Décevant sixième en Finlande, Thierry Neuville doit mieux se préparer
Décevant sixième en Finlande, le Belge voit ses espoirs de titre mondial filer.
- Publié le 05-08-2019 à 07h02
- Mis à jour le 06-08-2019 à 20h37
Décevant sixième en Finlande, le Belge voit ses espoirs de titre mondial filer. Appelons un chat un chat. Même si son discours reste positif, même s’il bénéficie de certaines excuses et a sauvé 12 points grâce à son 2e chrono (par ici les 4 unités bonus) dans la Power Stage, Thierry Neuville n’a pas fait le Rallye de Finlande qu’on et surtout qu’il attendait.
Comme en Italie, il a terminé 6e en profitant du double abandon de Kris Meeke et du sacrifice de Craig Breen découvrant la voiture après neuf mois d’absence du WRC. Contrairement à ses deux équipiers, rarement vus à pareille fête (trois scratchs pour Andreas Mikkelsen, comme le dernier jour en Sardaigne) et élogieux sur le comportement de leur monture, Thierry n’a jamais semblé dans le match. Il a perdu des valises dans les premières spéciales où il semblait complètement perdu, dans un mauvais rythme, s’interrogeant sur son pilotage. Comme en Italie, son faux départ a eu un effet boule de neige. Comme sur l’île sarde où Dani Sordo s’était imposé, il est passé à côté de son rallye et est le 3e pilote Hyundai.
Les excuses, on les connaît, elles n’ont quasi pas changé depuis le mois dernier : mauvaise position sur la route (3e pendant la majorité de l’épreuve), Toyota trop rapides et essais disputés sous la pluie. Alors que tout semblait pourtant bien fonctionner lors du shake down, l’équipage belge s’est fourvoyé dans ses réglages. En Sardaigne, c’étaient plutôt des mauvais choix de pneus et un différentiel mal réglé. Ici, le jeune papa incriminait surtout en début de course des suspensions trop souples et dans l’ensemble un train arrière rendant sa monture trop survireuse. Mais si l’auto n’est pas bien réglée, c’est aussi de sa responsabilité.
Andrea Adamo, boss de Hyundai Motorsport, l’a avoué : "Je suis triste de n’avoir pu donner à mes pilotes une auto pour se battre pour le podium."
Malgré les jokers et évolutions, la Hyundai n’était pas encore au niveau de la concurrence en Finlande, c’est une évidence.
Mais il n’y a pas que cela : pour éviter de se prendre une gifle et de déguster en perdant plus de dix secondes dès la première spéciale sur un rallye où l’on se bat généralement à coups de dixièmes, il faut s’entraîner dans des conditions comparables.
Disputer le Rallye d’Estonie deux semaines avant, comme Ott Tanak, Esapekka Lappi, Andreas Mikkelsen et Craig Breen, était certainement plus bénéfique que de faire le show à Ypres et s’amuser en kartcross ou TCR. Surtout pour découvrir et mettre au point des évolutions sur son auto qu’il n’a pu tester en Belgique.
Pas sûr non plus que de disputer une épreuve de TCR allemand la veille de partir en reconnaissances soit la meilleure préparation pour le prochain Rallye d’Allemagne. À force de se disperser, le Saint-Vithois risque de se perdre ainsi que ses repères.
Ses deux meilleurs temps lors des spéciales show en grande partie sur asphalte nous ont heureusement un peu rassurés. Normalement, cela devrait aller mieux que ces dernières années outre-Rhin et sur l’asphalte catalan. La Hyundai a été forte l’an dernier en Turquie et devrait pouvoir rivaliser avec les Toyota, Citroën et Ford au Pays de Galles et en Australie.
Tout n’est donc pas perdu, non. Il reste un peu d’espoir même si cela s’annonce très dur. Mais pour maximaliser ses chances, il faudrait maintenant rester concentré sur le WRC et ne plus louper ses essais ou chances de tester dans des conditions équivalentes. Car Toyota et Ott Tanak, on l’a vu en Finlande, ne flancheront pas chaque fois. Et la régularité ne suffira plus pour remonter au championnat.
Pour garder ses chances de décrocher le titre, il faut maintenant stopper l’hémorragie et impérativement jouer la gagne en Allemagne et en Turquie. Avec un Thierry Neuville et une Hyundai à 100 %, c’est possible. Même si le rêve s’éloigne, on veut encore y croire
Des chiffres inquiétants
Les statistiques sont parlantes et inquiétantes dans l’optique du titre mondial. Sixième, puis neuvième ici, en 2017 et 2018, Thierry Neuvile avait néanmoins toujours quitté la Finlande en tête du championnat du monde. Il y a deux ans, à égalité avec Sébastien Ogier. L’an dernier, avec 19 points d’avance sur le Français et 44 sur l’Estonien Ott Tanak, désormais solide leader. Et vous connaissez la suite…
Cette fois, c’est lui le chasseur puisqu’il revient encore de Jyvaskyla sans trophée, mais avec 25 unités de retard sur Ott Tanak et 3 sur celui qui l’a battu d’ores et déjà quatre fois pour le titre mondial. Après un bon début de saison, Thierry a perdu pied sur les quatre dernières manches. Le Chili a été un premier tournant. La Finlande, un second. Et l’on espère que les deux ne sont pas liés…
En quatre courses, Thierry a marqué seulement 45 points contre 58 à Ogier et, surtout, 98 à Tanak. Il est urgent de réagir et d’essayer d’inverser la tendance. Si, bien entendu, c’est encore possible… Réponse très prochainement.