Thierry Neuville sur la piste Citroën
- Publié le 21-08-2018 à 11h29
- Mis à jour le 21-08-2018 à 11h55
Pierre Budar, successeur d’Yves Matton à la tête de Citroën Racing, ne cache pas son intérêt pour le Belge. On discutait beaucoup de 2019 sur les rives du lac de Bostalsee, cadre pittoresque d’un Rallye d’Allemagne qui, comme le GP de F1, pourrait disparaître du calendrier à l’avenir. Hormis le vainqueur Ott Tanak (Toyota) et le décevant Andreas Mikkelsen (Hyundai), tout le monde est sur le marché. Et donc tout le monde, ou presque, discute avec tout le monde.
"La saison des transferts débute généralement en Finlande, on est en plein dedans", sourit Thierry Neuville. "Je ne m’occupe pas de cela pour l’instant. Je laisse faire mon manager Geoffroy Theunis. La seule chose que je peux vous confirmer est que je suis en fin de contrat et que je n’ai encore rien signé pour la suite…"
Team-manager belge de l’écurie Hyundai, Alain Penasse l’a confirmé : "Garder Thierry est notre priorité. On essaie de mettre un maximum dans la corbeille pour que le mariage se poursuive une sixième année."
Mais Thierry et Nicolas ont-ils vraiment encore envie de rester ? Certes, le plus confortable et sûr pour eux serait de prolonger leur bail avec les Coréens, avec une belle augmentation de salaire en cas de titre mondial. Pour l’instant, fins stratèges, ils ne laisseront rien transparaître. Logique de cacher que vous regardez ailleurs quand vous jouez votre premier titre mondial avec une équipe et que vous avez besoin de 100 % d’attention du team.
Mais s’il est couronné, et encore plus s’il ne l’est pas, au final, notre compatriote n’aura-t-il pas envie d’aller relever un nouveau défi ? Surtout si on double son salaire et qu’on lui offre une voiture désormais capable d’aller vite quasi partout.
Aujourd’hui, la nouvelle référence est la Toyota. "Ils ont un moteur d’enfer. Mais je ne vais pas apprendre le finnois", nous a confié dimanche Thierry dans un très bon… français ! Normal, Thierry veut garder son statut de n° 1 et il serait idiot d’aller aujourd’hui cohabiter avec Ott Tanak. De toute manière, à priori, Tommi Makinen devrait bientôt confirmer ses trois pilotes.
Mais cela a été répété aussi ce week-end, la Citroën également a un bon moteur. Deuxième en Finlande où Hyundai a galéré, la C3 a signé un meilleur temps avec Craig Breen au Deutschland. Alors Toyota ou Citroën en 2019 ?, a-t-on lancé à Nicolas Gilsoul, très déçu par le manque de compétitivité sur asphalte de la i20 WRC depuis en fait plus d’un an. "Mon choix à moi est facile", nous a-t-il répondu. "C’est Thierry Neuville ! On ne me demande pas mon avis…"
N’empêche, sans un concours très favorable de circonstances, à la régulière, Thierry aurait dû terminer 4e en Allemagne. "On se fait humilier", pestait Nicolas samedi midi. "On a des évolutions, les autres des révolutions…"
"On peut encore améliorer le set-up, le moteur, les réglages du châssis pour l’an prochain", a positivé Thierry après l’arrivée. Un discours peu convaincant. Si c’était le cas, si le problème n’était pas conceptuel, de dimensions de l’auto, pourquoi ne pas déjà l’avoir fait pour l’Allemagne ?
De l’autre côté, Pierre Budar, nouveau patron de Citroën Racing, a avoué vouloir dans son équipe, pour 2019, "un pilote capable de gagner partout car nous voulons reconquérir les titres." Et la direction française est visiblement prête aujourd’hui à sortir le gros chéquier pour renouer avec son glorieux passé plutôt que de continuer à faire de la figuration avec des pilotes soit pas assez bons soit manquant d’expérience. Les deux pilotes visés sont clairement Sébastien Ogier et Thierry Neuville : "Oui, on veut un pilote de ce calibre", nous a avoué le patron qui sait pertinemment bien aujourd’hui que pour poursuivre sa progression et retrouver la voie du succès après avoir viré la tête brulée Kris Meeke, il faut se payer un des trois ténors actuels du Mondial. Et comme Seb Ogier ne serait, a priori, pas plus tenté que cela, la piste Neuville semble sérieuse…