Il y a 10 ans, Tia Hellebaut s'envolait vers le titre olympique: "Je n’aimais que l’or"
Le samedi 23 août 2008, à Pékin, dans son Nid d’Oiseau, Tia s’envole à 2m05 et devient championne olympique.
- Publié le 23-08-2018 à 11h58
- Mis à jour le 23-08-2018 à 13h59
Le samedi 23 août 2008, à Pékin, dans son Nid d’Oiseau, Tia s’envole à 2m05 et devient championne olympique. Ce 23 août 2008 reste l’un des plus grands moments de l’histoire du sport belge. Tia Hellebaut a fait chavirer la Belgique entière en clôture des JO 2008. La sauteuse en hauteur anversoise crée la surprise en battant la Croate Blanka Vlasic, immense favorite. À Pékin, 44 ans après Gaston Roelants, à Tokyo, 8 ans avant Nafi Thiam à Rio, Tia montait sur la plus haute marche d’un podium olympique en athlétisme. Le plus beau moment de sa carrière…
"Oh oui !", s’exclame l’Anversoise. "Une médaille d’or aux Jeux olympiques, c’est vraiment spécial. J’ai décroché quatre médailles internationales, toutes d’or, en 2006, à Göteborg, en 2007, à Birmingham, en 2008, à Valence, et bien sûr, à Pékin. Il faut croire que je n’aime que l’or…"
Tia n’a rien oublié de ce samedi 23 août 2008 dans le Nid d’Oiseau.
"J’étais très calme ! Normalement, en compétition, j’étais toujours nerveuse. Mais, là, j’étais très concentrée, mais très calme. Je ne sais pas pourquoi… Quand je compare Pékin 2008 avec Athènes 2004 et Londres 2012, le contraste est frappant. J’étais easy (facile). J’avais la sensation que tout devait bien se passer."
La pression était sur les épaules de la Croate Blanka Vlasic.
"C’était la grandissime favorite parce qu’elle avait remporté 34 concours d’affilée avant les Jeux ! En outre, elle a franchi toutes les barres au premier essai jusqu’à 2 m 05, une sacrée hauteur, même pour elle. Moi, j’étais très heureuse parce qu’en franchissant 2,03 m, j’étais déjà assurée d’une médaille. Le bronze, à ce moment-là. Mais je me suis rappelée de l’Euro de Göteborg où j’étais quatrième et où j’ai quand même fini par gagner avec un saut à 2 m 03 ! À Pékin, avec 2 m 01, j’avais réussi mon meilleur saut de la saison. Mais j’étais en grande forme et je savais que 2 m 03 ou même 2 m 05, c’était possible !"
Et Tia s’envola à 2 m 05.
Enceinte, elle mit fin à sa carrière quelques mois plus tard. Avant de revenir, puis de définitivement ranger ses spikes (pour la troisième fois après 2008 et 2010 !) le 6 mars 2013, accouchant de son troisième enfant, Lars, un an plus tard.
L’Anversoise travaille désormais dans l’événementiel, notamment au sein de la société Golazo. Et a lancé la Tia Hellebaut Academy. La transmission de son savoir aux plus jeunes est désormais la priorié de cette maman heureuse…
"J’étais une compétitrice dans l’âme"
Tia raconte ce 23 août 2008, le jour d’un concours qui a changé sa vie…
Dans un Nid d’oiseau sous haute tension, en ce samedi 23 août 2008, elles n’étaient donc plus que trois, la Croate Vlasic, la Russe Chicherova et Tia Hellebaut, à s’attaquer à 2,05 m, une barre qui s’avéra décisive pour l’attribution du titre olympique. Si elle savait qu’elle était capable de la franchir, Tia craignait logiquement la longiligne Blanka. Mais celle-ci manqua son premier essai, tout comme la Russe, alors que notre compatriote l’effaça de la plus belle manière. Le point rageur, elle se doutait qu’elle venait de porter un coup au moral de ses deux dernières rivales.
"Dans un premier temps, je me suis dit que j’avais gagné. Puis, je me suis ravisée parce que ce n’est jamais fini avec Vlasic. Bien sûr, j’étais très contente avec 2,05 m et je savais que c’était enough (assez) pour gagner. Mais Blanka avait, déjà sauté 2,06 m ou 2,07 m auparavant. Mais là, elle se retrouvait sous pression. Et je pense que ça a joué. Toutes, nous savions qu’elle perdait une partie de ses moyens quand elle se retrouvait au pied du mur. Alors j’étais assez confiante. Je n’étais, bien entendu, sûre de rien. Mais bon… Après avoir franchi 2,05 m, elle s’est attaquée, la première, à 2,07 m. Je n’ai pas vu ce saut. Mais j’ai entendu la réaction du public. Moi-même, j’ai tenté cette barre. Sans succès. J’avais un début de contracture au mollet et Wim m’a dit de passer l’essai suivant. Mais, au fond, quand j’y repense, j’étais très confiante. J’ai regardé le dernier saut en étant persuadée qu’elle ne pouvait pas franchir ces 2,07 m sous la pression."
Tia réalise alors qu’elle est championne olympique.
"J’étais très fière ! Et puis, a posteriori, je me dis que j’ai toujours bien sauté en compétition officielle, ce qui est essentiel pour la confiance. Pour Blanka, c’était un peu l’inverse. Elle a gagné beaucoup de meetings mais a connu quelques échecs, notamment aux Jeux, même si elle a décroché deux médailles, l’argent à Pékin et le bronze à Rio."
Derrière ce titre olympique de Tia, il y a, bien entendu, Wim Vandeven, son compagnon et entraîneur.
"J’avais une confiance aveugle en lui. Je me souviens que cette saison-là j’ai connu quelques soucis avec les tendons. Je n’ai d’ailleurs commencé l’année 2008 qu’avec un saut à 1,93 m. Mais j’ai été en progrès constant et, pour le moral, c’était capital !"
Paradoxe : avant son titre olympique à la hauteur, Tia Hellebaut a été sacrée championne du monde du pentathlon ! C’était en mars 2008, à Valence…
"J’avais besoin des épreuves combinées dans ma préparation. En fait, je n’étais pas qu’une sauteuse en hauteur, mais une athlète multidisciplines, ce qui m’a sans doute donné un avantage par rapport aux autres. Bon, quand on voit comment je termine le 800 m à Valence, ce n’est pas évident. Mais je ne m’étais pas spécialement entraînée pour ça ! En revanche, toutes les épreuves explosives m’ont servi pour le saut en hauteur."
"Je pesais moins de 60 kg !"
"À l’époque, je pesais moins de 60 kg ! Je suivais un régime et, pour être honnête, c’était dur. Ce le fut d’ailleurs pendant toute ma carrière, mais particulièrement en vue des Jeux de Pékin. Nous avions Frank Fol avec nous qui cuisinait des plats à base de légumes avec peu de calories et, surtout, je n’avais plus faim après avoir mangé. C’était capital pour moi. C’est pourquoi je pesais déjà moins de 60 kg, trois à quatre semaines avant Pékin, tout en mangeant à ma faim, mais, bien entendu, sans dessert…"