Mayer et Hougardy, les deux potes du Décastar: "Pour moi, Kevin Mayer est un génie !"
Le Namurois Benjamin Hougardy, établi à Montpellier depuis 2013, partage les entraînements du champion.
- Publié le 20-06-2019 à 07h01
Le Namurois Benjamin Hougardy, établi à Montpellier depuis 2013, partage les entraînements du champion. Sur les réseaux sociaux, il n’est pas rare de voir "le Belge", comme il se surnomme, apparaître sur les photos ou les vidéos publiées par Kevin Mayer. Benjamin Hougardy, décathlonien namurois de 23 ans, est un proche du vice-champion olympique et champion du monde du décathlon. Établi à Montpellier depuis fin 2013, "à une époque où j’étais un peu perdu", notre compatriote se félicite d’avoir trouvé un nouveau port d’attache en France. Et d’y avoir rencontré celui qui est devenu, le 16 septembre 2018, le détenteur du record du monde de sa discipline avec un total de 9 126 points.
"On se connaît depuis près de six ans maintenant et ça a collé assez vite entre nous" , explique Benjamin Hougardy. "C’est une question de personnalités, mais aussi d’affinités : on rigole, par exemple, des mêmes trucs ! C’est pour ça aussi qu’on aime s’entraîner ensemble : on sait qu’on passera un bon moment, malgré la difficulté de certaines séances. En fait, on se complète assez bien : quand je n’ai pas trop envie, c’est lui que vient me chercher et inversement. On est souvent à deux sur la piste. Ensemble, on ne lâche jamais rien ! Je ne pouvais pas rêver meilleur partenaire d’entraînement."
Les deux hommes sont proches au point que le Namurois a logé, pendant un mois et demi, chez Kevin Mayer, le temps de trouver une nouvelle colocation. "Ce qui est vraiment agréable, c’est de voir qu’il ne change pas alors qu’il a dix mille fois plus de sollicitations qu’avant. C’est la même personne malgré les succès, les performances, le record du monde. À titre personnel, il m’apprend énormément. Il a connu pas mal de galères au cours de sa carrière et il n’hésite jamais à me prévenir de certains dangers ou à me conseiller sur certains points pour que je ne rencontre pas les mêmes difficultés que lui."
Benjamin Hougardy confirme, par ailleurs, que le roi actuel des épreuves combinées est un acharné de sport, particulièrement du sien, qu’il vit à 200 %. "Oui, c’est vrai, il vit athlé, il mange athlé, il dort athlé", acquiesce notre compatriote. "Je ne le dis pas devant lui mais, pour moi, Kevin est un génie. Il comprend tout à une vitesse folle et il le reproduit presque aussi rapidement. Il n’arrête jamais en fait : dès qu’il a du temps libre, il regarde des vidéos d’athlé, parfois de lui, parfois des autres, juste pour étudier le mouvement parfait, ou alors il fait des petits exercices de son côté. Et, sur l’alimentation, je peux témoigner qu’il est de plus en plus strict."
Un tel mode de vie peut-il inspirer Benjamin Hougardy ? "Je l’ai presque adopté !" lance-t-il. "Depuis bientôt un an, j’ai revu certaines priorités. Je passe un peu moins de temps sur la piste qu’avant, je fais plus de renforcement, plus d’étirements, je fais attention à ce que je mange, à mon sommeil aussi. Et, alors qu’il m’arrivait de sortir de temps en temps, je n’ai plus bu une bière depuis trois mois, au moins !"
Invité de dernière minute à Talence
Le décathlonien belge espère signer un total enfin en rapport avec sa valeur. Benjamin Hougardy n’avait pas pensé immédiatement à rallier Montpellier au moment de quitter la Belgique. “Je voulais me consacrer à l’athlétisme pendant un an et j’avais d’abord songé aux Pays-Bas, mais je n’ai pas été repris dans le groupe d’Eelco Sintnicolaas”, se remémore le décathlonien belge. “Il s’en est d’ailleurs fallu de peu pour qu’il en soit de même à Montpellier mais, là, j’ai insisté un peu plus et j’ai été pris à l’essai. Je ne suis plus jamais reparti…”
Au Creps de Montpellier, dans les infrastructures du Pôle national de préparation olympique, Benjamin Hougardy dispose de toutes les facilités pour la pratique du sport de haut niveau. Quelques mois après son arrivée, il s’est qualifié pour les Mondiaux juniors, à Eugene, où il s’est classé 23e. “J’ai encore signé une bonne saison 2015 (7 366 pts), mais j’ai malheureusement loupé l’Euro espoirs”, reprend celui qui fut sacré champion de Belgique en 2016, en l’absence de Thomas Van der Plaetsen et de Hans Van Alphen, il est vrai.
