la plupart de rap, dont sept ont d’ores et déjà été produites !
4. Passionné de Lego
Sa maison en Floride est remplie de constructions. Une véritable passion…
5.Amateur de mode.
En début d’année, il a défilé à la Fashion Week, à Paris. Il espère d’ailleurs présenter, un jour, sa ligne de vêtements. En attendant, ce sont ses chaussettes qui attirent l’attention. Une fois à l’effigie de R2D2, le robot du film de science-fiction. Lors des trials américains, elles étaient roses en référence à The Incredibles, un film d’animation de super-héros.
Et un dernier, plus intime : sur sa poitrine, est écrit en lettres majuscules le mot ICON (icône), en partie parce qu’il est fan du rappeur Jaden Smith et de sa chanson…
“Lors d’un contrôle, j’ai confondu 7 h du matin et 7 h du soir !”
Chaque fois que des athlètes “explosent” leurs chronos comme ce fut le cas, cette saison, pour Noah Lyles et Michael Norman, un vent de suspicion se lève. C’est pourquoi il est important de savoir que tous sont contrôlés, souvent de manière inopinée. Pour y parvenir, chaque athlète doit entrer dans un système les dates et les lieux où il se trouve, et ce, pour tous les jours de l’année. “J’ai confié cette tâche à ma mère, en qui j’ai, bien sûr, entière confiance…” explique Noah Lyles. “Ce qui ne m’a pas empêché de manquer un contrôle ! J’ai confondu 7 h du matin et 7 h du soir ! Mais c’en est resté là…”
Michael Norman a lui aussi raté un contrôleur. “C’était il y a deux ans. J’étais à l’université et j’ai oublié de notifier que j’avais dû modifier mon emploi du temps. Vous savez, on n’y pense pas toujours. Ce système est assez contraignant. Mais je comprends aussi que c’est notre job.”
Précisons que les athlètes doivent se rendre disponible pour un contrôle pendant une heure, chaque jour. Et que, comme tout le monde, ils ne sont pas à l’abri d’un imprévu, voire d’une confusion comme pour Noah Lyles…