Les études de Nafi Thiam ? Le choix de la raison
La championne a assuré son avenir en menant deux carrières de front.
- Publié le 22-11-2019 à 20h17
- Mis à jour le 10-12-2019 à 09h13
La championne a assuré son avenir en menant deux carrières de front. Avec Nafi Thiam, qui vient de boucler en septembre ses études universitaires en sciences géographiques, l’Adeps ne pouvait rêver meilleure ambassadrice pour sa cellule Projet de vie, permettant de concilier études et pratique sportive et favorisant la transition vers la vie professionnelle. Il semblait donc opportun pour l’instance administrative du sport francophone de lui consacrer un petit coup de projecteur, ce vendredi après-midi, au centre du Blanc-Gravier à Liège, en présence de la nouvelle ministre des Sports Valérie Glatigny, dont c’était la première rencontre avec la championne olympique de l’heptathlon.
"Merci pour le formidable signal donné aux jeunes", a lancé la ministre, qui est aussi celle de... l’Enseignement supérieur, à l’athlète de 25 ans. "Vous êtes la preuve vivante qu’il est possible de mener de front études et sport de haut niveau. Ce Projet de vie est un maillon essentiel de nos objectifs. Nous ne sommes pas là pour produire des générations de médaillés mais pour investir avant tout dans des personnes pour qui il y a une vie avant et après les podiums."
Les chiffres présentés laissent paraître un taux de réussite de 80% dans les études pour les sportifs de haut niveau, qui, souligne la ministre, "portent en eux des valeurs comme le respect, le dépassement de soi, la créativité, le travail en équipe et la gestion des ressources, auxquelles ils pourront recourir dans leur vie professionnelle".
Et Jean-Michel Garin, en charge de la Direction de la vie fédérale à l’Adeps, de rappeler que l’accompagnement des athlètes de haut niveau débouche non seulement sur d’excellents résultats au niveau des études (via notamment des aménagements horaires), mais également sur une réussite totale au niveau des aides à l’emploi.
Ayant bénéficié de l’aide des services compétents et de la compréhension de l’Université de Liège pendant plusieurs années pour accomplir son bachelier et mener ainsi une double carrière, Nafi Thiam était, pour sa part, bien placée pour partager son expérience.
"Le choix de quitter Namur et ma famille pour Liège a été déterminant mais il s’est imposé assez naturellement", explique la jeune femme. "Je me suis vite adaptée à cette nouvelle situation, même si les premières années ont été difficiles avec, d’un côté, la pression des cours et, de l’autre, celle de Roger et des entraînements (sourire) ! Une fois que les horaires ont été établis et que j’ai trouvé mon rythme, tout fut beaucoup plus facile. À 18-19 ans, les études m’ont assuré une certaine forme d’équilibre personnel. Je n’avais pas que le sport dans ma vie et je crois que c’est important."
Le marathonien Florent Caelen, qui a disputé les JO en 2016, avait suivi la même trajectoire qu’elle. "Il m’a donné quelques conseils très utiles et c’est bien la preuve que je suis loin d’être la seule à combiner sport et études", reprend Nafi, qui n’a pas encore décidé ce qu’elle allait faire après sa carrière sportive. "Je verrai bien quelles seront les opportunités se présentant à moi à ce moment-là. Je pourrais mener à bien des projets personnels et peut-être terminer un Masters."
"Paris 2024 ? Peut-être mes derniers Jeux olympiques"
Sous les ordres de Roger Lespagnard, Nafissatou Thiam va clore ce week-end sa deuxième semaine de préparation en vue des Jeux olympiques de Tokyo. "On a repris tout doucement. Enfin, tout doucement, c’est avec Roger quoi !" sourit-elle. "Comme chaque année, on y va crescendo. Jusqu’ici tout va bien, je sens que je peux bien progresser. On va faire des stages (NdlR : en Afrique du Sud en janvier, notamment) , des compétitions aussi, mais là c’est encore un peu tôt pour entrer dans les détails. Il reste neuf mois jusqu’aux Jeux olympiques, et je serai prête pour Tokyo ; je n’ai aucun doute là-dessus."
Interrogée également sur la tenue des Jeux olympiques 2024 à Paris, la championne olympique de l’heptathlon à Rio a tenu à temporiser. "Je n’y penserai qu’après Tokyo ! répond-elle. Le chemin est encore long jusque-là, on verra bien. Vous savez, je fêterai sans doute mon 30e anniversaire pendant les Jeux olympiques parisiens et ce seront peut-être mes derniers. Tout ce que je peux dire, c’est que je mettrai tout en œuvre pour y atteindre ma meilleure forme et pour essayer d’y clore ma carrière sur une bonne note." Mais d’abord, il y a un deuxième titre olympique à aller chercher au Japon.