“J’ai connu quelques blessures, notamment une pubalgie, puis une déchirure aux abdominaux qui a pris du temps à être diagnostiquée. J’ai mis du temps à revenir.”
En plus, Benjamin a dû trouver du boulot pour subvenir à ses besoins. Une combinaison indispensable mais délicate qui a fini par lui coûter son contrat d’espoir sportif international, faute de résultats. Coach au sein de son club (“j’ai gardé dix heures par semaine”), le Namurois a toujours conservé le soutien du Smac, dont il porte les couleurs lors des Interclubs en Belgique.
Cette période de vaches maigres est peut-être derrière lui. Cet hiver, Benjamin Hougardy a battu son record à l’heptathlon et il vient d’en réussir de même, début juin, au décathlon avec un total de 7 476 points. “Je suis content pour le record, mais le total me déçoit : j’étais parti pour les 7 700 points”, précise-t-il. “Malheureusement, j’ai failli à la perche (4,20 m) et au javelot (45,46 m). Je m’attendais à réussir plus.”
Ce lundi, Benjamin Hougardy a toutefois appris qu’il pourrait se rattraper. Présent sur une liste d’attente pour Talence, il a bel et bien été invité par l’organisation du Décastar, qu’il disputera ce week-end pour la deuxième fois après une première participation en 2015.
“Je pense avoir retrouvé assez de fraîcheur pour signer un total qui refléterait, cette fois, vraiment ce que je vaux à l’heure actuelle”, indique Benjamin, qui ne rêve pas des Mondiaux de Doha, hors d’atteinte (8 200 pts). “Si tout se met vraiment très bien, si j’enchaîne toutes les performances, je peux rêver d’un petit 8 000.”
Et comment voit-il la suite ?
“J’ai appris aux côtés de Kevin qu’on ne devait jamais se limiter. L’Euro de Paris en 2020 sera déjà, pour moi, un bel objectif.”
Le supporter n° 1 de “Kéké la braise”
En 2017 et 2018, deux années délicates pour lui sur le plan sportif, Benjamin Hougardy a soutenu Kevin Mayer, dit “Kéké la braise”, en étant présent tant au Mondial de Londres qu’à l’Euro de Berlin. “Avec un groupe de potes, on a fait l’un ou l’autre déplacement sympa. Sauf que Londres était hors de prix (plus de 200 € pour être dans le stade) et qu’on a assisté aux épreuves d’une seule journée. Malheureusement, je n’ai pas pu vivre son record du monde à Talence, l’an dernier. Vraiment dommage ! Là, on est en train de voir pour Doha, mais ce n’est pas donné non plus. Dans ces conditions, je préférais donc me rendre à Tokyo…” Au Smac: “Nafi et moi, on a commencé ensemble”
Benjamin Hougardy connaît bien Nafi Thiam, et pour cause ! Les deux athlètes ont fait leurs premiers pas ensemble au Smac, à Namur. “On a démarré l’athlétisme en même temps et on s’est retrouvé dans le même groupe d’entraînement pendant deux ou trois ans. Ça va être amusant de la retrouver ces jours-ici, à Talence !” explique Benjamin. “On a gardé contact et on s’envoie régulièrement des messages pour se féliciter l’un l’autre en cas de record. Il faut bien avouer que c’est plus souvent moi qui les envoie ! (rires) Je dois vous avouer que j’ai vécu les Jeux de Rio – où je n’étais pas présent – de manière vraiment très spéciale, avec Kevin d’un côté, médaillé d’argent au décathlon, et Nafi qui remporte l’or à l’heptathlon. Ça m’a vraiment fait quelque chose de la voir sur la plus haute marche du podium. C’est une fille bourrée de talent, elle a un potentiel incroyable. Elle mérite tout ce qui lui arrive et ce n’est sans doute pas fini.” Et le Namurois de prendre des nouvelles récentes de son ex-camarade de club. “Si j’ai bien suivi l’actualité, elle arrive vraiment en forme, non ?”
Absolument, Benjamin !