Schumacher et Spa : une love story en dix dates
25 ans après son premier succès, le circuit ardennais va fêter le pilote allemand.
- Publié le 27-08-2017 à 10h46
- Mis à jour le 27-08-2017 à 10h57
25 ans après son premier succès, le circuit ardennais va fêter le pilote allemand. Un grand moment d’émotion marquera la journée de dimanche du Grand Prix de Belgique. Mick Schumacher effectuera quelques tours de roue au volant de la Benetton B194-Ford avec laquelle son illustre père Michael a décroché son 1er titre de champion du monde. Le septuple champion du monde a entretenu une relation intime avec Spa-Francorchamps qu’il considérait comme son arrière-cour. À cette occasion, nous allons revenir sur les 10 participations belges les plus marquantes de l’aigle de Kerpen.
1991: Première tonitruante
Le petit monde de la Formule 1 découvre un jeune loup de 22 ans nommé Michael Schumacher lors du Grand Prix de Belgique 1991. Et de quelle façon ! Mercedes-Benz a déboursé 150.000£ pour permettre à son protégé de se glisser dans le cockpit de la Jordan laissée libre par Bertrand Gachot, sous les verrous après une altercation à Londres. Bien aidé par les réglages magiques trouvés par le Français, l’Allemand décroche un impressionnant 8e chrono sur un circuit qu’il découvre. Le déclassement de Riccardo Patrese lui permet de gagner une position sur la grille. Le lendemain, un embrayage grillé le contraindra à renoncer après quelques hectomètres. Mais le jeunot a marqué les esprits et un contrat chez Benetton l’attend dès l’épreuve suivante à Monza.
1992: Première victoire
Quoi de mieux qu’une 1re victoire pour célébrer son 1er anniversaire de présence en F1 ? Schumacher est encore un jeune loup au sein du paddock mais il s’est affirmé comme un pilote redoutable. Au sein de l’écurie Benetton, il taille des croupières à son équipier Martin Brundle. La saison 1992 est archi-dominée par les Williams FW14B à suspensions actives de Nigel Mansell et Riccardo Patrese. Mais à Spa-Francorchamps, les cieux sont avec Schumacher. Si la B192 est derrière les Williams et les McLaren en vitesse pure, Schumi profite d’une stratégie parfaite en passant des pneus pluie aux slicks au bon moment. Il remporte une 1re victoire qui le rend ivre de bonheur. "Le matin de la course, je sentais que je pouvais gagner", rappela-t-il ensuite.
1994: À qui gagne perd
Après le départ à la retraite d’Alain Prost et la disparition d’Ayrton Senna, Michael Schumacher est le grand favori de la saison 1994 en dépit de la résistance de Damon Hill. Mais l’Allemand suscite la controverse. Il est suspecté d’utiliser un traction control interdit depuis la fin de la saison précédente. Senna lui-même avait émis des doutes quelques semaines avant sa mort. À Silverstone, il est à nouveau pointé du doigt pour non-respect des drapeaux noirs. Si Rubens Barrichello réalise la pole en Belgique, la course tourne rapidement à une démonstration du Kaiser. Un 360° sur un vibreur sera sa seule chaleur. Il franchit l’arrivée avec 13 secondes d’avance sur Hill mais est ensuite déclassé pour usure excessive du patin de sa monoplace.
1995: Une défense de fer
Schumacher sera réputé tout au long de sa carrière pour être un pilote rugueux qui met les nerfs de ses rivaux à rude épreuve. L’édition 95 du Grand Prix de Belgique sera une de ses victoires les plus célèbres mais aussi une des plus controversées. Piégé par des conditions changeantes en qualifications, Schumi est lointain 16e sur la grille. Il tâche de remonter rapidement et fait le pari de rester en slicks alors que ses rivaux chaussent les pneus pluie. Il va résister âprement aux assauts de Damon Hill avec une défense allant à la limite de l’acceptable. Hill s’efface momentanément pour ravitailler et porter une deuxième attaque grâce à la sortie de la Safety Car avant d’être pénalisé. Ce jour-là, rien ni personne n’a arrêté Schumacher.
1996: Première rouge
En 1996, le jeune Allemand devient le baron rouge et relève le défi de ramener la Scuderia Ferrari vers les sommets. Le chantier est immense au vu des années de crise que vient de traverser le cheval cabré. Les Williams-Renault dominent logiquement la saison et Schumi ne peut que se contenter d’une victoire pleine d’autorité à Barcelone. Il va remettre ça de manière magistrale à Spa-Francorchamps. La F310 n°1 parvient à coller aux basques de la Williams de Jacques Villeneuve et le pousse à endommager ses pneus. Au 33e tour, le Canadien ressort des stands sous le nez de son rival mais ce dernier croise la trajectoire et prend le commandement pour de bon. Le fer de lance de la Scuderia s’imposera à nouveau en Italie deux semaines plus tard.
