GP de Belgique: quatre mousquetaires, quatre podiums à Spa!
Retour sur les rares Top 3 réalisés par nos pilotes sur leurs terres.
- Publié le 22-08-2018 à 14h44
- Mis à jour le 22-08-2018 à 18h22
Retour sur les rares Top 3 réalisés par nos pilotes sur leurs terres. Vingt-et-un Belges ont pris le départ d’un Grand Prix de Formule 1 mais rares sont ceux qui ont eu l’occasion de briller, qui plus est devant leur public. Cela n’a pas empêché de voir les couleurs nationales flotter sur un podium d’un Grand Prix de Belgique à plus d’une reprise.
Jacky Ickx a ainsi eu l’honneur de décrocher le premier podium de sa carrière à Spa-Francorchamps. En 1968, Mr. X n’était plus un inconnu. Mais il lui manquait encore un trophée en F1 à son palmarès. Enzo Ferrari ne s’était cependant pas trompé en lui confiant le volant d’une de ses 312 V12. Qualifié en première ligne, il est pointé à un moment 6e avant de se ressaisir et profiter de l’abandon de Jackie Stewart peu avant le dernier tour pour terminer 3e derrière McLaren et Rodriguez. Une époque diabolique où des monoplaces toujours plus puissantes et à l’aérodynamisme balbutiant s’affrontaient sur des circuits vétustes.
"À l’époque, nous avions une chance sur huit d’y rester", déclarera celui qui remportera 8 succès en F1 mais jamais sur ses terres.
Le deuxième nom qui vient en tête quand on pense à un pilote belge, c’est Thierry Boutsen. Considéré comme l’héritier d’Ickx, Boubou égalisera son aîné… l’espace de quelques heures. Il réalisa un festival à domicile en 1988. La Benetton-Ford est agile sur le toboggan ardennais et Thierry en fait excellent usage. Après être passé de la 6e à la 4e place, il accède au 3e rang à 8 tours du but. Une position qu’il conservera jusqu’à l’arrivée pour le plus grand bonheur de ses supporters.
"Ma voiture était parfaite et mon moteur fantastique pendant l’ensemble du Grand Prix", exultera-t-il. Hélas, une essence non conforme effacera son nom des tablettes. Ayant débuté à Spa en 1983, il achèvera sa carrière devant son public 10 ans plus tard. Sans fleurs ni trompettes, à son image.
Un seul diable motorisé a eu le luxe de mener son Grand Prix national. Olivier Gendebien pointa en tête à Spa en 1961 au volant de la superbe Ferrari nez-de-requin. Le quadruple vainqueur des 24h du Mans finira au pied du podium après avoir cédé face aux Ferrari officielles plus évoluées. Mais c’est en 1960 qu’il signera l’unique podium de sa carrière, qui plus est sur ses terres au volant d’une Cooper privée. Une année où les machines anglaises raflaient tout. Peu après sa dernière victoire mancelle, Gendebien quittera le sport auto sur la pointe des pieds.
"Le sport auto ne m’amuse plus", expliquait Gendebien. "Je n’avais plus le choix qu’entre deux options : perdre ou mourir. J’ai choisi la 3e : vivre."
C’est finalement le plus inattendu qui a réalisé la meilleure perf belge à domicile. En arrivant à Spa pour un reportage, il n’était pas prévu que Paul Frère dispute son Grand Prix en 1956. Et pourtant…
"Enzo Ferrari a insisté pour que je remplace Luigi Musso", rappela Frère. "Après m’être rassuré sur ma compétitivité, j’ai accepté."
La suite est connue : le pilote-journaliste finira deuxième derrière Peter Collins. Comme quoi, on peut être prophète en son pays en dépit d’un frêle palmarès en F1.
Des points sinon rien
À défaut d’un podium, deux Belges ont eu l’honneur de finir dans les points à domicile.
Les meilleures prestations belges ne s’arrêtent pas à celles d’Ickx, Boutsen, Gendebien et Frère. D’autres n’ont certes pas eu le privilège de repartir avec un trophée mais leurs prestations n’en sont pas moins remarquables.
André Pilette peut ainsi s’enorgueillir d’avoir terminé dans le quinté de tête en 1954. Une performance à souligner sachant que le membre de la dynastie Pilette ne disposait que d’une modeste Gordini qui était tout sauf un exemple de fiabilité. Ce sera le seul résultat notable d’André à Spa-Francorchamps, lui qui avait disputé le Grand Prix 1951 sur une Talbot Lago achetée avec les économies de quatre amis.
Lucien Bianchi a également réalisé de sacrées performances dans les Ardennes. Le grand-oncle de Jules termina deux fois 6e en 1960 et en 1968, à chaque fois sur une Cooper.
Un qui aurait pu marquer au minimum des points sur ses terres, c’est Willy Mairesse. Enrôlé chez Ferrari en 1962, le turbulent Willy se bat pour le podium cette année-là quand il s’accrocha avec la Lotus de Trevor Taylor au Club House et fit une terrible embardée, réduisant sa 156 nez-de-requin en cendres.
D’autres pilotes , qu’il s’agisse de Johnny Claes, Jacques Swaters, Eric Van de Poele, Philippe Adams ou encore Jérôme d’Ambrosio n’ont pas eu cette chance. Et certains comme Bernard De Dryver et Bas Leinders n’ont même pas pris le départ de leur Grand Prix national.
Stoffel Vandoorne sera-t-il le 7e Belge à marquer des points sur ses terres ? Ce Grand Prix de Belgique 2018 est peut-être la dernière chance pour le Courtraisien de briller devant son public. Le champion 2015 de GP2 n’aura pas le droit à l’erreur, avec un Lando Norris plus à l’affût que jamais, mais est dans une spirale positive après sa belle performance de Budapest.
Avec la pluie annoncée, les McLaren devraient voir leurs carences quelque peu gommées. Une arrivée dans le Top 10 est donc loin d’être impossible. À Spa, Stoffel ne doit pas marquer des points à domicile pour le seul prestige mais aussi pour sauver son avenir.