Coups de coeur et coups de griffes: l’année “athlé” 2018 dans le rétro
Le premier sport olympique a connu son lot de temps forts, tant au niveau international qu’au niveau belge, mais également l’une ou l’autre déception. Petit tour d’horizon de fin de saison...
- Publié le 27-12-2018 à 08h13
- Mis à jour le 27-12-2018 à 12h56
Le premier sport olympique a connu son lot de temps forts, tant au niveau international qu’au niveau belge, mais également l’une ou l’autre déception. Petit tour d’horizon de fin de saison...
Coups de coeur
Nafi Thiam, une championne indétrônable
Une deuxième victoire consécutive à Götzis au mois de mai et un titre de championne d’Europe en août, qui s’ajoutent à ceux de championne olympique et de championne du monde, pour deux heptathlons à plus de 6 800 points : Nafissatou Thiam a continué à marquer les esprits sur la planète athlé en 2018. Depuis les Jeux de Rio, la Namuroise n’a plus connu la défaite dans les épreuves combinées, ni en salle ni en plein air, un cap qu’elle a réussi à maintenir en dépit des attentes toujours plus fortes vis-à-vis d’elle et des études universitaires qu’elle mène en parallèle à sa carrière d’athlète de haut niveau. À 24 ans, l’élève de Roger Lespagnard continue de récolter les médailles d’or avec une régularité de métronome, même si tout ne fut pas simple à Berlin, où la Britannique Katarina Johnson-Thompson lui a contesté la victoire jusque dans la septième et dernière épreuve. Un scénario qui a permis à notre compatriote de faire valoir sa force mentale et ses qualités de battante. Nafi n’a rien lâché ! "On réduit souvent une saison au grand championnat d’été, mais c’est l’année dans son ensemble qui a été bonne", juge Nafi. "J’ai battu trois records personnels (NdlR : à la hauteur, avec un fabuleux 2,01 m à Götzis qui l’a installée au 3e rang mondial, mais aussi à la longueur et au poids), ce qui prouve que je continue à m’améliorer." Alors, en route pour une quatrième année de suite à la tête des bilans mondiaux ?
Sacoor se révèle, les Borlée unis sur le podium
Kevin et Jonathan Borlée en conviennent : ils ont vécu, à Berlin, les plus belles émotions de leur carrière à ce jour. Le 10 août dernier, les jumeaux ont, en effet, réussi à monter ensemble, pour la première fois, sur le podium du 400m dans un grand championnat. Un moment inoubliable pour Kevin, en argent, et Jonathan, en bronze, quelques heures avant l’or du 4x400 m ! Avec les Belgian Tornados, les Bruxellois arrivent toujours à se sublimer et le concours de leur frère Dylan mais aussi de leur partenaire d’entraînement Jonathan Sacoor n’y a pas été étranger. Ce dernier, à 18 ans, a connu une année 2018 particulièrement faste avec aussi une médaille de bronze mondiale (en indoor) avec le collectif belge dès sa première titularisation, un titre de champion du monde juniors (grâce à un superbe chrono de 45.03 sur 400 m) - le premier de l’histoire de notre pays - et une victoire lors du Mémorial Van Damme dans la foulée du titre européen de notre relais 4x400m. La révélation belge de l’année, remarquable d’aisance, d’envergure et de culot, court sur un nuage pour l’instant. De quoi faire rêver à une possible médaille mondiale avec le relais, que ce soit en 2019 ou en 2020 !
