La saison des sports moteurs 2019 en 10 questions
Notre journaliste auto Olivier de Wilde s’est lancé dans dix pronostics pour l’année qui commence.
- Publié le 03-01-2019 à 21h20
- Mis à jour le 04-01-2019 à 08h18
Notre journaliste auto Olivier de Wilde s’est lancé dans dix pronostics pour l’année qui commence.
1. Hamilton va-t-il conserver son titre en F1?
> OUI
Sacré pour la cinquième fois en 2018, Lewis Hamilton n’a désormais plus que Michael Schumacher au-dessus de lui (sept titres pour l’Allemand qui a fêté ses 50 ans ce mercredi 3 janvier) dans le livre d’or de la F1. Le Britannique parviendra-t-il à égaler voire à dépasser le Baron rouge ? On peut le penser tant il a semblé au sommet de son art la saison dernière, Mercedes continuant, pour sa part, à enfiler les titres comme des perles. Mais on ne peut plus vraiment parler de suprématie dans le camp allemand. Valtteri Bottas n’a d’ailleurs remporté aucune course en 2018 tandis que Ferrari et parfois Red Bull-Renault étaient au moins au niveau, voire parfois supérieurs aux Flèches d’argent. Max Verstappen aurait donc mieux fait une fois encore de se taire le jour où il a déclaré que "Lewis n’était champion que parce qu’il pilotait une Benz". Il n’empêche, le binôme Hamilton-Mercedes s’élancera de nouveau favori cette année et même si cela pourrait s’avérer plus compliqué que par le passé, on l’imagine de nouveau l’emporter à la fin et devenir champion du monde pour la sixième fois.
2. Charles Leclerc s'imposera-t-il avec Ferrari?
> OUI
Meilleur rookie de la saison 2018 avec Sauber, Charles Leclerc a été promu rapidement chez Ferrari à la place de Kimi Raikkonen (le Finlandais a récupéré le baquet laissé vacant chez les Suisses). Le Monégasque ne risque-t-il pas de se brûler les ailes ? Nous ne le pensons pas, au contraire. Le gamin a déjà brillé et remporté des titres dans les formules inférieures. Il semble très mature et, même si la pression sera énorme, on l’imagine bien vite devenir la nouvelle coqueluche des tifosi, un peu à l’image jadis d’un certain Gilles Villeneuve. La rivalité avec un Sebastian Vettel, passé à côté de son sujet lors de la deuxième moitié de la saison dernière, s’annonce énorme. Mais l’Allemand a, au final, plus à perdre que l’espoir qui n’est pas là pour jouer les porteurs d’eau. "On verra après quelques Grands Prix qui est devant et qui doit, le cas échéant, bénéficier de consignes , a déclaré Charles. Mais je peux vous assurer que je n’ai pas signé un contrat de n° 2." Du sang neuf, voilà sans doute ce dont avait besoin le cheval cabré après une décennie de disette. Charles Leclerc est-il un futur champion du monde en puissance ? Nous le pensons. Il y aura des accrocs avec Vettel et l’on peut douter que l’entente reste longtemps parfaite. Mais, même si l’Allemand se ressaisit en 2019 et, grâce à son expérience, pourrait plus facilement viser le titre que son jeune équipier, on imagine tout de même Leclerc gagner son premier GP dès cette saison. Pourquoi pas chez lui à Monaco ? L’histoire serait magnifique.
3. Max Verstappen permettra-t-il à Honda de renouer avec le succès en GP?
> OUI
Même si son cou enfle au même rythme que le nombre impressionnant de ses fans, Max Verstappen est une pépite de la F1, un pilote surdoué au tempérament de feu qu’on rêverait de voir au volant d’une Mercedes ou d’une Ferrari. Pour l’instant, le Belgo-Néerlandais devra encore se contenter de sa Red Bull propulsée par un moteur Honda. Après trois ans de développement, les Japonais ne sont pas encore revenus au niveau de leurs rivaux allemands ou italiens. Du moins en termes de fiabilité. On ne voit donc pas encore Mad Max décrocher la timbale cette année. Mais on l’imagine bien signer sa première pole position et, comme en 2018, décrocher l’une ou l’autre victoire quand son moulin tiendra jusqu’au bout. Avec Pierre Gasly désormais à ses côtés, il devrait avoir la vie un peu plus facile et être plus officiellement considéré comme le n° 1.
