Trop comédien pour être aimé comme Messi
- Publié le 03-07-2018 à 16h29
Sa propension à en faire des tonnes ne permet pas à Neymar d’être apprécié à sa juste valeur Le Brésilien représente l’archétype du joueur que les défenseurs aiment matraquer : rapide, technique et dangereux. Mais, surtout, il dégage une arrogance qui aiguise l’appétit des bouchers. Son regard noir et son sens de la provocation font de Neymar l’un des joueurs les plus clivants du paysage footballistique mondial.
"C’est normal qu’il soit à ce point agressé. C’est très difficile pour un joueur d’aller au duel avec lui car il est tellement fort qu’on est pratiquement obligé de faire une faute pour le stopper", disait Thiago Silva après la qualification de la Seleçao face au Mexique.
La star du Paris Saint-Germain est désormais devenue l’homme à abattre. Le terme est à peine exagéré car lundi après-midi, les Mexicains ont distribué les coups avec une certaine générosité. Miguel Layun lui a même broyé la cheville intentionnellement, lassé par les provocations techniques incessantes de son opposant direct. Neymar ne fait jamais dans la demi-mesure et cherche sans cesse à humilier son adversaire au gré d’un geste technique sensationnel.
Il ne connaît pas la solution de facilité et aime aller dans le duel en un contre un, quitte à en subir les conséquences physiques. "Il est intelligent, il sait comment gérer ce genre de situation", le défendait son désormais ancien entraîneur, Unai Emery.
C’est pourtant bien là que se situe le problème. Les roulades incessantes du Brésil au moindre contact finissent par lasser le public. Sur les réseaux sociaux, ses réactions démesurées font l’objet de parodies particulièrement amusantes (il remplace une boule de bowling lors d’un strike, notamment) et permettent à d’anciennes gloires du football de sortir leurs plus beaux jeux de mots.
"On la touche à peine et elle peut tourner pendant des heures", a même imagé Eric Cantona, comparant Neymar à une valise jaune. "Tu es un grand joueur… et un grand acteur. Mais attention aux erreurs de logique. Si on te touche à l’épaule droite, tu ne peux pas hurler de douleur en te tenant la joue gauche."
Pourtant, le Brésilien est bien matraqué. Le sélectionneur suisse avait même reconnu qu’il s’agissait d’une stratégie établie avant la rencontre. Résultat : Neymar avait subi dix fautes, un record en Coupe du Monde depuis l’édition 1998 et les onze fautes commises sur Alan Shearer face à la Tunisie.
"Il n’y a pas eu de faute grave et je pense que l’équipe a défendu proprement. La plupart des duels ont été corrects. Il y avait un homme placé en marquage sur lui et c’était l’une des clés pour le neutraliser", déclarait Vladimir Petkovic. Cette conception du jeu est partagée par la majorité des entraîneurs de Ligue 1.
Son arrivée fracassante dans le Championnat de France a braqué tous les projecteurs sur sa seule personne. Les défenseurs de l’Hexagone avaient déjà la réputation d’être virils et la star parisienne l’a appris à ses dépens.
Au total, il a été plaqué au sol à 104 reprises, et occupe la 2e place de ce classement spécifique derrière Nabil Fekir (106) qui a toutefois disputé plus de matches. "Si je devais donner un conseil à Neymar ? Il ne faut pas qu’il aille jouer en Angleterre", souriait Dimitri Payet, son rival à Marseille. "Il n’est pas le seul joueur à être souvent taclé. Flo Thauvin et Nabil Fekir peuvent en témoigner. Tous les joueurs qui dribblent et provoquent sont amenés à prendre des coups."
Mais tous ne réagissent pas de la même manière. C’est peut-être cela qui sépare encore Neymar du Ballon d’Or… "S’il veut être autant aimé que Lionel Messi, il vaut mieux qu’il arrête la comédie. C’est dommage car c’est un joueur fantastique", disait le défenseur du Celtic Mikael Lustig juste après l’avoir affronté en Ligue des Champions. Le message est passé…