30 ans après la chute du Mur de Berlin, que reste-t-il des sports en ex-RDA ?
Évocation par Jean-Marc Ghéraille
- Publié le 08-11-2019 à 12h53
Évocation par Jean-Marc Ghéraille
Le 9 novembre 1989, le symbole de la séparation entre les deux Allemagnes et deux mondes tombait. Des milliers de citoyens est-allemands pouvaient à nouveau passer à l’ouest, comme on disait à l’époque. Cela mettait fin à une intense période de guerre froide mais aussi à un régime qui avait utilisé le sport comme arme politique et moyen de propagande.
Les athlètes étaient repérés au berceau, embrigadés sans leur consentement et médicalement dopés pour en faire des ambassadeurs du message politique communiste d’une République Démocratique Allemande qui n’en avait que l’adjectif.
Aujourd’hui encore, il reste des traces indélébiles de ce dopage d’état dans les palmarès. Mieux (ou pire), certains records établis dans les années 80 ne seront sans doute jamais battus. En 2019, Marita Koch (photo ci-dessus) détient toujours le meilleur temps mondial sur 400 mètres féminin en plein air (47.60) depuis octobre… 1985. Cette stratégie sportivo-politique a atteint son apogée lors des J.O. de Séoul en 1988, les derniers pour la bannière RDA, lorsque ce "petit" pays de 17 millions d’habitants a réussi l’exploit de rafler 37 médailles d’or (sur 120) devant les USA et derrière le voisin tout-puissant l’URSS.
En football, la RDA n’avait rien à envier ou si peu à son puissant voisin de la République Fédérale Allemande. Pire, le 22 juin 1974, lors du match d’ouverture de la Coupe du monde organisée en… RFA, le petit poucet est-allemand, au maillot blanc immaculé siglé du drapeau national, avait battu et humilié la grande équipe de Beckenbauer, Müller and Co (1-0). Elle avait même terminé première de son groupe de qualification même si cela n’avait pas empêché la RFA d’être sacrée championne du monde.
Les clubs est-allemands ont aussi marqué de leurs empreintes les coupes d’Europe. Principalement trois équipes ont sévi et même remporté de nombreux succès. Le FC Magdebourg reste à tout jamais le seul club issu de l’ex-RDA à avoir soulevé un trophée. C’était la coupe des vainqueurs de coupes, disparue en 1999, en s’imposant en finale contre le grand Milan AC (2-0) en 1974. Aujourd’hui, ce club végète en D3. Carl Zeiss Iena, finaliste de cette même compétition en 1981 (défaite contre le Dinamo Tbilissi), stagne au ùême étage. Le Lokomotiv Leipzig (qui n’est pas le Red Bull) évolue lui dans les séries dites provinciales après avoir été finaliste malheureux contre l’Ajax en 1987. Sur les dix-huit clubs que compte aujourd’hui la Bundesliga, la D1 de l’Allemagne réunifiée, seuls deux clubs sont issus de l’ex-RDA : l’Union Berlin, de retour à cet échelon après des années aux étages inférieurs, et le Red Bull Leizpig, club propriétaire d’un riche mécène. La RDA et sa politique sportive ultra nationaliste et ultra médicalisée se sont dilués dans la nouvelle Allemagne. La fin d’une époque où le sport et toute son artillerie lourde étaient brandis comme un étendard. Aujourd’hui , les anciens est-allemands ne vivent plus que de souvenirs et/ou doivent s’en créer de nouveaux.