Financièrement, le sport US domine le reste du monde !
Le magazine Forbes a publié son top 50 des clubs sportifs qui ont le plus de valeur. Décryptage.
- Publié le 03-08-2019 à 17h05
- Mis à jour le 06-09-2019 à 16h22
Le magazine Forbes a publié son top 50 des clubs sportifs qui ont le plus de valeur. Décryptage. Comme tous les ans, le magazine Forbes, spécialiste de l’économie, a publié son classement des équipes sportives les mieux valorisées. En résumé : quel club vaut le plus d’argent à l’heure actuelle ? Et on ne parle pas que de la valeur des joueurs. Cela va bien plus loin que ça. Alors certes cet aspect est pris en considération, mais il n’est pas le seul. Pour réaliser ce classement, Forbes y ajoute le chiffre d’affaires, la valeur de la marque ou encore la fanbase et un tas d’autres actifs qui jouent en faveur des franchises.
Et cette année, pour la quatrième fois consécutive, les grands gagnants sont les Cowboys de Dallas, célèbre franchise de football américain. Ils devancent l’équipe de baseball de New York (les Yankees) alors que le Real Madrid complète ce podium.
D’après les calculs effectués par le magazine, les Cowboys de Dallas valent aujourd’hui 4,52 milliards d’euros ! Mais comment expliquer ces chiffres impressionnants, surtout pour une franchise qui, sauf pour certains spécialistes, est plutôt méconnue du grand public ? "Il faut prendre en compte le facteur social ", explique Alexandre De Meeter, spécialiste en marketing sportif et en communication chez Sportimize. "Un sondage a démontré que pour 37 % des Américains la NFL est le premier sport."
Mais ce qui est le plus impressionnant dans ce nouveau classement, c’est la prédominance du sport américain sur le reste du monde : 42 des 50 équipes présentent dans ce classement proviennent du pays de l’Oncle Sam. Une domination qui s’explique par un facteur économique. "Ce qui est marquant dans le sport américain, c’est ce salary cap (plafond des salaires qu’une franchise peut donner pour l’ensemble de ses joueurs) qui est imposé aux équipes. Celui-ci est, toutes proportions gardées, relativement bas, ce qui permet d’investir plus d’argent ailleurs, comme dans la publicité par exemple, ce qui est plus compliqué en football, où les salaires représentent une part plus importante dans un club."
Sans oublier que le sport américain est moins "disséminé" que son homologue européen. "En NFL par exemple, il n’y a que 32 franchises", continue Alexandre De Meeter. "Le paysage footballistique est bien plus large et il est donc compliqué pour un club de foot d’atteindre les mêmes résultats qu’une franchise de NFL."
Sans diminuer la part importante que les résultats peuvent jouer sur la valeur d’une équipe professionnelle ! Car si Manchester United était premier du classement en 2012, les Mancuniens viennent de dégringoler à la 6e place. "Indirectement, le manque de résultats joue sur la valeur d’un club. En ne participant pas à la Champions League la saison prochaine, Manchester United perd déjà entre 80 et 100 millions d’euros, sans parler du ticketting et du merchandising qu’il y a autour. Certains pourraient s’étonner, dès lors, de retrouver le Real Madrid à la 3e place après leurs mauvais résultats mais il faut savoir que le club madrilène a paraphé un énorme contrat avec Adidas, qui a fortement fait grimper sa valeur marchande."
Mais des contre-exemples existent aussi en matière de résultats. Comment expliquer qu’une franchise comme les New York Knicks en NBA pointent à la 5e place de ce classement alors que la franchise n’a plus rien gagné depuis 50 ans ? "Tout simplement parce qu’il y a le Madison Square Garden Company qui est derrière", sourit Alexandre De Meeter. "Même si les résultats sportifs ne sont pas bons, il y a un holding derrière qui tente de faire un maximum de bénéfices. Le tarif des places est très élevé, la salle est remplie et les produits dérivés cartonnent. Grâce à cela, une équipe comme New York peut se positionner même sans gagner depuis des années, surtout en étant aux États-Unis, avec une offre plus faible en matière de franchise qu’en Europe."
Et en parlant de valeur justement, celle de ces équipes professionnelles ne cesse d’exploser. Si en 2012 il n’y avait qu’un seul club (Manchester United) qui dépassait la barre des 2 milliards de dollars, aujourd’hui ils sont plus de 50 ! "L’émergence du marché asiatique joue un rôle prépondérant. Les droits TV explosent, ils organisent de gros événements sportifs - PSG - Rennes s’est joué en Chine - et tout cela a un impact sur l’économie des clubs, ce qui était beaucoup moins le cas il y a cinq ans. Des matchs de Ligue 1 se sont joués à 12 h 30 l’année dernière pour répondre à la demande asiatique et ils sont capables de payer énormément pour avoir accès à ces événements."
Et tout cela devrait encore s’intensifier dans les années qui viennent. "C’est une évolution linaire. Les droits télé sont de plus en plus importants et le merchandising des clubs s’intensifie aux quatre coins du monde. On est passé par le Qatar, la Corée, le Japon et maintenant la Chine. Par contre, grâce à cette ouverture sur le marché asiatique, j’ai bon espoir, dans les années à venir, de voir plus de clubs de football européens entrer dans ce classement", conclut Alexandre De Meeter.
Ce qui est certain, c’est que, financièrement, le sport US continue de dominer outrageusement le reste du monde et qu’on n’est pas près de voir un club belge entrer dans ce classement. Du moins pas dans la prochaine décennie.