Stoffel Vandoorne: "Je suis meilleur que Norris et Ocon"
Avant un GP très important pour lui, en Belgique, Stoffel Vandoorne se livre en exclusivité à La DH.
- Publié le 23-08-2018 à 06h29
- Mis à jour le 23-08-2018 à 09h09
Avant un GP très important pour lui, en Belgique, Stoffel Vandoorne se livre en exclusivité à La DH. De retour de deux semaines de vacances sur l’île grecque de Mykonos en compagnie de sa copine Anna de Ferran, Stoffel, tout bronzé, a bien rechargé les batteries.
À la veille de son GP national, ce week-end à Francorchamps, le pilote McLaren nous a accordé un entretien exclusif.
Stoffel, comment se sont passées ces dernières semaines ?
"Super, en amoureux au soleil. Cela faisait du bien de pouvoir décompresser un peu après cinq GP en six semaines. Au programme piscine, farniente, bons restos et un peu de sport quand même. C’est quasi le seul moment de l’année avec les fêtes de fin d’année où je peux faire ce que je veux, je n’ai pas de planning à respecter, ou je ne dois pas répondre à des e-mails, etc. J’en avais besoin. Mais à la fin, cela devenait un peu long et je suis impatient de me retrouver dans la voiture ce vendredi."
Votre dernier GP en Hongrie, juste avant la pause, s’était bien passé jusqu’à ce bris de boîte…
"Oui, j’étais très déçu car j’aurais tant voulu partir en vacances avec quelques points de plus dans ma valise. Mais c’est un sport mécanique. Il y a néanmoins pas mal de positif à retirer de ce week-end en Hongrie. Ok, je n’ai pas eu de chance en qualifs. Il m’a manqué un tour pour passer en Q2. Je n’avais plus assez de batterie. Mais en course, après un bon départ et un bon arrêt, je tournais vite, je revenais même sur Fernando. J’ai presque pu l’attaquer. Puis la boîte a cassé alors que sans aucun miracle j’allais cueillir deux points. C’est dommage, c’était sans doute ma meilleure course de l’année jusqu’ici."
L’équipe a-t-elle trouvé le loup qu’il y avait sur votre châssis en Angleterre et en Allemagne ?
"Non, pas encore malheureusement. Il est en quarantaine et va subir d’autres analyses."
Durant la trêve, il y a eu pas mal de mouvements. Étiez-vous réellement déconnecté ou avez-vous suivi tout cela depuis votre transat ?
"Il est difficile de se débrancher complètement comme pendant l’hiver, car cela tombe en plein milieu de saison. Je me suis donc tenu informé."
Saviez-vous depuis longtemps déjà que Fernando Alonso n’allait plus rouler en F1 en 2019 ?
"Non, je l’ai appris cinq heures avant le communiqué. Mais vous savez, avec Fernando, cela change souvent. L’an dernier déjà il voulait arrêter. Puis, il est resté. C’est un compétiteur. Un des meilleurs pilotes du monde. Il veut toujours se battre devant. C’est pour cela qu’il arrête. Parce que l’auto n’est pas assez compétitive pour lui, pas parce qu’il est trop vieux. Il est toujours au top."
Il va vous manquer ?
"Pas forcément à moi. Mais cela a été une belle opportunité d’apprendre à ses côtés."
Et n’avez-vous pas été trop déçu d’apprendre que Carlos Sainz allait le remplacer ?
"Cela n’a pas été une grosse surprise pour moi. McLaren était au courant depuis plus longtemps sans doute que Fernando allait partir. Je savais que le team discutait avec d’autres pilotes pour remplacer Fernando."
Et pourquoi pas vous, tout simplement ?
"Ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question…"
Comme vous êtes resté connecté, qu’avez-vous pensé des rumeurs faisant état de votre prochaine mise à pied ? On a même un instant mis en doute votre présence au GP de Belgique. Cela vous a-t-il inquiété ou fait sourire ?
"Ni l’un ni l’autre. Je n’étais pas inquiet car je connais ma position dans le team. Cela montre bien comment est la F1. Il y a vite beaucoup de rumeurs. Les gens ne se souviennent que des dernières courses. J’ai, il est vrai, connu un passage difficile, mais dans l’équipe au moins tout le monde sait bien pourquoi. Je n’ai pas inventé ce problème de châssis. Et dès qu’on m’a redonné une voiture normale, je suis revenu à une position normale."
Avez-vous le sentiment d’avoir déjà pu démontrer votre réelle valeur en F1 ?
"Non. Je n’ai pas encore pu montrer ce que je vaux vraiment. Il est clair que tout serait plus facile avec une voiture compétitive. Le problème aujourd’hui est que l’on sait que la voiture n’est pas bonne. Et du coup, on ne prépare pas les week-ends de course. On fait des sortes de séances d’essais, on essaie d’améliorer l’auto, on expérimente des pièces pour l’année prochaine. Ce n’est pas l’idéal. Parfois je dois tester telle pièce sans dépasser une certaine vitesse. Et puis on arrive en qualifs sans être vraiment prêt. Je ne peux pas réellement construire mon week-end. Et dans un tel contexte, l’expérience dont jouit Fernando fait une grande différence. Moi, je manque de rythme, de tours. Souvent je ne pousse pas réellement l’auto avant le samedi après-midi. Tout serait plus facile pour moi si c’était simple. Si on travaillait directement pour le GP."
