Moto GP: L’Australie cherche un successeur à Stoner
Considérée comme une nation forte de la vitesse pure moto, elle ne l’est pas tant que cela. Mais ses trois champions du monde ont marqué les esprits...
- Publié le 26-10-2018 à 20h04
- Mis à jour le 13-03-2019 à 14h28
Considérée comme une nation forte de la vitesse pure moto, elle ne l’est pas tant que cela. Mais ses trois champions du monde ont marqué les esprits... En septante ans, la vitesse pure moto a sacré six nations : l’Italie (vingt titres), la Grande Bretagne (dix-sept titres), les États-Unis (quinze titres), l’Espagne (dix titres), l’Australie (huit titres) et la Rhodésie (un titre). Cinquième pays sur six et pourtant les Aussies sont considérés comme les caïds de la discipline, tant Wayne Gardner, Mick Doohan et Casey Stoner ont laissé une image forte. "C’est peut-être lié à leur personnalité", explique Didier de Radiguès, vice-champion du monde 350 cm³ en 1982 qui s’est frotté aux Garner et Doohan. "C’étaient des gars entiers, directs, qui ne tournaient pas autour du pot quand il y avait un souci, mais qui étaient aussi capables de vider un bac de bière avec les autres quand tout allait bien."
Des pilotes très demandés aussi par les constructeurs japonais. "Dans les années 80 et 90, les Japonais n’étaient pas bons et, vu la proximité entre le Japon et l’Australie, Honda est allé chercher ses pilotes sur le cinquième continent où le championnat Superbike était très relevé", poursuit le meilleur pilote belge de tous les temps. Coup de projecteur sur ces champions australiens.
Jack Findlay
C’est Jack Findlay qui ouvre la voie et qui impose le kangourou sur les pistes moto, kangourou qui orne l’avant de son casque. L’homme a du talent, il anime le championnat entre 1958 et 1978, avec trois victoires et le titre de vice-champion du monde 500 cm3 en 1968. Findlay installe l’Australie sur la carte du sport motocycliste avec vingt saisons au plus haut niveau, une des plus longues carrières de l’histoire avec celles d’Angel Nieto, Loris Capirossi et Valentino Rossi. Première image forte.
Gardner et Doohan
Dans les années 80, Rothmans est un gros sponsor en sports mécaniques. La marque est particulièrement puissante en Asie, aussi le cigarettier et Honda créent une véritable filière australienne. Wayne Gardner en est le premier fer de lance. Pendant dix saisons, il affronte les stars américaines, Spencer, Lawson, Rainey, remporte dix-huit Grands Prix et gagne le titre mondial en 1987. Deux ans avant l’arrivée de Mick Doohan qui, lui, va créer le big-bang, tant pour la moto que pour son pays. "Il est arrivé 1989, en droite ligne du Superbike, se souvient de Radiguès. Assez tard, avec un style très particulier, très tordu sur la moto. Il inclinait sa machine très tôt et très fort à l’amorce des virages, pour alléger l’arrière et la faire tourner tout en glisse." L’Australien n’a pas l’expérience des catégories inférieures mais il a du talent. Beaucoup. Il décroche un premier podium pour son sixième Grand-Prix. Une première victoire au vingtième, à la fin de la saison 1990 qu’il achève à la 3e position. Victime d’un gros accident, il faut attendre 1994 pour voir Doohan libérer tout son potentiel et, là, c’est un tsunami. Âgé de 29 ans, il aligne cinq championnats du monde successifs : 1994, 1995, 1996, 1997, 1998. Une domination australienne renforcée par la présence de Daryl Beattie, pilote privé, vice-champion, derrière Doohan, en 1995. Seul Giacomo Agostini a remporté autant de titres consécutivement jusque-là, mais la médiatisation était moins forte. Cette fois, ça y est, l’Australie est complètement assimilée à la moto comme Senna a fait du Brésil la terre de la F1. Un phénomène accentué par la succession des deux champions, Ayrton Senna trouvant la mort au moment même où Doohan commence à gagner. Et de quelle façon. Son palmarès affole les statistiques, cinquante-quatre victoires et nonante-cinq podiums en cent trente-sept Grands Prix. La saison 1997 est devenue mythique avec douze victoires en quinze courses, dont dix succès consécutifs pour le pilote Honda. La série aurait pu continuer si Doohan n’avait pas mis un terme à sa carrière en 1999 après une nouvelle blessure.
Les outsiders se rebiffent
Titre en poche, Marc Marquez est arrivé en Australie plus détendu que jamais. Lors des essais libres de ce vendredi après-midi, il fit un peu de jardinage sans tomber, imité par Rossi d’ailleurs, alors que Bautista, remplaçant de Lorenzo, sur la Ducati officielle, ne put éviter la chute ! Il y a du monde à l’infirmerie où réside Tito Rabat depuis un certain temps, rejoint par Cal Crutchlow dont la cheville droite et une partie du tibia ont été fracturés hier en Australie. Il sera opéré et on ne sait pas si on le reverra avant la fin de la saison. L’Anglais, toujours avec les meilleurs, appartenait à la catégorie des outsiders qui se rebiffent. Preuve par le classement de vendredi après-midi avec Iannone devant Petrucci. Il y a dix vainqueurs potentiels dans cette catégorie plus ouverte que jamais. Xavier Siméon, 20e, a vécu une journée folle. "Aborder ce circuit en Moto GP, c’est entrer dans un autre monde. Je me suis blessé l’an dernier et j’ai donc entamé les essais libres sans me précipiter. Mon pneu arrière soft ne m’a pas permis de progresser mais, samedi et dimanche, je serai plus compétitif." Foi de Siméon ! On ne demande qu’à voir…
Casey Stoner
La fierté, les Australiens l’ont encore vécue de 2007 à 2012 avec Casey Stoner, le roi de Phillip Island. Stoner n’a disputé que six saisons de Moto GP mais, durant sa courte carrière, il s’est imposé six fois d’affilée sur ses terres, et a remporté deux titres de champion du monde. À l’inverse de ses aînés, il n’est pas très charismatique et la moto ne représente pas, pour lui, une fin en soi. Riche de trente-huit victoires, il se retire à 27 ans préférant se consacrer à sa famille. "Dommage !, relève Didier de Radiguès. Parce qu’il avait un talent équivalent à celui de Marc Marquez qui vient de remporter son cinquième titre, et il aurait été intéressant de les voir courir l’un contre l’autre." Depuis, l’Australie se cherche un nouveau champion. Jack Miller est le mieux placé pour y parvenir, actuel pilote Ducati, il a déjà une victoire à son tableau de chasse et s’approche de plus en plus souvent des places d’honneur. Derrière lui, en Moto2, il y a aussi Remy Garner, fils de Wayne, mais cela s’annonce difficile face à la meute de pilotes espagnols qui jouent les premiers rôles dans toutes les catégories.