Ogier pousse Citroën vers la sortie
Une décision du sextuple champion de ne pas honorer son contrat lourde de conséquences.
- Publié le 20-11-2019 à 21h50
Une décision du sextuple champion de ne pas honorer son contrat lourde de conséquences. Il était le champion qui devait ramener le titre chez Citroën avec les neuf couronnes mondiales décrochées par son prédécesseur Seb Loeb.
Et, au final, seulement douze mois après avoir rejoint une Armée rouge en déroute, il est celui qui, officiellement, la pousse à arrêter le WRC.
"La décision de Sébastien Ogier de ne pas rester avec nous l’an prochain et l’absence de pilote de pointe sur le marché (NdlR : sympa pour Esapekka Lappi et tous les autres pilotes actuellement sans volant) nous ont poussés à arrêter le WRC de manière prématurée", a confirmé hier dans un communiqué laconique le constructeur français.
En gros, c’est la faute au Gapençais si Citroën quitte le WRC après dix-huit années de présence, neuf titres pilotes, huit couronnes constructeurs et 102 victoires, soit le plus gros palmarès en WRC.
Il serait plus juste d’analyser pourquoi le sextuple champion a décidé de quitter le navire. Troisième du championnat avec seulement trois victoires cette année, le Français s’est souvent plaint du manque de compétitivité de sa C3 cette saison, de son manque de motricité et de performances sur asphalte.
Citroën Racing avait entamé un important travail de développement pour tenter de remédier à cela, de combler ses lacunes.
Des essais ont été effectués le mois dernier avec un tout nouveau kit aérodynamique développé par Oreca.
Ogier s’en serait sans doute contenté si le transfert surprise du champion Ott Tanak chez Hyundai ne lui avait soudainement offert sur un plateau d’argent la possibilité de s’asseoir pour sa dernière saison en Mondial dans la meilleure WRC du moment, même si Toyota n’est plus champion des constructeurs.
On avait compris que le fil était cassé en Espagne le mois dernier quand, après que Seb Ogier a vu ses ultimes espoirs de conserver son sacre s’envoler sur bris de direction assistée, sa femme, Andrea Kaiser, lança ce tweet revanchard et irrespectueux : "Que dire de Citroën Racing ? La honte d’offrir une telle voiture à un sextuple champion." Suivi du hastag "Shitroën".
Le vers était dans le fruit et la décision, sans doute déjà prise. Le directeur sportif Pierre Budar tenta bien de rattraper le coup, en vain.
Seb Ogier a pu faire valoir une clause (de résultats ?) pour ne pas devoir honorer son contrat de deux ans.
Malgré un budget de 22 millions déjà approuvé, Citroën, qui pensait viser le titre et cinq victoires l’an prochain, quitte donc le WRC deux ans avant que Peugeot ne prenne le relais de la compétition en retournant en championnat du monde d’Endurance.
Douze mois après avoir déjà perdu Seb Loeb, les Chevrons lâchés par Seb Ogier quittent le WRC brusquement par la petite porte. Bien triste pour une marque ayant tant apporté à la discipline…
Olivier de Wilde