A la découverte du circuit de Monaco: les roues vont tourner au grand Casino
Nous vous emmenons à la découverte des 15 virages d’un véritable joyau.
- Publié le 23-05-2019 à 07h11
- Mis à jour le 23-05-2019 à 17h05
Nous vous emmenons à la découverte des 15 virages d’un véritable joyau.
Grand Prix des superlatifs, le rendez-vous de Monte-Carlo est le plus célèbre, le plus médiatique, le plus prisé, le plus technique, le plus court, le plus lent, le plus dangereux, mais aussi le plus excitant, glamour et regardé de la saison. Même si on assiste souvent à une procession sur le tourniquet monégasque de 3,3 km, le Grand Prix de Monaco est la course la plus suivie au monde avec les 24 Heures du Mans et les 500 Miles d’Indianapolis. Dépasser avec les F1 modernes y est devenu très compliqué, se crasher dans les glissières est, en revanche, encore plus facile qu’avant. Pour tirer le bon numéro et décrocher le jackpot à la loterie monégasque, il faut certes toujours un peu de chance. Mais, surtout, une monoplace bien réglée, beaucoup de talent et énormément d’audace. Nous vous emmenons à la découverte des 15 virages du véritable joyau de la couronne, une course valant pour certains autant qu’un titre mondial. Pas étonnant que les princes des lieux se nomment Ayrton Senna (6 victoires), Graham Hill et Michael Schumacher (5) ou Alain Prost (4).1. Sainte Dévote
Dévote est la patronne de la Principauté. Jeune chrétienne qui vécut en Corse au 4e siècle et mourut torturée par les Romains. Son corps fut placé dans une barque venue s’échouer dans le vallon des Gaumates, là où est située la petite église portant son nom, à gauche de l’échappatoire. Cette première difficulté après le départ est un véritable goulot où on a déjà assisté à pas mal de crashes, le plus célèbre étant celui de 1980 quand la Tyrrell de Derek Daly décolla au-dessus du peloton. On y voit aussi souvent des pilotes ratant leur freinage (surtout en fin de course) et prendre l’échappatoire légèrement à gauche ou venir taper le rail de face ou à l’accélération. Oser freiner tard à cet endroit et négocier rapidement le droite conditionnant toute la montée de la rue d’Ostende est l’un des secrets d’un tour rapide.
2. La montée du Beau Rivage
Cela ne se remarque pas nécessairement à la télévision, mais cela monte très fort et cela tourne, ce qui complique la situation et augmente les risques d’accrochages quand les monoplaces sont encore en peloton. Sur la droite, belle vue sur le port et la Méditerranée.
3. Le gauche de Massenet
L’un des virages les plus délicats du circuit doit son nom au célèbre compositeur français du 19e siècle, enfant chéri de l’opéra de Monte-Carlo et dont le buste se trouve derrière le rail. Ce gauche très rapide a déjà piégé Fernando Alonso ou Max Verstappen. Le freinage doit être précis. Si vous entrez trop vite ou si vous quittez la bonne trajectoire, vous vous retrouvez dans la partie sale et terminez dans le rail à droite, puis votre monoplace est suspendue à une énorme grue.
4. Le droite du Casino
Les monoplaces sortent vite de Massenet et entament la descente avec un droite rapide et étroit devant le casino le plus connu au monde. Les F1 lèchent les glissières à gauche, puis se décalent à droite pour éviter une bosse sur la partie gauche de la piste. C’est assez rock’n roll. Un zig-zag à l’issue duquel on peut assister à certaines tentatives de dépassements.
5. Mirabeau Haut
Freinage sur des oeufs où les monoplaces passent de 200 à 70 km/h pour un virage à droite serré dont le nom vient d’un hôtel surplombant le circuit et aujourd’hui fermé. C’est là qu’on a vu Nico Rosberg tirer tout droit dans la petite échappatoire, il y a quelques années, en qualifications, certains soupçonnant que ce soit pour provoquer un drapeau jaune et éviter que Lewis Hamilton puisse battre son chrono.
6. L’épingle du Fairmont
Plus connue sous le nom de l’épingle du Loews, ancien nom de l’hôtel devant lequel les monoplaces tournent en deuxième. C’est le virage le plus serré et le plus lent du championnat. On y assiste souvent à des accrochages, surtout lors du premier tour avec le phénomène de l’accordéon lors du freinage. Il est très difficile de doubler, mais certains plongent dès qu’ils voient un trou de souris. Il n’est pas rare qu’on doive neutraliser la course voire l’interrompre au drapeau rouge en cas de carambolage à cet endroit car c’est très étroit et le passage est vite obstrué.
7. Mirabeau Bas
Droite en descente où les pilotes escaladent allègrement le trottoir à la corde.
8. Le Portier
Rien à voir avec une quelconque porte qu’il ne faut surtout pas laisser ouverte. Ce virage doit son nom à Paul Portier, professeur à l’institut océanographique en 1911. On aurait pu le rebaptiser virage Ayrton Senna. C’est, en effet, là que le recordman de victoires perdit un succès facile en 1988 en tirant tout droit dans le rail à onze tours de l’arrivée alors qu’il était largement en tête devant Alain Prost. Face à la mer, c’est là que s’ancrent tous les bateaux n’ayant pas accès au port.
