Neuville: "J'estime dans ma position actuelle avoir plus de chance d'être sacré qu'Ogier"
- Publié le 29-10-2018 à 07h00
- Mis à jour le 29-10-2018 à 08h55
2e du Mondial à trois points, Thierry Neuville se sent favori pour le titre en Australie. Très mal embarqué vendredi, neuvième du général à une minute après avoir balayé un max sur la terre, Thierry Neuville s’en est une nouvelle fois tiré à bon compte en Espagne. Grâce à la crevaison coûtant la victoire à Ott Tanak il faut bien l’avouer, grâce au succès du pigiste Sébastien Loeb empêchant Ogier de creuser un bien plus grand écart, mais aussi en échouant à une demi-seconde à peine du podium final.
On peut dire que nos compatriotes, auteurs samedi de deux meilleurs temps sur l’asphalte détrempé, sont revenus de bien loin.
Certes, ils ont perdu la 3e place, certainement cinq à six points (les premiers intermédiaires étaient bons) et la tête du championnat dans l’ultime Power Stage. "La faute à pas de bol, expliquait le pilote Hyundai. Dans une corde à couper, il y avait une grosse pierre sortie par Elfyn Evans juste devant moi. Je n’ai pas pu l’éviter et j’ai cassé la jante arrière droite."
Du coup, alors qu’il était revenu jusqu’à 3.8 d’Ogier lors de la première boucle dominicale, il se faisait reprendre dix unités par le Français. Un quintuple champion du monde s’emparant de la tête du Mondial avant la finale australienne dans un peu plus de deux semaines. Avec seulement trois points d’avance. Tout reste donc possible dans le clan belge.
"On se posait la question de savoir s’il fallait perdre volontairement une place ou deux au dernier pointage afin de ne pas arriver en Australie avec le balai d’ouvreur, poursuivait le Saint-Vithois. Eh bien on peut dire que dieu est avec nous. Il a choisi à notre place. C’est un signe du destin."
La chance du champion dont Thierry semble bénéficier depuis quelques courses ? "Je l’espère !"
C’est donc en seconde position que l’équipage de la i20 WRC s’élancera lors de la première étape du vendredi aux antipodes. "Comme l’an dernier, derrière Seb Ogier. Et je m’étais imposé. C’est très difficile d’ouvrir la route là-bas, encore plus qu’ici. La différence entre le premier et le deuxième est énorme."
Pas question donc de baisser les bras ni de céder à la panique. "Je ne vais tout de même pas pleurer. Honnêtement, je trouve que le résultat du week-end est assez positif. Cela aurait pu être bien pire si Ott Tanak avait gagné ou si Sébastien Loeb n’était pas resté devant l’autre Seb. Je dois avouer que j’étais supporter du pilote Citroën aujourd’hui même si je trouve dommage qu’un pilote ne participant pas au championnat débarque en bénéficiant d’un immense avantage en partant loin sur la terre lors de la première étape. Le règlement devrait évoluer."
Même si sans le nonuple champion du monde, le retard de Thierry ne serait pas de trois, mais de six unités.
"C’est vrai qu’il a été mon allié aujourd’hui, mais sans lui c’était aussi un autre rallye. Et s’il avait plu ce dimanche, je pouvais gagner."
Tout se jouera donc la tête en bas dans moins de trois semaines. "Je me répète, mais j’estime dans ma position actuelle avoir plus de chance d’être titré que mon rival. Car un abandon sera de toute manière éliminatoire. C’est moi le tenant du titre en Australie. Je sais que je peux remporter cette épreuve sur laquelle ma Hyundai fonctionne bien. J’ai toujours mon sort entre les mains. Celui de nous deux qui s’imposera sera assuré de la couronne."
Et si c’est Tanak qui gagne ? "Alors ce sera celui de nous deux qui termine devant l’autre pour ainsi dire."
Pour autant qu’il soit sur le podium.
Allez soyons un peu chauvins : bien sûr qu’on y croit toujours à ce premier titre de Thierry Neuville et Nicolas Gilsoul !
Les notes de Nicolas Gilsoul
L’équipier de Thierry Neuville avait retrouvé la banane dimanche après-midi après l’arrivée de ce Rallye d’Espagne. Au sens propre comme au figuré : "Ce rallye a vraiment été éprouvant pour moi. Il y avait énormément de travail, de pression, et j’étais diminué physiquement par mes problèmes intstinaux en début de course. Durant 48 h je n’ai rien mangé."
Et pourtant, l’équipier liégeois s’est régalé sur les spéciales catalanes. "Oui, c’est vrai que j’ai pris mon pied car on a roulé ventre à terre durant trois jours. Et hormis un petit tout droit, Thierry n’a de nouveau pas commis la moindre faute. Et pourtant, je peux vous jurer qu’on a attaqué du premier au dernier mètre. Notre seule erreur aura sans doute été de ne pas raper nos pneus comme Ogier avant la spéciale show de Barcelone jeudi soir. On doit encore apprendre à être un peu plus rusé comme l’est Seb. Ce sont des secondes bêtement perdues. Pour le reste, rien à redire."
Même à propos du bris de jante entraînant une crevaison et lui coûtant le podium dans la dernière, Nico se veut philosophe : "L’univers a décidé pour nous. Avec le tapis de poussière qu’il y a, si tu n’as pas dix points d’avance au moins avant l’Australie, tu ne pars pas tranquille. On l’a vu l’an dernier. De notre côté, on reste sur une victoire là-bas en partant justement deuxième derrière Ogier. C’est bon pour le moral et la confiance. On sait qu’on peut le faire. Il n’y a plus qu’à rééditer cela et le titre sera dans la poche."
Ogier : "Déjà gagné en partant devant"
Battu de moins de trois secondes par son vieux rival de ses débuts et compatriote Sébastien Loeb, Sébastien Ogier est monté sur le toit de la Citroën pour embrasser le vainqueur. Un geste sympa. "C’est beau ce qu’il a fait," s’exclamait le Gapençais regrettant juste quelques mauvais choix de pneus. "Moi, à 44 ans, je ne serai plus ici, c’est certain. Mais je ne suis pas surpris. J’aurais parié sur lui avant le départ. Il a bénéficié de la meilleure position sur la route sur la terre puis de la meilleure WRC sur asphalte."
La Citroën C3 qu’il pilotera justement en 2019. Toujours avec le N°1 ? Avant la finale, le pilote Ford a en tout cas repris la tête du Mondial. "Les points, il vaut toujours mieux les avoir en poche. Je préfère ma position à celle de Thierry. S’il abandonne, c’est cuit pour lui. La pression est de son côté. Ouvrir la route ne sera comme d’habitude pas facile, mais j’ai déjà gagné quelques fois là-bas en partant premier."