Maes: "Plus que les derniers soucis à régler"
André Maes, l’organisateur du GP, est fin prêt pour sa semaine de stress. Interview.
- Publié le 19-08-2014 à 17h12
- Mis à jour le 20-08-2014 à 07h04
André Maes, l’organisateur du GP, est fin prêt pour sa semaine de stress C’est presque devenu une tradition à la veille du Grand Prix de Belgique. Un entretien avec l’organisateur André Maes d’autant plus intéressant que, pour des raisons politiques, il n’y a pas eu cette année de conférence de presse de présentation de l’événement...
André, tout est bien en place pour accueillir le plus gros événement de l’année à Francorchamps ?
"Oui, le gros de la préparation est maintenant derrière nous. Chaque année, on essaie d’avoir terminé la mise en place le dimanche, avant que les teams débarquent. Comme cela, la dernière semaine, on peut se concentrer uniquement sur les derniers soucis à régler."
Du genre ?
"Les demandes particulières des écuries, un changement de panneau comme par exemple avec le nom Lotterer à la place de Kobayashi au-dessus du stand Caterham. Hier, un ouvrier de DHL s’est fait rouler sur le pied. Il a fallu appeler l’ambulance..."
Combien de personnes veillent à la bonne organisation d’un événement comme le GP de Belgique ?
"L’effectif de Spa GP qui travaille toute l’année double la dernière semaine. Si l’on tient compte des pompiers, des commissaires, des contrôleurs, des médecins, de la police, des placeurs dans les tribunes, des responsables des écrans géants etc. on doit osciller entre 2.000 et 2.500 personnes."
L’état des lieux d’entrée du circuit vous convenait ?
"Il y a toujours des choses à améliorer. Une vingtaine de sièges de tribunes étaient cassés, il y avait des avaloirs bouchés et des zones pas nettoyées. Enfin, heureusement, je l’ai signalé et les responsables de Francorchamps ont tout remis en état pour que ce soit parfait."
Un bon GP pour vous, c’est une course sans problème ?
"Sans problème apparent car il y en a toujours. Mais on essaie d’éviter tout ce qui est prévisible. Et de réagir le mieux possible face à l’imprévisible."
Quelles sont les principales nouveautés de cette édition pour le public ?
"Trois tribunes ont été couvertes, celle des Combes a été agrandie et on a conservé 1.000 places de tribunes à acheter sur place. On a aussi prévu et aménagé une nouvelle zone, plus spectaculaire, pour les personnes handicapées à la sortie du virage de la Source. Plus de 150 places y ont déjà été réservées."
Combien de tickets ont-ils déjà été vendus ?
"47.000 jusqu’à dimanche, soit légèrement mieux que l’an dernier. Maintenant, les ventes se font au guichet. Et puis le week-end du GP, selon la météo, on vend généralement encore entre 6.000 et 10.000 billets. J’espère qu’il y aura un petit effet Lotterer. Pour nous, c’est clair que c’est mieux André que Kobayashi. Je suis aussi très heureux d’apprendre que Max Verstappen dont la maman est de chez nous roulera l’an prochain. Nos voisins néerlandais se déplacent en masse pour soutenir leurs pilotes et je me souviens que le fan-club de son père Jos était très dynamique. Et puis, on espère toujours l’arrivée de Stoffel Vandoorne, un vrai Belge, lui."
La semaine du GP est pour vous la plus stressante de l’année ?
"Bien sûr, même si je dois être le plus expérimenté des promoteurs et organisateurs, même si l’équipe est bien rodée et préparée, on ne met pas sur pied un événement d’une telle envergure sans stress. J’aurai tout le temps de dormir la semaine prochaine."
"Déjà préparer l'après-2015"
Le bail entre Spa GP, organisateur du GP de Belgique de F1, et la FOM de Bernie Ecclestone, expire fin 2015. Deux éditions sont donc encore assurées à Francorchamps. Mais les négociations pour la prolongation du contrat débuteront ce week-end.
Comment se présente le futur du GP de Belgique ?
"Rien n’est acquis. Bernie Ecclestone a toujours bien aimé venir à Francorchamps, mais ses actionnaires ne font plus de sentiment. Ils préfèrent les pays qui paient comme le Mexique et l’Azerbaïdjan, les deux derniers venus, qui vont débourser le double de nous pour le droit de plateau. Il n’y a pas photo. Nous avons un préaccord avec le gouvernement wallon sur base des montants du contrat en cours. Mais pas question d’augmenter le prix. En tant que président de Spa GP, Etienne Davignon n’aura pas une large marge de manœuvre. À lui de bien négocier. Je vais lui préparer le terrain. Après, ce sera à lui de jouer. Mais on n’aura pas d’accord ce week-end."
On parle de 22 GP à l’échéance 2016…
"C’est effectivement le souhait de Bernie Ecclestone. Mais officiellement, les teams n’en veulent que dix-huit. On sera déjà content si un accord est trouvé à vingt, mais cela signifie que l’un ou l’autre va encore devoir passer à la trappe."
La F1 reste déficitaire en Belgique. Est-ce le cas dans tous les pays ?
"Seuls quelques organisateurs ne perdent pas directement d’argent. C’est le cas de Silverstone ou du Japon où il y a le double de spectateurs. Il n’y a qu’en 2001 ou 2002 que l’on a réussi à attirer plus de 100.000 personnes le dimanche. Maintenant, nous ne sommes déficitaires qu’à cause de notre géopolitique. Si l’on avait un gouvernement national comme la France ou l’Italie, l’État récupérerait en taxes tout ce qu’il investit. Le problème que l’on connaît chez nous est que le GP est subsidié par la Région wallonne et que les cinq ou sept millions de taxes générées par le GP reviennent au fédéral."
"La diminution du bruit pas gênante"
La forte diminution du bruit des F1 ne semble pas avoir eu d’effet négatif sur la prévente des tickets : "Je m’y suis habitué et je ne suis pas choqué" , avoue l’organisateur. "Je trouvais l’ancien bruit des V8 trop agressif. C’est plus confortable pour le public qui ne risque plus de rentrer sourd. Les F1 actuelles sont plus puissantes, plus nerveuses et donc plus spectaculaires à voir passer en virages ou aux freinages. Je me réjouis de voir si le Raidillon passe encore aussi facilement à fond."
Plutôt que d’augmenter le niveau sonore des V6 Turbo, André Maes, lui, préconise une autre solution : "Ce qui est gênant, c’est le contraste avec les GP2 et les GP3 qui font plus de bruit que les F1. Un nivellement s’impose. Moi, je diminuerais le bruit émis par les formules annexes et le problème serait réglé." On verra dimanche ce qu’en pense son public.