9. Le Tunnel
Le droite passant sous l’hôtel Fairmont est le virage le plus rapide du circuit, mais aussi du championnat puisque les F1 y déboulent à près de 300 km/h, plus vite encore qu’à la sortie de Blanchimont. C’est un virage facile, plus impressionnant de l’extérieur avec le son des moteurs résonnant. La lumière du jour au bout du tunnel est moins aveuglante et le contraste moins fort depuis que ce dernier est bien éclairé. Un dépassement à cet endroit est rare et toujours très périlleux.
10. La Chicane du Port
Le gros freinage pour la chicane du port est très difficile car les voitures déboulent à près de 300 km/h avec un freinage en descente. Les pilotes doivent bien remettre leur monoplace droit avant d’appuyer à fond sur la pédale du milieu. On a assisté à cet endroit à pas mal de gros crashes. C’est là qu’en 1955 Alberto Ascari glissa sur de l’huile pour terminer dans l’eau. Il fut remonté sain et sauf par les hommes grenouille mais se tua quelques jours plus tard en tests à Monza. Douze ans plus tard, on assistait là au seul accident mortel ayant endeuillé la Principauté quand la Ferrari de Lorenzo Bandini mordait trop fort la bordure à l’entrée de la chicane, tapait un potelet des bords du port, se retournait et prenait feu. Brûlé sur 70 % du corps, le malheureux italien décédait quelques heures plus tard à l’hôpital Grâce de Monaco. On se souvient aussi du gros accident de Karl Wendlinger à cet endroit en 1994, deux semaines après la disparition d’Ayrton Senna. L’Autrichien ne se remit jamais totalement de ce crash. Jenson Button fut également très sonné et dû déclarer forfait après que sa BAR ait tapé le rail violemment lors du freinage. Depuis, la sécurité a été améliorée à cet endroit avec une longue échappatoire et la coupe de quelques arbres permettant de reculer le rail à l’intersection. Les pilotes osent dès lors plus tenter des manoeuvres de dépassements. S’ils se loupent, ils coupent tout droit et doivent laisser repasser le pilote qu’ils tentaient de doubler.
11. Le Bureau de Tabac
Gauche rapide à l’aveugle situé près d’un marchand de cigarettes, entre les yachts alignés comme des sardines dans le port et des tribunes montées pour l’occasion à 1200 euros la place pour le week-end.
12. Le virage Louis Chiron
L’entrée des "Esses de la Piscine" porte aussi le nom de virage Louis Chiron, meilleur pilote monégasque monté sur le podium de son Grand Prix en 1950 sur Maserati. Son buste trône sur le port. Il est le seul vrai Monégasque à être monté sur un podium à domicile. Un exploit qu’espère égaler un certain Charles Leclerc. Ce virage est sans doute le plus fou et excitant du circuit. Les pilotes franchissent un gauche-droite très rapide en escaladant le vibreur à droite et rasant le rail à gauche avant de sauter sur les freins. Cela donne des frissons dehors, c’est grisant aussi dans l’habitacle. La marge d’erreur est nulle. La moindre faute et bang c’est le rail.
13. La Sortie de la Piscine
Encore un endroit très délicat où l’on a vu de nombreux pilotes et non des moindres finir dans le rail. Il faut viser juste en entrée en rasant le rail mais pas de trop près comme Stoffel Vandoorne en 2017 ou Max Verstappen en 2018 y ruinant sa course lors des derniers essais libres. Il faut aussi faire attention au gros vibreur à gauche. Si vous passez avec plus d’une demie monoplace dessus, votre monoplace décolle et termine directement sa course dans le rail en face. Il faut donc être très précis dans son pilotage à cet endroit. Sinon, vous verrez votre monoplace suspendue face à la mer par une énorme grue prête à rapidement dégager la voie.
14. La Rascasse
Virage très lent devant son nom au bar-restaurant faisant l’angle. La Rascasse, poisson de roche épineux de la mer méditerranée, est aussi l’endroit où l’ambiance bat le plus son plein le soir une fois que les monoplaces sont rentrées aux garages avec des groupes de musique live et des hôtesses sur échasses. Ce droite lent a lui aussi vu quelques monoplaces finir dans le rail après un freinage raté, parfois de manière maladroite ou maladroitement volontaire comme Michael Schumacher en 2006 pour provoquer un drapeau rouge et tenter d’empêcher Fernando Alonso de lui voler la pole. Mais le pilote Ferrari fut pris la main dans le sac, disqualifié et rétrogradé en fond de grille.
15. Le virage Anthony Noghes
La dernière courbe du circuit créé en 1929 par Anthony Noghes n’est vraiment pas la plus simple. Si vous attaquez trop au freinage vous risquez de taper droit dans le rail et si vous remettez les gaz trop tôt, vous pouvez glisser et toucher les glissières avec l’arrière. Attention donc aux excès d’optimisme en vue de la ligne d’arrivée.