Le Rallye de Monte-Carlo n’est pas une loterie : “Vous pouvez vous planter à du 30 km/h”
Seuls six vainqueurs n’ont pas été couronnés.
- Publié le 22-01-2019 à 15h01
- Mis à jour le 22-01-2019 à 15h02
Seuls six vainqueurs n’ont pas été couronnés. Créé en 1911, le Rallye Monte-Carlo, plus vieille épreuve du championnat du monde dont la 87e édition débute ce jeudi de Gap, est aussi le plus célèbre, le plus légendaire. Comme en F1, Monaco a quasi couronné tous les plus grands champions. Un palmarès aux allures de livre d’or.
Compte tenu de conditions hivernales très changeantes avec parfois des spéciales totalement sèches, 100 % enneigées, verglacées, simplement mouillées ou un mix des quatre, la traditionnelle manche d’ouverture du Mondial WRC constitue un véritable casse-tête au niveau des choix de pneumatiques. Les pièges y sont généralement plus nombreux que partout ailleurs et le nombre de sorties de route plus élevé que la moyenne.
Voilà sans doute pourquoi on évoque généralement la roulette monégasque, allusion au casino royal de la Principauté. Mais à bien y regarder, si certains à l’instar de notre Thierry Neuville y ont parfois manqué de réussite, on ne gagne jamais le Monté par hasard. Sur un coup de poker pneumatique, c’est déjà arrivé, oui. Mais la chance, certains à l’image des deux Sébastien détenteurs du record de palmes monégasques, savent la provoquer.
Lors des treize dernières éditions comptant pour le Mondial, les recordmen de succès Loeb (7 victoires) et Ogier (les cinq dernières, celle d’il y a dix ans ayant été acquise en IRC sur une Peugeot 207) n’ont été battus qu’une fois : en 2006, année où le Gapençais n’était pas encore là et son rival alsacien, défendant cette année-là les couleurs de l’écurie belge Kronos, était sorti de la route, la victoire revenant dès lors à un Marcus Grönholm détestant pourtant cette joute. "J’adore la glisse comme en Suède. Mais rouler sur du verglas ou de la neige sans clous ou avec un cloutage limité comme ici est dangereux", avouait le Finlandais à l’époque. "Vous ne contrôlez rien. Vous pouvez vous planter à du 30 km/h."
C’est vrai qu’il y a plus de risques d’accidents dans les montagnes françaises que sur les pistes suédoises. Mais c’est cela qui fait toute la difficulté, la particularité et le charme de ce monument ayant consacré les plus grands.
Une statistique est édifiante : depuis la création du championnat du monde des pilotes en 1979, soit il y a quarante ans, seuls six vainqueurs du Monte-Carlo (quand il comptait pour le WRC) n’ont jamais été sacrés champion du monde : les Français Bernard Darniche (1979), Jean Ragnotti (1981), Bruno Saby (1988) et François Delecour (1994), l’Italien Piero Liatti (1997) et le regretté Finlandais Henry Toivonen quelques mois avant de se tuer en Corse en 1986. Ce n’est pas un hasard.
Par contre , tous ceux qui seront battus ou abattus dimanche soir pourront toujours se consoler avec cette autre statistique : sur les quarante dernières années, le lauréat monégasque n’a décroché la timbale en fin d’année qu’à quatorze reprises, dont neuf fois lors des quinze dernières années avec les deux Seb.
Conclusion : le Monte-Carlo couronne généralement des champions, mais pas toujours celui de l’année… C’est ce qu’on retiendra fin de semaine si Thierry Neuville (un seul podium en sept participations) ne parvient à nouveau pas à s’imposer à domicile !