Monaco, où le pilote redevient star
Un incroyable défi pour les artistes du cirque de la F1, sur le fil durant 3 jours
- Publié le 24-05-2018 à 05h40
- Mis à jour le 25-05-2018 à 10h34
Un incroyable défi pour les artistes du cirque de la F1, sur le fil durant 3 jours Même si le jeune Charles Leclerc sera le premier véritable Monégasque à rouler sur son circuit depuis Olivier Beretta en 1994 avec Larrousse, la moitié du plateau de F1 dormira à la maison cette fin de semaine.
Paradis fiscal, Monaco vire à l’enfer durant le GP pour les automobilistes bloqués dans une ville pas jolie du tout de 2 km2 et complètement paralysée. Mais aussi pour les pilotes et leurs monstres de 800 chevaux tournant comme des lions en cage, coincés entre deux rails.
Tracé en bord de Méditerranée, serpentant entre un Rocher princier pris d’assaut dès ce jeudi par les tifosi (les premiers essais libres y ont traditionnellement lieu avant un vendredi consacré aux courses annexes et aux diverses mondanités), des appartements boîtes aux lettres jamais aussi garnis qu’en période de GP, un casino mondialement célèbre, des hôtels de luxe et des yachts bondés de VIP, de bimbos siliconées et de grosses huiles bien bronzées, sans oublier un tunnel à la sortie duquel les bolides dépassent les 280 km/h, le tourniquet monégasque est certainement le plus fou de l’année.
Véritable carte postale du capitalisme, d’un monde riche et superficiel, le GP de Monaco est le plus regardé au monde. Pas étonnant qu’il soit surtout important de s’y faire voir…
Avec les 500 Miles d’Indianapolis tombant, hélas, toujours aux mêmes dates, et les 24 Heures du Mans, il compose la triple couronne réunissant les trois plus beaux joyaux du sport automobile.
C’est la course de tous les superlatifs. Un GP unique, anachronique, iconique, diabolique. Une épreuve que l’on adore pour la majorité ou que l’on déteste comme jadis Nelson Piquet comparant la F1 à Monaco à une course de vélo dans son appartement.
Même si les moyennes y sont les moins élevées de la saison, c’est ici, en flirtant entre les glissières tels des équilibristes sur leur fil, en repoussant tour après tour les limites, que les virtuoses du volant ont la plus grande impression de vitesse. Et même si le GP est souvent ennuyant sur ce carrousel où il est aussi difficile de doubler que dans le Space Mountain, l’adrénaline et la concentration sont extrêmes durant 78 rondes où l’on va battre tous les records avec les nouveaux pneus hyper tendres.
Votre principal adversaire à Monaco, ce n’est pas Vettel, Hamilton ou Ricciardo, c’est d’abord vous. Ce GP de la précision est un défi contre soi-même. Et la moindre erreur ici se paie généralement crash. On a souvent coutume de dire qu’une victoire en Principauté vaut autant qu’un titre. Les plus grands champions tels Michael Schumacher ou Ayrton Senna y ont brillé aussi souvent que le soleil encore annoncé pour le week-end.
Car dans le temple du glamour et des paillettes, dans ce monde doré pour princes et princesses, les véritables stars ne sont pas Ferrari, Mercedes ou Red Bull, mais bien ceux qui les cravachent. Si en général, le résultat dépend à 70 % du matériel et à 20 % du pilote (laissons le reste à la chance), à la loterie du grand casino monégasque, où il faut bien sûr un peu plus de chance qu’ailleurs, l’audace, le talent et la prise de risques redonnent la part belle au pilotage et aux véritables héros.
SV doit signer un coup d’éclat
Il a les mêmes initiales que Sebastian Vettel, dernier vainqueur en date ici en quête de succès pour se relancer dans la course au titre, mais pas encore son palmarès.
Pour sa deuxième saison complète en F1, Stoffel Vandoorne a, il faut bien l’avouer, du mal à sortir de l’ombre de son légendaire équipier Fernando Alonso, deux fois vainqueur ici à l’époque de Renault.
À l’heure actuelle, le Belge est d’ailleurs le seul des vingt pilotes du plateau à n’avoir pas encore réussi cette année à battre au moins une fois son équipier en qualifications. Et Monaco serait clairement le plus bel endroit pour y arriver et marquer les esprits. Ce que Stof n’a pas encore réussi à faire depuis ses débuts en GP.
Contrairement à un Max Verstappen, à ses successeurs au palmarès de la F2 Pierre Gasly et Charles Leclerc, ou même à Lance Stroll sur le podium de Bakou l’an dernier, Vandoorne n’a pas encore réussi de coup d’éclat. C’est ce qu’il doit viser ce week-end en Principauté.
Après quelques jours de détente en compagnie de la charmante Anna de Ferran, fille à moitié brésilienne du champion et vainqueur d’Indy 500 Gil de Ferran, Stoffel doit profiter de l’occasion unique de ce GP difficile à domicile pour rappeler qu’il n’a pas été sacré en F4, Eurocup et F2 par hasard. Qu’il est de la trempe des meilleurs. Un futur champion si McLaren lui en donne les moyens. Ou le laisse partir…
Car le problème aujourd’hui, c’est clairement ce matériel, moins défaillant cette année (même s’il reste sur un abandon en Espagne), mais toujours pas assez performant.
Dans les rues de Monaco où tout le monde roule avec un max d’appui aéro, le manque de vitesse de pointe, la trop grosse traînée seront moins handicapants et ne pourront servir d’excuse.
Neuvième sur la grille l’an dernier, devant le pigiste Jenson Button, Stoffel doit nous épater avec un tour de magie. Faire des étincelles. Pas évident toutefois de flirter avec les rails quand vous avouez ne pas être encore totalement en confiance avec votre monoplace !