4. Robert Kubica terminera-t-il la saison avec plus de points que son équipier George Russel?
> NON
Si tout le monde se réjouit, bien sûr, de voir le miraculé polonais revenir en F1 à force de détermination, le conte de fées risque vite de tourner au cauchemar pour l’ex-vainqueur de Grand Prix (Canada) toujours handicapé au niveau de son bras droit. Les derniers tests effectués en F1 ne plaident, en tout cas, pas en sa faveur. Devancé fin 2017 par Sergey Sirotkin, il l’a été également par Lance Stroll (et pas d’un peu) lors de son retour officiel le vendredi des essais libres du dernier Grand Prix d’Abou Dhabi. Certes, RK était à court de rythme, mais on craint que son expérience, son talent et sa volonté ne suffisent pas à soulever des montagnes et, surtout, à devancer le champion sortant de la F2 (après un titre en GP3), le dernier espoir de chez Mercedes, George Russell, considéré par beaucoup comme l’égal de Charles Leclerc. Un fait est sûr : la paire de pilotes 2019 de Williams s’annonce bien meilleure que celles des années précédentes. Espérons qu’il en soit de même de la monoplace car sinon Robert Kubica devra se battre pour ne pas tenir la lanterne rouge.
5. Thierry Neuville décrochera-t-il enfin son premier titre mondial en WRC?
> NON
Ne vous méprenez pas. On souhaite évidemment comme toute la Belgique que la troisième fois soit la bonne pour l’équipage belge. Mais, honnêtement, au vu de la forme affichée par Ott Tanak et Toyota lors de la deuxième moitié de saison 2018, mais aussi suite au transfert du sextuple champion Sébastien Ogier chez Citroën, on peut craindre que ce soit encore plus dur pour nos compatriotes que lors des deux saisons précédentes. À moins, bien sûr, que l’usine coréenne n’effectue techniquement un grand pas en avant afin que la i20 Coupé WRC soit à nouveau compétitive sur tous les types de terrains. L’engagement de Sébastien Loeb, prêt dit-il à se mettre au service du Belge, va dans le bon sens. On peut espérer aussi le réveil du voisin monégasque de Thierry, Andreas Mikkelsen, auteur d’une saison aussi noire que son smoking de fin d’année. Neuville, lui, aura encore moins droit à l’erreur que par le passé et devra tenter de signer un sans-faute pour enfin atteindre son objectif. Espérons que ce soit quand on les attend le moins que Neuville et Hyundai nous surprennent et touchent au but.
6. Sébastien Loeb réussira-t-il à remporter un rallye au volant de la Hyundai?
> NON
C’est assurément le transfert de l’année, voire de la décennie, du siècle et même du millénaire. Après plus de vingt ans sous les couleurs de PSA, avec un record de neuf titres mondiaux à la clé (dix si on tient compte de celui de champion Junior), Sébastien Loeb a décidé de changer de crèmerie et de rejoindre les rangs de Hyundai pour six épreuves en 2019 et autant en 2020. Un choix surprenant confirmant que l’ogre alsacien n’est pas encore rassasié. Son 79e succès historique en Espagne lui a redonné l’appétit, la faim de succès. Et comme ni Peugeot ni Citroën n’avait quoi que ce soit d’intéressant à lui mettre sous la dent, le grand chef étoilé a décidé d’aller manger asiatique. À 45 ans, réussira-t-il à rééditer l’exploit catalan et à s’imposer à nouveau ? Même si, en rallye, l’expérience compte autant que la pointe de vitesse, on n’y croit pas vraiment. Certes, on le voit bien réussir mieux qu’un Paddon, un Sordo ou même un Mikkelsen en ramenant régulièrement de bons points à son nouvel employeur et en apportant sa contribution dans la quête du titre constructeurs. Mais, même si impossible n’est pas français, on ne parierait pas gros sur une 80e victoire. L’an dernier, son triomphe fut extraordinaire et a réjoui le monde entier. Mais il faut bien admettre qu’il a bénéficié d’un concours de circonstances favorables. Toutes les planètes s’aligneront-elles une nouvelle fois en 2019, au volant d’une Hyundai pas la meilleure et dans une équipe qui ne lui est plus dédiée à 100 % ? Cela semble peu probable… Mais il n’est pas interdit de rêver.
7. Un pilote remportera-t-il de nouveau un E-prix?
> OUI
La saison 2018/2019 a plutôt bien démarré en Arabie saoudite avec un quatrième chrono absolu (le meilleur de son groupe) pour le rookie Stoffel Vandoorne et un podium final pour Jérôme D’Ambrosio. Parmi les seuls à être présents en Formule Electrique depuis le début, le pilote de Grez Doiceau est monté en grade pendant l’intersaison en abandonnant son Dragon américain pour rejoindre les Indiens de Mahindra. Sa science de la course, son implication et sa pointe de vitesse feront le reste et, si les DS Techeetah ne dominent pas trop les débats, on le voit bien remporter cette année sa troisième victoire en Formula E. Débarqué de chez McLaren F1, Stoffel Vandoorne est tout aussi doué et a, pour sa part, une revanche à prendre. Laissons à sa nouvelle écurie HWA (derrière laquelle se cache l’usine Mercedes) le temps de prendre ses marques dans cette discipline et gageons que le Flandrien ne tardera pas à se rappeler au bon souvenir de tous en escaladant de nouveau les podiums comme il l’a fait en Formula Renault 2.0, 3.5, GP2 et Super Formula.
