Stoffel Vandoorne: "Je vois Sebastian Vettel gagner"
Stoffel Vandoorne travaille pour Mercedes, mais voit Ferrari actuellement devant.
- Publié le 16-03-2019 à 07h12
- Mis à jour le 16-03-2019 à 08h44
Stoffel Vandoorne travaille pour Mercedes, mais voit Ferrari actuellement devant. La saison 2019 de Formule 1 démarre ce dimanche à Melbourne sans Belge et donc sans Stoffel Vandoorne.
L’ex-équipier de Fernando Alonso chez McLaren a néanmoins accepté de nous servir de guide avant ce premier Grand Prix qu’il suivra depuis Monaco. Avec, sans doute, un logique petit pincement au cœur dimanche matin sur le coup de 6 h 10...
Stoffel, tout d’abord, en quoi a consisté votre rôle de "pilote d’essais" Mercedes avant ce premier Grand Prix ?
"À mon retour de Hong Kong, j’ai passé deux jours dans le simulateur à Brackley où j’ai accumulé les tours sur le circuit de Melbourne en balayant différents réglages. Je n’y retournerai pas durant le week-end de course pour l’Australie, mais ce sera le cas durant le Grand Prix de Bahrein."
Avez-vous pu déjà ressentir, dans le simulateur, la différence entre une McLaren et une Mercedes ?
"Directement. C’est énorme. Ce n’est pas du tout le même niveau."
Lewis Hamilton annonce que Mercedes est en retard d’une demi-seconde par rapport aux bolides rouges. Vous confirmez ?
"Il est certainement mieux placé que moi pour pouvoir juger. Je pense que Ferrari sera probablement devant sur les premiers GP. On a comparé les caméras embarquées des meilleurs tours de Vettel et de Lewis à Barcelone et l’on remarque visuellement que la SF90 est plus à l’aise. Bon, maintenant, les circonstances seront différentes, il fera plus chaud à Melbourne et tout le monde mettra tout à fond lors de la qualification."
Vous voyez en 2019 un nouveau match Ferrari-Mercedes ?
"Attention tout de même aussi à Red Bull. Ils ont une très bonne auto. Et le moteur Honda commence à marcher. Max va récolter un petit peu les fruits de mon travail." (rires)
Vous imaginez votre ami Pierre Gasly rivaliser avec Verstappen ?
"C’est une belle opportunité pour le Français, car l’auto a l’air bonne. Maintenant, tout va dépendre de la manière dont Red Bull va favoriser Max qui est clairement leur n° 1."
Charles Leclerc remportera-t-il son premier Grand Prix cette année ?
"Oui, plusieurs même. Ferrari va logiquement donner la priorité au début à Sebastian qui est leur candidat désigné au titre. Mais la situation pourrait évoluer. Charles a vraiment beaucoup de capacités."
Et quid de votre ancienne écurie McLaren ? Vont-ils enfin remonter la pente ?
"Ils ont clairement l’air de marcher mieux que l'an dernier. (NdlR : ce n’est pas compliqué !) Maintenant, c’est tellement serré en milieu de peloton qu’il est difficile d'établir une hiérarchie. Il y a les trois gros teams devant, Williams derrière et entre les six autres, c’est très ouvert."
De qui pourrait venir la surprise en début de saison ?
"Toro Rosso peut-être."
La nouvelle règlementation va-t-elle favoriser les dépassements et le spectacle ?
"C’est très difficile à dire dans le simulateur où vous roulez tout seul. Une chose est certaine : les F1 vont aussi vite qu’avant. Et la plus grande ouverture du DRS devrait permettre une plus grande différence de vitesses de pointe."
Quel intérêt de dépasser en lignes droites ?
"Vous savez, on n’est plus en kart. Avec les performances, le grip et l’aéro des monoplaces actuelles, il est devenu quasi impossible de dépasser au freinage ou dans les virages. Pour cela, il faudrait que les F1 tournent dix secondes moins vite, comme les F2. À Barcelone, tout le monde freine à 75 mètres et entre à 200 km/h dans le virage. Je ne vois vraiment pas comment on pourrait doubler."
Qui va gagner le premier Grand Prix de la saison 2019 ce dimanche ?
"Je miserais sur Vettel."
"La F1 ne me manque pas du tout"
Notre compatriote avoue qu’il ne cherche pas vraiment à retrouver la F1.
On aurait pu penser que Stoffel Vandoorne l’aurait eu en travers de la gorge en constatant de ses yeux, dans le paddock de Barcelone lors des essais hivernaux, que tout allait soudainement mieux pour McLaren. Qu’il serait encore plus frustré et "vénère" en voyant Carlos Sainz Jr et son successeur Lando Norris signer régulièrement des chronos parmi les meilleurs.
