En visite dans les ateliers Lifelive de Thierry Neuville

Thierry Neuville est un quadruple vice-champion du monde malin, organisé et travailleur. Il ne reste pas une seconde en place, ne sait pas attendre et veut toujours avoir un coup d'avance.

Ainsi, même si à 31 ans il est encore loin de sa retraite sportive, le Saint-Vithois songe déjà à son futur. Quand il ne gagnera plus des millions en Championnat du Monde des rallyes. C'est pourquoi il a décidé d'investir dans un énorme bâtiment de plus de 2000 mètres carrés dans le zoning 2 de Saint-Vith et de se lancer dans la construction de A à Z de châssis de mini buggies répondant aux normes FIA X Cross Car portant ses initiales suivies de son ancien numéro de course, TN5.

« J'ai créé LifeLive en 2014, » nous explique Thierry. « Ce nom fait référence à ma philosophie de vie. Il faut vivre l'instant présent, à fond. »

Le bâtiment a été créé il y a un peu plus d'un an. Il comporte un lobby très design dans les tons de son logo rouge orangé et noir anthracite, une salle de réunion, un très grand bureau avec ses principaux trophées, une salle de sport, un bar, une salle de jeux plus évidemment un énorme atelier très lumineux avec différentes pièces pour le rangement et l'usinage des pièces nécessaires pour la construction des châssis XC Cross Car, aujourd'hui la principale activité de Lifelive.

« J'ai décidé d'investir ici pas mal d'argent et disons 2% de mon temps car ma priorité actuelle reste bien évidemment le WRC et je n'ai pas souvent l'occasion de venir ici. J'ai confié la gestion de la structure à mon frère Yannick. Mais je fais aussi travailler mon papa et des amis. Au total, une dizaine de personnes. Je veux que ma famille et mes proches puissent profiter un peu de mon succès. Aujourd'hui, outre la construction et l'entretien des TN5, on a aussi une petite structure de rallye que je compte développer à l'avenir pour s'occuper de ma Corsa et d'une Opel Adam. J'ai aussi racheté quelques unes de mes autres voitures que vous ne pouvez pas voir ici pour l'instant mais qui arrivent. A l'avenir, je compte développer mon team. Mais d'abord, on va se structurer. »

Tel un véritable homme d'affaires, Thierry se pose parfois devant chez lui avec son hélicoptère, sa nouvelle passion.

« Je ne renie pas mes origines. Je sais d'où je viens. A mes débuts, je roulais en autocross et je n'avais pas du tout de moyens. C'est pourquoi aujourd'hui je veux participer, avec le RACB, à l'éclosion de cette nouvelle catégorie, le X Cross Car Junior pour les jeunes de 13 ans à 18 ans souhaitant devenir les nouveaux Neuville. En Belgique, il faut attendre l'âge du permis de conduire, soit 18 ans, pour pouvoir rouler en rallye. Grâce au X Cross Car, les jeunes peuvent apprendre la glisse, le pilotage sur terre. C'est la meilleure école et nettement moins cher que le karting. »

Des propos qu'il convient toutefois de nuancer. C'est vrai que le prix d'entrée de 1500 euros la journée en location est relativement démocratique si l'on compare à d'autres disciplines. Mais il faut encore ajouter les 135 euros d'inscription à la course. Et au final vous roulez très peu, quatre manches d'environ 3'30 plus une séance d'essais libres, soit une vingtaine de minutes sur la journée. Pas beaucoup plus qu'en course de côte ou en slalom. A l'heure, ce n'est donc pas moins cher que le karting, loin de là, même s'il est vrai que pouvez faire une saison pour un budget de 10.000 euros environ.

« Il est aussi possible d'acheter sa propre machine. Cela coûte entre 22 et 26.000 euros, (ndlr : comptez 5500 pour un bon kart neuf prêt à rouler)» précise Thierry. « Cela ne demande pas trop d'entretien. Le moteur développant environ 75 chevaux est issu d'une moto Suzuki, Yamaha ou Kawasaki. Les pneus ne coûtent de 90 euros pièce. Il faut juste faire attention à la boîte séquentielle de moto qui est fragile. Lorsque vous avez l'engin, il faut compter 1000 euros de frais d'inscription au championnat car ce ne sont pas des fermiers qui s'amusent dans les champs, c'est organisé et cela se dispute dans le cadre du championnat de Belgique de rallycross. Plus 3000 à 4000 euros de frais de révision. »

Parmi les cinq pilotes participant à cette première saison, on retrouve les kartmen Kobe Pauwels (fils de Koen, multiple champion de rallycross) et Rens Van Pelt, mais aussi Tom Hendrichs qui n'est autre que le demi-frère de Thierry Neuville. « On a la même maman, » sourit Thierry dont le jeune frangin de 15 ans porte sur son buggy les couleurs de Hyundai.

S'ils répondent tous à l'homologation de la FIA songeant à créer un championnat d'Europe de la discipline, ils peuvent aussi être personnalisés. Comptez six à sept jours de montage. «J'ai participé à une épreuve dans la catégorie Senior en Espagne il y a quelques années et il y avait 60 Cross Car au départ. Cela marche fort dans certains pays et je pense que cela peut bien se développer en Belgique avec le soutien du RACB et du promoteur Jérôme Fontaine. »

Mais aussi de Lifelive et de Thierry Neuville profitant de sa notoriété pour faire connaître et vendre le produit. « Il n'est pas exclu du tout que je participe à une course ou l'autre quand mon agenda me le permettra, » conclut notre quadruple vice-champion du monde avant de nous offrir, sur le circuit karting de Francorchamps, une démonstration de glissades. Pas de doute, quand on sait le faire aller et sur une piste mi-asphalte mi-terre, le X Cross Car doit permettre de vraiment s'amuser pour pas (trop) cher...

Mais dès 18 ans, rien ne vaut le provincial pour découvrir, avec une petite cylindrée, les vraies sensations du rallye.