Le coup de gueule de Jean-Marc Fortin: "Le Dakar est à la dérive"
A la veille du grand départ, Jean-Marc Fortin (Overdrive) demande un changement de cap radical !
- Publié le 06-01-2019 à 08h05
- Mis à jour le 06-01-2019 à 08h06
A la veille du grand départ, Jean-Marc Fortin (Overdrive) demande un changement de cap radical ! Avec pas moins de onze Toyota Hilux engagées sous les bannières cumulées de Gazoo Racing South Africa et d’Overdrive, son équipe fait l’objet de toutes les attentions dans la capitale péruvienne. Malgré les sourires convenus et la politesse de circonstance, au fond de lui, Jean-Marc Fortin ne se berce plus d’illusions quant au bien-fondé du grand cirque auquel il participe.
A la veille du grand départ de ce 41e Dakar, celui qui est aujourd’hui avec l’Allemand Sven Quandt (X-Raid), le team manager le plus puissant de la planète rallye-raid, jette un pavé dans la mare. "Tant que le Dakar et la FIA ne prendront pas la peine de s’asseoir autour d’une table, cette discipline n’ira nulle part. Les organisateurs du Dakar ont un règlement technique différent de celui de la Coupe du Monde sur base duquel nous roulons durant toute l’année. C’est incompréhensible. Cela ne ressemble surtout à rien, tant que ASO cherchera à faire plaisir à tout le monde, afin que tous les grands teams soient présents au départ. Ce n’est plus une course, c’est la foire aux cadeaux ! Tout ce qui intéresse les organisateurs, c’est d’attirer les plus de monde possible. On dirait qu’une fois que le départ est donné, cela ne les concerne plus… C’est franchement n’importe quoi !"
Et même si, comme il tient à le préciser avec honnêteté, ce Dakar 100 % Pérou qui démarre dès lundi aura tout pour plaire aux initiés et sera techniquement à la hauteur des exigences, il est grand temps que l’épreuve phare de la discipline se trouve un autre terrain de jeu. "On est forcément en contact avec les organisateurs sur ce type de sujet, mais pour moi il est clair qu’il faut que le Dakar quitte l’Amérique du Sud," poursuit-il. "Pas question de refaire un Chili-Pérou en 2020 ! Il faut partir. Un retour en Afrique ? Pourquoi pas ? Mais en Afrique du Sud et en Namibie alors ! Le Moyen-Orient ? Ce sera difficile, vu les tensions actuelles entre le Qatar et les autres pays du Golfe. L’Asie ? Je crois qu’ASO a loupé le coche…"
Et notre compatriote ne décolère pas, lorsqu’il s’agit d’envisager le fameux Championnat du Monde des Rallyes Tout-Terrain que la FIA cherche à mettre sur pieds pour 2020. "Il est grand temps qu’Yves Matton, le nouveau directeur des Rallyes à la FIA, qui a également les rallyes tout-terrain dans ses attributions, tape du poing sur la table pour remettre de l’ordre à tous les niveaux !," dénonce-t-il. "La FIA n’arrivera jamais à mettre sur pieds un vrai Championnat du monde tant que chaque organisateur ne prêchera que pour son clocher sans voir le projet dans son ensemble et sa globalité. Et si le Dakar ne prend pas le train en marche, ce seront le Silk Way Rally ou même l’Africa Eco Race qui deviendront alors les événements grand format de ce futur projet !"
"Nasser n’est pas facile à gérer…"
Avec trois Toyota officielles aux mains du Quatarien Nasser Al-Attiyah, du Sud-Africain Giniel Devilliers et du Néerlandais Bernhard Ten Brinke et un Hilux, juste en peu moins officiel, mais tout aussi performant pour le Russe Vladimir Vasilyev, le team Gazoo Racing - Overdrive fait figure de grandissime favori sur ce Dakar 2019. Encore faudra-t-il éviter les pièges… et les erreurs des dernières années. "Du point de vue mécanique, nous avons résolu nos soucis moteurs et le problème de transmission survenus sur le Dakar et durant la saison. La voiture est particulièrement fiable cette année…" Encore s’agit-il de ne pas commettre la même erreur stratégique de l’an dernier, lorsque Al-Attiyah commit l’erreur de remporter la première étape de… 20 km, avant de perdre beaucoup de temps dans la suivante… de plus de 350 km. "C’était une instruction qui avait pourtant été donnée, mais nos adversaires ont été plus malins." La réponse est diplomatique et, masque mal l’irritation qui peut exister à manager un pilote comme Nasser Al-Attiyah. Sans doute le meilleur de la discipline, mais parfois insaisissable. "C’est vrai que Nasser n’est pas facile à gérer," conclut Fortin. "C’est un pur-sang, parfois un peu trop impulsif lorsqu’il voit la poussière d’un autre concurrent devant lui…"