Est-il vrai que vous servez parfois de cobaye et que vous devez tester des pièces pour Fernando ?
"Non, c’est exagéré. Mais il arrive qu’on doive parfois tous les deux tester des nouvelles pièces différentes. Et il est aussi arrivé qu’on ne dispose pas du même matériel car les évolutions arrivent au compte-gouttes. Mais cela, l’équipe le sait. Et c’est l’équipe avant tout qui doit m’évaluer."
"Un coup à jouer sous la pluie"
Stoffel prie pour qu’il pleuve pour son GP à la maison dimanche
La météo n’annonce rien de bon pour le prochain week-end. Après des semaines de canicule, on annonce une forte chute des températures pour ce week-end, avec un thermomètre ne dépassant pas les 13 à 14 degrés et pas mal d’ondées.
"J’espère pour une fois que c’est vrai et qu’il va faire dégueulasse même si ce n’est pas très sympa pour les nombreux fans qui feront le déplacement."
Mais les supporters du Belge préfèrent certainement le voir jouer dans les points sous la drache, quitte à être trempés, plutôt que de bronzer en le voyant passer 15e ou 16e comme l’an dernier où il n’avait rien pu faire que de la figuration.
"La pluie serait quelque chose de positif pour moi", avoue-t-il. "Soyons réalistes. Dans des conditions normales, sur le sec, il est garanti que notre résultat ne sera pas top. En revanche, sur le mouillé, cela crée des opportunités. C’est un peu plus du poker et il pourrait y avoir un bon coup à jouer. J’ai toujours bien marché à Francorchamps où j’ai déjà gagné plusieurs courses dans les catégories inférieures, y compris sous la pluie. C’est ma deuxième maison. J’espère cette fois avoir un peu de chance. J’en ai souvent manqué cette année, comme à Monaco ou à Budapest où j’étais très compétitif."
On espère sincèrement que la roue va maintenant tourner pour le successeur de Jacky Ickx qui continue, comme nous, à croire en Vandoorne et sera là dimanche pour l’encourager.
Alors au programme de ce week-end Stoffel : exploser Lando Norris vendredi matin, devancer Fernando Alonso l’après-midi, remettre cela en qualifs samedi et ramener un ou deux petits points dimanche après avoir étalé son talent et pris des risques sous la pluie.
Il n’est - espérons-le - pas trop tard, mais il est grand temps d’une étincelle pour raviver la flamme et sauver la carrière d’un champion de GP2 en qui Ron Dennis voyait le successeur de Senna, Prost, Hamilton ou Hakkinen.
"Bravo, vous avez un champion du monde en puissance," nous avait-il confié après la signature de contrat du Belge. Dommage que la McLaren, elle, ne soit plus une championne du monde en puissance. Cela a fortement compliqué la carrière de notre plus grand espoir depuis Thierry Boutsen…
"Je suis meilleur que Norris et Ocon"
Le Belge va tout faire pour démontrer qu’il mérite sa place en F1
Sur la sellette, Stoffel se dit certain de pouvoir terminer la saison chez McLaren. Pour la suite, rien n’est moins sûr, le team, sans doute un peu déçu de notre compatriote, explore actuellement d’autres pistes et envisage d’autres solutions comme Lando Norris, sous contrat de management avec le patron Zak Brown, ou Esteban Ocon.
Ce vendredi, McLaren a ainsi décidé de jauger le jeune Britannique en le lançant dans le grand bain, face à notre compatriote lors de la première séance d’essais libres. De quoi mettre encore un peu plus de pression sur notre représentant.
"Leur but est de voir ce qu’il vaut dans le cadre d’un meeting, comment il va performer. Je pense que la pression est plus sur lui que sur moi. Je ne vais pas trop réfléchir et penser à lui. Je vais me concentrer sur mon travail et cela va aller."
Mais êtes-vous certain qu’il ne sera pas favorisé afin d’aller plus vite que vous ?
"Je ne peux pas maîtriser sa voiture. Je ne sais pas ce qu’ils vont lui mettre comme quantité de carburant. Mais en principe, le vendredi matin, on roule dans des configurations identiques, avec les mêmes pneus et la même quantité d’essence. Je suis confiant et convaincu que je serai plus rapide que lui."
Quelle est votre situation pour l’année prochaine ?
"Rien n’est confirmé pour l’instant. Le team a une option sur moi. A moi de montrer lors des neuf prochains GP que je mérite ma place en F1."
Pourquoi McLaren devrait-elle garder Vandoorne plutôt que de prendre Lando Norris ou Esteban Ocon ?
"Car je suis meilleur qu’eux. J’ai vécu deux années très compliquées. On a passé des mauvais moments ensemble, mais j’ai toujours réussi à gérer. Les événements ont rarement tourné en ma faveur, mais je suis toujours là, toujours très motivé. Après la pluie viennent les bons temps j’espère. J’ai envie que l’aventure continue car je suis convaincu que le pire est derrière et que l’on va connaître des jours meilleurs le team et moi."
Cela aide de sortir avec la fille du directeur sportif ?
"Ah ah. Cela peut aussi être le contraire… Non, à vrai dire, cela ne change rien. Gil de Ferran n’intervient pas dans les décisions au niveau du choix des pilotes."
Vous pensez encore être en F1 l’an prochain ?
"Je l’espère bien, oui. En tout cas je fais tout pour…"