Kevin Mayer et Eliud Kipchoge écrivent l’histoire
Le dimanche 16 septembre 2018 restera comme une grande date dans l’histoire de l’athlétisme mondial : ce jour-là, Kevin Mayer, au décathlon de Talence, et Eliud Kipchoge, au marathon de Berlin, se sont emparés du record du monde des deux disciplines les plus mythiques du premier sport olympique. Le dieu du stade français et le Kenyan, considéré comme le meilleur coureur de fond de l’histoire, ont établi des performances inouïes : 9 129 points pour l’un et un chrono de 2h01.39 pour l’autre. Des références qui font des intéressés les nouveaux leaders de l’athlétisme mondial, Mayer ayant parfaitement rebondi après son échec des championnats d’Europe de Berlin où son décathlon a tourné court et Kipchoge voyant sa persévérance et ses nombreux sacrifices récompensés. N’allez, bien sûr, pas chercher plus loin les athlètes de l’année mais puisqu’il ne fallait donc en choisir qu’un, c’est finalement Eliud Kipchoge qui a émergé à l’issue du scrutin organisé dans le cadre des IAAF Athletics Awards. Avec 78 secondes rognées sur le précédent record de Dennis Kimetto, l’athlète de 34 ans a clairement frappé très fort !
Coups de griffes
Caster Semenya, un oubli coupable
Mais où était donc Caster Semenya ? Le nom de la Sud-Africaine de 27 ans manquait étrangement sur la short-list des cinq athlètes figurant en lice pour le titre d’Athlète de l’année, début décembre, à Monaco. Sur 800 m, elle a pourtant réussi les quatrième, sixième et huitième chronos de l’histoire, demeurant hors d’atteinte pour la concurrence dans son épreuve de prédilection où elle totalise désormais 29 victoires consécutives et une invincibilité de trois ans. Avec 5 victoires sur 6 courses de 400 m et 4 succès sur 5 en 1 500 m, Semenya présente par ailleurs, dans d’autres épreuves, un excellent ratio qui aurait dû la conforter dans un statut d’éligible pour un prix honorifique en fin d’année. Malheureusement pour elle, la médaillée d’or des Jeux du Commonwealth et des championnats d’Afrique a, croit-on, pour seul tort d’avoir un physique hors norme et de combattre la nouvelle réglementation de l’IAAF visant les athlètes hyperandrogènes dont elle fait partie. Pas vraiment un signe d’ouverture de la part de l’instance dirigeante…
La Russie toujours pas la bienvenue
L’année 2018 n’aura donc pas été celle du grand retour de la Russie dans le giron de l’athlétisme mondial : au début du mois de décembre, la Fédération internationale a ainsi décidé de maintenir la suspension du pays cher à Vladimir Poutine, laquelle a cours depuis trois ans maintenant et la révélation de l’immense scandale de dopage que l’on connaît. Derrière cette ligne stricte défendue par l’IAAF, à l’opposé de celle, critiquable, de l’Agence mondiale antidopage, se cache toutefois une réelle volonté de laisser concourir de plus en plus d’athlètes russes sous bannière neutre. Ils étaient ainsi pas moins de 72 aux championnats d’Europe de Berlin. Mais les progrès russes en matière de lutte antidopage ont été jugés - pour la 9e fois depuis novembre 2015 - insuffisants par l’IAAF. Et il faudra bel et bien à la Russie prendre toutes les dispositions nécessaires pour remplir toutes les conditions requises en vue de sa réintégration. Pas de pitié pour les tricheurs !
Une année sombre pour Philip Milanov
Ce n’était décidément pas son année ! Vice-champion du monde du lancer du disque en 2015, et vice-champion d’Europe de la discipline en 2016, Philip Milanov a joué de malchance, cette fois, avec une fracture de stress au pied qui l’a privé d’une participation aux championnats d’Europe de Berlin, le grand objectif de la saison. "J’avais démarré l’année en douceur et j’arrivais progressivement en forme lorsque les premières douleurs sont apparues au championnat de Belgique", a-t-il expliqué. "J’ai quasiment compris tout de suite de quoi je souffrais, et que je pouvais donc oublier Berlin. Un crève-coeur !" Il est vrai que le Brugeois voulait prendre sa revanche sportive après avoir manqué la finale des championnats du monde de Londres en 2017. L’athlète de 27 ans a donc dû reporter ses espoirs sur la saison 2019 qui sera marquée par les Mondiaux de Doha à la fin du mois de septembre. On espère l’y retrouver dans sa meilleure forme, histoire d’effacer deux saisons difficiles…