Neuville à Monaco: "Ici, la course se joue à 99 % en qualifs"

Il était 20 h 45 et notre compatriote effectuait son ultime mission du jour. Une apparition pour Sparco, le partenaire équipementier de McLaren annonçant un renouvellement de bail pour quatre ans avec Stoffel comme nouvel ambassadeur.

L’occasion de constater que notre Stoff est un vrai pro. Et pas que du volant. Il fera parfaitement le job en parvenant à intéresser l’audience en nous parlant de chaussures, de gants et de sous-vêtements ignifugés.

On le retrouve juste après pour évoquer cette première journée d’essais libres : "Une catastrophe le matin avec une monoplace inconduisible, beaucoup mieux l’après-midi," confie-t-il. "Mais il reste du travail. L’auto est encore compliquée, imprévisible. Mon feeling n’est pas super. Je ne suis pas assez en confiance pour attaquer à 100 %, aller chercher la limite, flirter avec les rails."

C’est pourtant ce qu’il va falloir faire ce samedi avec, après une dernière séance libre entre midi et 13 h, la qualification à partir de 15 h.

"La piste évolue constamment sur ce tracé urbain", explique Fernando Alonso. Il faut en effet s’imaginer que les trois quarts du circuit ont été réouverts à la circulation hier à 13 h. Et que le public a fait la fête jusqu’à l’aube ce matin sur une zone de 300 m entre la Piscine et la Rascasse transformée en festival musical où de vulgaires gogos danseuses excitent les sens et où la bière et le champagne coulent à flots, y compris par terre… "Samedi, on va tourner deux secondes plus vite. Il faudra s’adapter et sortir le tour de magie au bon moment car ici, vu qu’il est impossible de dépasser, la course se joue à 99 % en qualifs."

Stoffel le sait . Il va devoir se cracher dans les mains (et pas dans les rails) cet après-midi. "Le Top 10 est l’objectif. Avec un peu de chance, c’est jouable. Mais on a pas mal de concurrence en milieu de peloton."

L’exploit pour notre représentant ne serait pas de battre une Red Bull, une Mercedes ou une Ferrari car c’est quasiment impossible, mais bien son équipier espagnol pour la première fois de la saison. Avec le matériel mis à disposition actuellement, impossible de faire mieux.

"J’espère aussi gagner un jour au plus haut niveau", lance-t-il en se tournant vers son ami Thierry Neuville pour encore le féliciter pour sa victoire portugaise. Avant de s’éclipser discrètement. Il est 21 h 20 : "Bien dormir et rester concentré sur la course, voilà le secret." Pas évident lors d’un GP à domicile où les distractions et les opérations de marketing se multiplient. Hier encore, la journée off fut loin d’être de tout repos : débriefing avec les ingénieurs, interviews, sessions d’autographes, opération pour une œuvre caritative, Stoffel a encore eu un vendredi bien chargé. Mais cette année, il a refusé de défiler le soir sur la scène du Amber Lounge. Histoire de pouvoir être plus tôt dans son lit…

Neuville: "Une vie de rêve"

Le leader du Mondial WRC est venu pour soutenir son ami Stoffel Vandoorne

De retour chez lui à Monaco, quatre jours après avoir gagné et pris la tête du Mondial au Portugal, Thierry Neuville est venu soutenir son ami Stoffel Vandoorne qu’il a rencontré sur le pont du yacht Superfun.

"On a débuté ensemble au sein du RACB National Team. On a gravi les échelons parallèlement, lui en circuit, moi en rallye. On s’est toujours soutenus. Et on est devenus encore plus amis depuis que l’on habite tous les deux ici. C’est exceptionnel d’avoir deux pilotes belges chacun au top dans sa discipline. Bon là c’est un peu plus dur pour Stoffel en F1 à cause du matériel, mais il n’est qu’au début de sa carrière, cela va évoluer. Je lui souhaite de pouvoir gagner un jour."

Pour Thierry Neuville, les résultats sont là aujourd’hui. Il vit à Monaco et mène le Championnat du Monde des rallyes. Aurait-il pu imaginer cela il y a vingt ans quand il était encore gamin ?

"Pas du tout, pas du tout. Je suivais peu le rallye WRC à l’époque, juste les petites épreuves dans mon coin. C’est le destin, le fruit de pas mal de travail. J’ai eu de la réussite et ma vie a fortement changé."

C’est devenu une vie de rêve ?

"Oui. Il y a des contraintes bien sûr. J’ai fait pas mal de sacrifices à mes débuts. Mais aujourd’hui, je peux en profiter plus. Car j’ai les moyens, mais aussi car sept ans d’expérience en WRC permettent d’être plus serein, plus posé, moins stressé. Ma vie est plus sympa aujourd’hui qu’il y a deux ou trois ans encore."

Vous gagnez pas mal d’argent, qu’en faites-vous ? Vous n’avez pas encore de yacht dans le port ?

"(Rire) Certainement pas. Vous êtes heureux deux fois avec un yacht. Le jour ou vous l’achetez et le jour où vous réussissez à le revendre ! Je garde bien les pieds sur terre. Je me fais plaisir. J’ai quelques belles autos. Je mets aussi des sous de côté car vous ne savez jamais combien de temps votre carrière va durer. Cela peut aller d’un à quinze ans. Je peux avoir un accident. Regardez ce qu’il vient d’arriver à Kris Meeke. On ne sait pas de quoi l’avenir est fait. J’ai aussi investi dans un bâtiment à Saint Vith où j’ai construit mon atelier. Je voudrais peut-être monter mon propre team dans le futur."

Que feriez-vous si vous gagniez 100 millions ?

"Cela ne changerait rien. Je peux déjà me payer ce que je veux. La seule chose qu’il me manque c’est le titre mondial. C’est mon unique objectif. Toute ma vie tourne à 100 % autour du rallye."

Il n’y a pas d’autre discipline qui vous intéresse ?

"Si, mais en ce moment je m’investis à fond en WRC. Après, quand j’aurai été champion et que je serai plus vieux, je pourrais faire du rallye raid, du rallycross ou alors participer aux 24H du Nürburgring et de Francorchamps."