Raikkonen plus solide que Vettel en cette fin de saison
Ferrari aurait peut-être dû garder le Finlandais plutôt que l'Allemand.
- Publié le 22-10-2018 à 15h35
- Mis à jour le 22-10-2018 à 15h49
Ferrari aurait peut-être dû garder le Finlandais plutôt que l'Allemand.
Sa victoire l'a fait repasser à la 3e place du championnat. Il aura donc dû attendre 116 courses, le plus grand écart jamais enregistré dans l'histoire entre deux victoires en GP, pour s'imposer à nouveau.
Cinq ans et demi après son triomphe surprise en Lotus à Melbourne, "Iceman", l'un des pilotes les plus froids et les moins causants mais étrangement les plus populaires de la F1, a renoué avec le succès. Et on ne trouvera pas grand monde pour ne pas s'en réjouir. C'est cent fois mérité et ce fut exécuté de brillante manière même si l'erreur stratégique de Lewis Hamilton l'a bien aidé. Les erreurs à répétition de son équipier Sebastian Vettel aussi. Sans cela, il y a fort à parier que le Finlandais aurait encore dû céder sa place.
Le coup était déjà passé près à plusieurs reprises: A Monaco l'an dernier quand une mauvaise stratégie de son équipe avait fait passer son équipier allemand devant. Une consigne déguisée sans doute.
A Hockenheim quand, menant le GP, il lui fut demandé de laisser passer Vettel: "Vous voulez quoi au juste? Soyez clairs! Que je le laisse me doubler?" s'était exclamé Kimi à la radio avant de s'exécuter. Tout cela pour que Vettel gare ensuite sa monoplace dans le bac à graviers.
A Monza, il avait fait vibrer les tifosi, signant la pole et menant plus de la moitié de la course avant que ses pneus en décident autrement. Mais cette fois, ils ont tenu bon. Kimi aussi. Déterminé au départ, il ne se laissa pas intimider par la Mercedes du poleman Hamilton tentant de le tasser. Il ne dévia pas de sa trajectoire pour virer en tête, creuser l'écart avec des pneus ultras tendres puis résister habilement au retour de Lewis Hamilton puis de Max Verstappen lancés à ses trousses.
Du grand Raikkonen sur le visage duquel on pouvait enfin décrypter le bonheur. A trois Grands Prix non pas de la retraite mais bien d'un retour forcé aux sources, chez Sauber, le Nordique a montré de quel bois il se chauffait encore.
Grâce à cette victoire, il a repassé son compatriote Valtteri Bottas pour la 3e place du championnat. Le titre honorifique de meilleur Finlandais de l'année est en jeu.
Sur les cinq derniers GP, Kimi a inscrit 75 unités contre 62 à son équipier Sebastian Vettel semblant nettement moins bien résister à la pression et multipliant les fautes. Le dernier champion du monde Ferrari compte aujourd'hui 55 points de retard sur Vettel. Mais qu'en aurait-il été sans trois abandons qui, contrairement à l'Allemand, ne lui sont pas imputables? Car c'est un fait: Raikkonen commet beaucoup moins d'erreurs cette année que son équipier. Et se montre aussi rapide. Ce week-end encore l'écart en qualifs n'était que d'un centième de seconde.
Rappelez vous, à Bahrein, le N°7 est relâché trop vite de son stand après un pitstop. Il blesse un mécanicien et doit abandonner dans la pitlane alors qu'il était troisième. En Espagne, c'est son turbo qui le trahit alors qu'une quatrième place était en vue. Et en Belgique, alors que les Ferrari marchaient du tonnerre et que Seb s'impose, il est percuté lors du départ par Daniel Ricciardo, crève et doit renoncer quelques tours plus tard. La guigne pour le taiseux et finalement amusant ancien pilote de WRC dont la stratégie a été sacrifiée de nombreuses fois en début de saison pour tenter de ralentir les Mercedes en faveur de Vettel. Un vrai numéro 2 qui le sait et l'accepte sans rechigner. Mais trop content de finir bientôt sa carrière chez les Rouges sur une bonne note.
Nous sommes très heureux bien sûr de la promotion méritée de Charles Leclerc, clairement le meilleur rookie de l'année. On est impatients de voir comment il peut évoluer au sein de la Scuderia. Et nous pensons qu'il peut faire mieux que Vettel. Mais nous regrettons que ce soit au détriment de Kimi Raikkonen qui a encore démontré ce week-end qu'il méritait mieux pour terminer sa carrière qu'un baquet de milieu de grille. Peut-être au final que le bon choix pour la Scuderia aurait été de garder le bon vieux Kimi Raikkonen aux côtés du jeune Charles Leclerc...