8. Stoffel Vandoorne disputera-t-il les 24H du Mans?
> OUI
Là on prend un risque car rien ne nous permet encore de l’affirmer. Mais lors de notre repas de Noël avec notre compatriote, il nous a clairement confirmé qu’il cherchait à étoffer son programme en Formula E et de pilote de simulateur Mercedes. Et s’il a réfuté une participation aux 500 Miles d’Indianapolis, il n’a par contre pas nié qu’une participation aux 24 H du Mans lui plairait. Et son manager italien nous a fait comprendre qu’il y travaillait. Pas comme équipier de Fernando Alonso bien sûr, mais il existe des possibilités soit en LMP1 (pourquoi pas comme remplaçant de Jenson Button chez SMP où il pourrait retrouver son ancien boss de GP2 Sébastien Philippe, sauf si le baquet est déjà promis à Sergey Sirotkin) soit dans une bonne équipe de LMP2. Avec les 6 H de Spa en prime début mai, ce serait génial pour le public belge. Notons que l’on retrouvera d’office dans la Sarthe nos pilotes officiels Porsche (Laurens Vanthoor) et Aston Martin (Maxime Martin) pour la lutte pour la gagne en GTE, un nouveau succès étant promis à Toyota au général. En attendant la règlementation Supercars pour 2020.
9. Un Belge gagnera-t-il à nouveau les 24H de Francorchamps?
> OUI
Depuis que les 24 H de Spa sont réservées aux GT3, trois Belges seulement ont réussi à remporter la grande classique ardennaise. Grégory Franchi en 2011 (Audi WRT), Laurens Vanthoor en 2014 (Audi WRT) et Maxime Martin en 2016 (BMW Rowe). Et la victoire est toujours revenue à une marque allemande. Cela pourrait-il changer en 2019 ? Si c’est le cas, Maxime Soulet et Bentley sont déjà passés très près et attendent leur tour depuis trois ans. Ils reviendront en force. Max Martin rêve de récidiver et de filer lui aussi à l’anglaise avec Aston Martin. Laurens Vanthoor fera partie de l’assaut Porsche, tandis que son petit frère Dries et Fred Vervisch battront de nouveau pavillon Audi ce qui nous fait en réalité cinq réelles chances de succès avec quatre marques différentes. Pas mal. Et si l’on pouvait ajouter Stoffel au volant d’une Mercedes de pointe, ce serait top.
10. Quel événement rassemblera le plus de public?
> Le DTM à Zolder ou le WRX à Francorchamps ?
Le retour du DTM à Zolder ou la première du WRX à Francorchamps ? Deux championnats en difficultés suite au retrait de différents constructeurs (Mercedes en DTM, Audi, VW et Peugeot en rallycross) vont passer ou repasser par la Belgique. Pour le championnat d’Allemagne de Tourisme (Deutsche Tourenwagen Meistershaft), il s’agit d’un véritable retour aux sources (et non pas à la Source) puisque le DTM a fait jadis les belles heures des Bergischer Lowe sous les pinèdes limbourgeoises où l’on faisait la queue jadis jusque sur l’autoroute pour assister à un événement aussi populaire que la F1. Depuis, cette compétition n’a certes plus la même aura, même en Allemagne. Mais avec l’arrivée d’Aston Martin pour remplacer Mercedes et du team belge Audi WRT aux côtés de RBM (BMW), le rendez-vous de Zolder (18-19 mai) devrait attirer plusieurs dizaines de milliers de fans. Pour autant que le droit d’accès ne soit pas trop prohibitif. La semaine précédente, le World WRX, le "Mondial" de rallycross se produira pour la première fois à Francorchamps à la place de Mettet. Les supporters belges suivront-ils malgré le retrait de quelques grosses têtes d’affiche ? Sans doute, surtout si François Duval est à nouveau de la partie sur une auto compétitive. Alors qui de Zolder ou de Francorchamps l’emportera en termes d’affluence ? Difficile à dire. Cela dépendra de la promotion, des tarifs pratiqués et de l’affiche. Retenu pour les débuts du WRC au Chili, Thierry Neuville ne pourra, hélas, effectuer une pige en WRX près de chez lui. Retrouver Seb Loeb aux commandes d’une Hyundai WRX du team de Marcus Grönholm n’est par contre pas impossible. Sauf si le Français décide de découvrir lui aussi le Chili…