Jonathan Borlée: "Maintenant qu’on y est, on veut plus"
Les trois frères Borlée réunis sur 400 m : une grande première qui se déroulera ce mardi matin depuis les couloirs extérieurs
- Publié le 07-08-2018 à 07h04
- Mis à jour le 07-08-2018 à 08h31
Les trois frères Borlée réunis sur 400 m : une grande première qui se déroulera ce mardi matin depuis les couloirs extérieurs. Ils ont dû patienter cinq ans, depuis l’apparition de Dylan sur la scène internationale avec le relais 4 × 400 m lors des Mondiaux 2013, mais cette fois c’est la bonne : ce mardi (10 h3 5) à Berlin, les trois frères Borlée vont s’aligner pour la première fois au départ du 400 m dans un grand championnat.
"Enfin !" sourit le cadet de la fratrie (45.55 cette année). "C’est presque absurde de se dire que cela n’arrive que maintenant alors que je suis en position de me qualifier depuis 2014. Les blessures ou un manque de réussite chronométrique en ont toutefois décidé autrement, alors c’est sûr que c’est une délivrance."
"Pour nous aussi, c’est super ! souligne, de son côté, Jonathan (45.57). Quand un proche réussit, ça vous apporte quelque chose. Être ici ensemble au quotidien, c’est un plus indéniable. Et dès que l’on ajoute un aspect positif, c’est bénéfique pour la performance. Vous savez, on s’entend très bien, on s’entraîne toute l’année ensemble, et être à trois en championnat a toujours été un rêve."
"Moi aussi, je trouve ça énorme d’avoir trois frères en individuel aux championnats d’Europe, embraie Kevin (45.52). C’est une réussite en soi. Avec les circonstances, les blessures, ce n’est pas toujours évident. Notre présence ensemble ici, à Berlin, est le signe que l’on a bien bossé. On va profiter du moment."
Chacun devant toutefois s’assurer de rester concentré sur sa tâche dès les séries. Et ce lundi, c’est Dylan qui s’élancera le troisième et verra donc les autres résultats avant.
"Le mieux est bien sûr que les trois performent, explique Kevin. Mais courir après les autres, ce n’est pas facile, il faut tout de suite se reconcentrer. Mais ça fait partie du jeu..."
Mais il faut un mental solide pour gérer ce genre de situation faisant intervenir les émotions.
"À Pékin 2008, avec Olivia médaillée et nous qui réussissons nos Jeux, le bonheur était complet? mais cela n’arrive pas souvent , reprend Kevin. Si Jo n’avait pas été présent en finale à l’Euro 2010, peut-être que je n’aurais pas gagné parce que j’aurais été trop soucieux de sa situation, que son absence m’aurait perturbé comme ce fut le cas aux Mondiaux 2009."
Dans l’idéal, les ouailles de Jacques Borlée aimeraient se retrouver en finale vendredi soir.
"Maintenant qu’on y est, on en veut encore plus ! On sait que ça va être très compliqué avec la saison que l’on a connue, mais on a bossé un maximum pour y arriver", lance Jonathan.
"Si cela se produit, j’aurai deux concurrents en moins ! sourit Kevin. Je ne vois pas mes frères comme tels. J’imagine que nos concurrents seraient un peu perturbés aussi d’avoir trois Borlée dans les pattes."
"Prendre trois places sur huit en finale, c’est compliqué, c’est sûr, mais si l’on se dit que c’est impossible, c’est perdu d’avance, souligne Dylan Borlée. Tout est possible ! Mais le niveau est très dense en Europe aussi, et il faudra batailler pour passer tour après tour. Je courrai ma série à fond, sans me retenir."
Et cela, d’autant qu’il a hérité du couloir 1 (le pire possible pour lui et son grand compas), Kevin et Jonathan devant se produire pour leur part au 8 dans les deux premières séries.
les Ingebrigtsen voient triple aussi
Le cas des frères Borlée n’est pas une situation unique dans le paysage de l’athlétisme européen. Si l’on a évoqué lors des Jeux de Rio le cas des triplées estoniennes Luik, en Norvège ce sont les frères Ingebrigtsen qui attisent aussi la curiosité des médias depuis plusieurs années déjà. Et à Berlin, Henrik (27 ans), Filip (25) et Jakob (17) veulent frapper fort puisqu’ils sont tous trois inscrits sur 1.500 m et 5.000 m ! Dans la première des deux épreuves, la perspective de les voir accaparer le podium est même réelle, bien que mince, les deux plus jeunes possédant les deux meilleurs chronos de l’année (3:30.01 et 3:31.18), pour le 9e à Henrik (3:35.61), qui mène le ranking sur 5.000 m. "Tout ce que je sais, c’est qu’ils ont leur émission de téléréalité mais je ne les connais pas personnellement. Ils ne s’entendent peut-être pas", sourit Kevin Borlée. "Non, je rigole mais c’est vrai que ce qu’ils réussissent, est impressionnant." Et tout particulièrement Jakob, le cadet, qui a effacé record sur record dans les catégories d’âge et se profile comme le plus talentueux de la bande…
Un Borlée dans 45% des médailles depuis 2007
Lors des 25 derniers grands championnats (Jeux Olympiques; Championnats du Monde et d’Europe indoor et outdoor), soit depuis le début de l’année 2007, l’athlétisme belge a atteint le podium à 29 reprises. Il est intéressant de constater qu’un membre de la famille Borlée - au moins - figurait sur 13 de ces podiums, soit un pourcentage de 45 %. Si l’on procède à un décompte individuel, les Borlée ont ainsi récolté pas moins de 25 médailles au cours de cette période (le total passe à 28 si l’on ajoute les World Relays, officieux Championnats du Monde de relais, où Kevin, Jonathan et Dylan furent médaillés de bronze avec Julien Watrin en 4x400 m). On notera enfin que les Belgian Tornados, avec 8 podiums, sont les principaux pourvoyeurs de médailles au cours de la période prise en compte.
Les médailles belges (mars 2007-mars 2018)
8 > Belgian Tornados
5 > Nafissatou Thiam
3 > Tia Hellebaut
2 > 4x100 m féminin (avec Olivia Borlée), Kevin Borlée, Thomas Van der Plaesen, Philip Milanov
1 > Kim Gevaert, Eline Berings, Svetlana Bolshakova, Dylan Borlée, Adrien Deghelt