Nafi Thiam, une athlète engagée pour la bonne cause : "J’ai besoin que mon engagement ait du sens"
La championne olympique fait cause commune avec l’Unicef et Garnier.
- Publié le 18-09-2019 à 08h00
- Mis à jour le 19-09-2019 à 11h20
La championne olympique fait cause commune avec l’Unicef et Garnier. Ambassadrice de l’Unicef Belgique depuis plus de deux ans, Nafi Thiam soutient des programmes d’aide aux enfants et d’accès à l’éducation, une démarche qu’a rejointe, en juillet dernier, la société Garnier Belgique. Derrière l’action commerciale qui vient d’être lancée en ce début de semaine (une somme d’argent sera reversée pour la cause à l’achat de deux produits Garnier), se cache un vrai désir, de la part de la championne olympique, de sensibiliser l’opinion publique. Elle s’en est ouverte à la DH.
Nafi, à quand remonte cette volonté de vous engager ?
"Cela faisait quelques années déjà que je réfléchissais à établir un lien avec une ONG, mais je ne savais pas trop vers laquelle me diriger. Puis la proposition de l’Unicef est arrivée et je me suis dit : pourquoi pas ? Je crois que tout le monde est sensible à tout ce qui touche à l’enfance et l’éducation était un thème qui me parlait, que je trouve extrêmement important. C’était un bon ‘match’."
D’autant que vous partagez certaines valeurs.
"Oui. L’éducation, pour moi, c’est l’indépendance, c’est s’assurer d’un futur. Ça m’a toujours beaucoup interpellée de savoir qu’il y a tellement d’enfants dans le monde qui n’ont pas accès à l’éducation de base : savoir lire, savoir écrire. Je trouvais intéressant d’essayer de faire bouger certaines choses à mon niveau."
Comment envisagez-vous votre rôle ?
"En tant qu’ambassadrice, j’essaie vraiment de mettre en lumière le travail de l’Unicef. J’ai un public assez jeune sur les réseaux sociaux et je voudrais expliquer certaines situations, aider à la compréhension de contextes parfois compliqués pour susciter chez certains l’envie d’aider. C’est ce que j’ai fait pendant mon voyage au Liban, l’an dernier, par exemple."
Voyez-vous cette fonction évoluer plus tard ?
"Peut-être ! Avec les années, on pourra sans doute faire davantage de choses encore. Jusqu’ici, avec ma carrière et mes études universitaires, je n’avais pas beaucoup de temps, mais j’ai toujours envisagé cette collaboration sur le long terme. Ici l’année sera très courte, avec les Jeux olympiques au mois de juillet mais après Tokyo, oui il y aura certainement un nouveau voyage en prévision. Pour l’heure, je vais donc continuer à appuyer à travers les réseaux sociaux et les contacts avec les médias des actions comme celle que Garnier vient de lancer cette semaine. En achetant deux produits Garnier, on finance grosso modo un jour d’école pour un enfant grâce à la somme qui est reversée."
Maintenant que vos études sont terminées, allez-vous multiplier les collaborations de ce type ?
"À condition que ce soit des projets qui m’intéressent, oui, pourquoi pas ? Mais quand je fais quelque chose, j’ai envie de le faire correctement. Je préfère limiter les projets et les faire à 100 % plutôt que de dire oui à tout le monde et ne faire aucune différence au final. J’ai besoin que mon engagement ait du sens."
Est-on plus sensible à des problématiques touchant à l’enfance quand on vient soi-même d’une famille nombreuse ?
"Je ne sais pas. Je ne pense pas que cela aurait changé grand-chose si j’avais été fille unique. Je crois aussi qu’il n’y a pas besoin de venir d’un certain milieu pour être sensible à cette cause qui concerne tout le monde. Mais chacun a sa vie, ses problèmes, et on ne prend pas toujours le temps de s’intéresser à ce qui se passe ailleurs. C’est pour cette raison que je peux jouer un rôle, qui est de sensibiliser les gens et de donner envie de s’engager. Si mon action peut avoir un petit impact, je serais déjà contente."
Les réfugiés l'ont marquée
Sa mission au Liban, l’an dernier, demeure un souvenir très particulier.
L’an dernier, Nafi Thiam a effectué sa première mission pour le compte de l’Unicef. C’était au Liban dans des camps de réfugiés. Un moment important. “D’abord, ça m’a aidé à comprendre la situation sur place, à avoir une vision précise alors qu’il y a beaucoup de facteurs qui s’entremêlent, dit-elle. Ensuite, je trouvais la démarche intéressante de relayer via Instagram ce que je pouvais comprendre de la situation. Sinon c’est difficile de se sentir concerné ou d’avoir envie de s’engager. Et puis c’est toujours plus marquant d’aller sur le terrain, de parler avec les gens, de voir comment ils vivent, qu’ils t’expliquent ce qu’il s’est passé dans leur vie pour qu’ils en arrivent à telle ou telle situation. Voir tout cela donne vraiment une autre dimension aux choses. Et entendre ces enfants dire qu’ils ont encore confiance en l’avenir, qu’ils veulent devenir docteurs, professeurs, ça donne envie de faire quelque chose pour eux. Personnellement, cela ne me dérangerait pas de continuer sur ce thème parce que la question des réfugiés occupe une grande place dans l’actualité.”
“Je ne voulais pas d’un métier par dépit”
“L’étalement urbain en Afrique subsaharienne – les spécificités de l’Afrique du Sud” : tel est l’intitulé du travail de fin de bachelier en sciences géographiques que Nafi Thiam a présenté et défendu tout récemment à l’Université de Liège. La voilà aujourd’hui diplômée au bout de six années d’études ! Pourquoi était-ce si important pour elle, parallèlement à sa carrière de sportive de haut niveau ? “Le sport se passe bien pour l’instant, c’est vrai, mais toutes les bonnes choses ont une fin et ma carrière s’achèvera à un moment donné. Peut-être même plus tôt que ce que j’espère, on ne peut jamais prévoir. Je voulais donc pouvoir me lancer dans un métier qui m’intéresse et ne pas choisir un métier par dépit. Et je voulais aussi être indépendante après ma carrière, être capable de payer moi-même mes factures.”