Mais ce n'est pas le cas. "Je ne suis pas aigri," nous confie-t-il. "J’ai eu la chance de piloter deux saisons en F1. J’ai donné le meilleur de moi-même et je n’ai aucune raison de nourrir des regrets. C’est comme cela et m’énerver ne changera rien."
Alors Stoffel n’a pas la rage en voyant les bolides orange en haut des feuilles de temps : "Non pas du tout. C’est bizarre mais la F1 ne me manque pas du tout. Cela viendra peut-être plus tard, quand la saison va démarrer ou quand ma saison en Formula E sera terminée."
Au final , peut-être est-il même soulagé de ne plus devoir subir autant de pression, de ne plus être victime de la politique interne de l’écurie ? "Ce n’est pas vraiment une question de pression car il y en a aussi en Formula E, mais plutôt de circonstances, de position différente. Aujourd’hui, je me retrouve dans un baquet où je sais que je peux être compétitif dans un futur proche."
Et du coup, on le sent à nouveau plus épanoui, plus ouvert, plus bavard, multipliant les photos avec son amoureuse sur les réseaux sociaux. Un autre homme : "Il est vrai que je me sens mieux dans ma peau. J’ai plus de liberté, je profite un peu plus de ma vie. J'ai été très bien accueilli dans ma nouvelle équipe. Ils me font confiance à 100 %. Ils croient en mon talent et je sais que cela va payer bientôt. J’ai juste manqué un peu de chance jusqu'ici..."
Un retour en F1 n’est donc pas vraiment à l’ordre du jour. "Le prochain Belge en F1 ? Je ne sais pas. Je ne vois personne dans un avenir proche. Il y a bien quelques bons jeunes, mais ils ont encore du chemin à parcourir dans les formules de promotion."
Ce pourrait donc finalement bien encore être lui ? "Ce n’est pas la priorité pour le moment. Je suis bien en Formula E où je sais que je vais pouvoir me battre pour le titre dans les prochaines années. Je ne suis pas occupé à chercher la moindre opportunité pour revenir en GP. Je ne veux pas retourner en F1 à tout prix. Si une bonne opportunité se présente un jour, on y réfléchira."
Quant aux protos et au Mans ? "J’avais reçu une belle proposition de SMP pour remplacer Jenson Button en LMP1. Tout était O.K. mais, au final, HWA a préféré que je refuse car cela tombait mal au niveau du calendrier. J’aurais dû être à Sebring par exemple cette semaine. Ils préfèrent que je me concentre sur la FE et mon job pour le Mercedes Team F1. Ce que je comprends très bien."
Et les 24 H de Spa ? "C’est quand encore ? Non, désolé, je n’ai rien de prévu..."
"Cette pole m'a fait du bien"
Le team HWA doit encore travailler sur la performance en course en Formula E.
Après quatre premières courses, deux accidents et toujours un gros zéro pointé, Stoffel Vandoorne a accueilli sa première pole position en Formula E avec bonheur, samedi dernier à Hong Kong.
"Honnêtement, cela m’a fait du bien", confie-t-il. "Ma dernière pole remontait à 2016 en Super Formula. Les circonstances ont ajouté un peu de piment. La piste était mouillée, très glissante. Des conditions dans lesquelles il est possible de faire une différence en tant que pilote."
Et c’est ce qu’a fait notre compatriote, faisant taire d’un coup ses détracteurs. "Malheureusement, cela s’est moins bien passé en course puisque la transmission a rendu l’âme."
D’une manière générale, les monoplaces de chez HWA sont de toute façon moins compétitives lors des e-Prix. "C’est vrai que la qualif est actuellement notre point fort. On a encore du boulot au niveau réglages et développement moteur en mode course. On manque surtout encore de performances sur le sec."
Mais la machine est en route et les progrès sont évidents et visibles week-end après week-end. "Je me plais vraiment bien dans ce championnat car à chaque e-Prix, je sais qu’il y a une opportunité de faire de belles choses. C’est très ouvert. Il y a déjà eu cinq vainqueurs différents en cinq courses et Da Costa est le seul poleman à avoir déjà réussi à s’imposer."
Quant au niveau des sensations, ce n’est certes pas la F1 mais… "C’est totalement différent de tout ce que j’ai connu avant dans les autres formules. Tu as très peu d’appui, des pneus identiques pour le sec et la pluie, les circuits sont la plupart en ville, tortueux, bosselés. Tu roules entre deux murs et tu as l’impression d’aller très vite et de jouer ta vie sur chaque freinage."