1997: Flying Schumi
Ce jour-là, Michael infligea une véritable correction à ses rivaux. Il dispose en 1997 d’une Ferrari enfin compétitive, et se bat pour le titre face à Jacques Villeneuve. Une pluie battante surprend tout le monde à 30 minutes du départ, ce qui contraint les pilotes à boucler les 4 premiers tours derrière la Safety Car. S’élançant depuis la 3e place, Schumacher avale dès le drapeau vert Alesi et Villeneuve. Il creuse un écart abyssal de 40 secondes en l’espace de 5 tours. La messe venait d’être dite et on ne reverra plus la Ferrari n°5. "Je n’étais pourtant pas très optimiste pour la course," indiquera le pilote de Kerpen. "Nous aurions souffert si le temps était resté sec. Nous avons fait le bon choix de pneus et tout fut parfait."
1998: Rouge de colère
Après son échec retentissant face à Jacques Villeneuve dans la lutte pour le titre en 97, Schumacher se retrouve l’année suivante face à Mika Häkkinen. L’abandon précoce du Finlandais en Belgique offre un tapis rouge au baron rouge pour combler son retard au championnat. La Ferrari n°3 est au-dessus du lot dans des conditions pour le moins aquatiques qui ont décimé la moitié du peloton. Jusqu’au 25e tour où sa route croise celle de David Coulthard. L’Écossais ralentit subitement peu avant Pouhon et Michael ne peut l’éviter. Les deux voitures meurtries rentrent au stand. Furibard, Schumacher roule des mécaniques et lance à Coulthard : "Tu as voulu me tuer, je vais te buter !" Il faudra les staffs Ferrari et McLaren réunis pour séparer les deux hommes.
2002: Moisson de records
Michael Schumacher affole les chiffres en 2002. C’est malheureusement aussi la saison d’un Grand Prix d’Autriche de sinistre mémoire. Non content d’avoir été champion dès le Grand Prix de France à la mi-juillet, l’Allemand va faire tomber un nouveau record dans son jardin de Spa-Francorchamps. Les Ferrari sont invincibles cette année-là et Schumacher s’envole dès l’extinction des feux après avoir signé la pole position et le record absolu de la piste en 1:43.726. Le baron rouge ne rencontrera aucune concurrence dimanche après-midi et perdra seulement le commandement l’espace d’un tour après avoir ravitaillé. Cette victoire facile est toutefois symbolique puisque Schumi devient le 1er pilote à gagner 10 courses en une seule saison. Géant !
2004: Au 7e ciel
"Le chiffre 7 est très prestigieux. C’est mon 7e titre pour le 700e Grand Prix de Ferrari. C’est incroyable !" Il ne termine que deuxième cette année-là, mais peu importe au final. Le Kaiser peut mathématiquement décrocher son 7e titre mondial à Spa-Francorchamps. Et il espère bien l’obtenir par le biais d’une victoire qui serait la cerise sur le gâteau d’une saison dominatrice. Mais, patatras : Jarno Trulli signe la pole sur sa Renault, l’Italien et son équipier Fernando Alonso dominant la 1re partie de l’épreuve. Quand les monoplaces au losange font faillite, Kimi Raïkkonen prend le relais sur la trop sophistiquée McLaren MP4-19. L’Allemand ne parviendra jamais à prendre l’ascendant mais sa 2e place l’assure largement d’une 7e couronne.
2012: Une der en gris
La dernière apparition de Schumacher à Spa-Francorchamps a une forte connotation symbolique : c’est le 300e Grand Prix de la carrière de Schumi. Les festivités battent leur plein tout le week-end. Le père Schum arbore un casque couleur platine, de nombreux cadeaux lui sont offerts par différents acteurs de la F1, et une fête bien arrosée est tenue en son honneur. Sur la piste, Schumacher ne peut malheureusement pas se battre pour la victoire. La Mercedes n’est pas encore l’arme absolue qu’elle est aujourd’hui. Cela ne l’empêche pas de revendiquer une place sur le podium avant qu’un dernier arrêt pour changer ses pneumatiques (la gestion des pneumatiques étant alors le talon d’Achille des Flèches d’Argent) le repousse en 7e position finale.