Teddy Chevalier: "Ma réputation m’a empêché de jouer pour un top club belge"
L’ancien buteur de D1 belge Teddy Chevalier a finalement quitté la Belgique.
- Publié le 20-11-2019 à 13h02
L’ancien buteur de D1 belge Teddy Chevalier a finalement quitté la Belgique. Teddy Chevalier : si vous avez suivi la Pro League ces dernières saisons, ce nom ne vous est sûrement pas étranger. Passé par Zulte Waregem et Courtrai à deux reprises, le buteur français aura laissé différents souvenirs à notre pays. Souvent étiquetté comme une "grande gueule" qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, Chevalier a aussi rendu fous quelques gardiens adverses grâce à ses qualités de finisseur. Cette saison, c’est à Valenciennes que l’homme de 32 ans s’est lancé un nouveau défi. Un retour à la maison pour ce Ch’ti qui se souviendra longtemps de ses passages dans notre championnat.
Teddy, comment se sont déroulées vos premières semaines à Valenciennes ?
"Très bien ; c’est un retour que j’attendais depuis plusieurs années. C’est un club qui me tient à cœur et cela fait plaisir de revenir chez soi. Tout est réuni pour que je me sente bien ici."
Pourquoi avoir quitté Courtrai durant le mercato estival ?
"J’avais besoin d’un nouveau challenge. J’ai fait pas mal d’années en Belgique et entre autres à Courtrai où j’ai passé de bons moments. Mais j’avais besoin de me retrouver. J’avais vraiment envie de revenir à la maison. Heureusement, cela s’est fait."
À Courtrai, tout le monde ne comprenait pas forcément vos envies d’aller voir ailleurs ?
"Non, c’est vrai… Certains supporters m’ont compris mais on ne leur a pas dit toute la vérité. Beaucoup de fans m’ont envoyé des messages en me disant que j’avais forcé mon départ et que c’était de ma faute. Ce n’est pas le cas. Tout n’a pas été dit mais je ne vais pas entrer dans les détails. Je ne suis pas parti pour gagner beaucoup d’argent en Arabie saoudite ou au Qatar. C’était un retour à la maison que l’on me proposait, avec un vrai projet sur le long terme intéressant. Je pense que c’était le moment de partir de Courtrai."
Que représente ce club pour vous ?
"C’est mon club de cœur. Les gens de Courtrai m’acceptaient comme j’étais. Ils savaient que j’avais un certain caractère mais ils savaient aussi que j’étais quelqu’un de généreux et avec un grand cœur. J’ai eu des disputes mais quand on rentrait dans le vestiaire, c’était terminé. Je me suis toujours battu pour l’équipe et c’est peut-être grâce à cela qu’il y a eu cette accroche entre moi et les supporters de ce club. Le fait de quitter Courtrai pour venir à Valenciennes m’a fait mal au cœur. Si cela avait été un autre club que Valenciennes, je ne serais pas parti."
Vous êtes passé tout près du titre de meilleur buteur avec Courtrai lors de la saison 2017-2018 et vous avez empilé les buts durant vos autres saisons en Belgique. Peut-on dire que vous avez marqué le championnat belge de votre empreinte ?
"Je pense avoir fait un bon petit passage en Belgique. Il y a une partie de moi qui se sent belge. J’ai toujours bien été accueilli dans ce pays. À un but près, je terminais avec le Taureau d’or (NdlR : récompense du meilleur buteur octroyée alors au...Waregemois Harbaoui avec 22 goals ) . Cela a été une grande déception pour moi car cela aurait été une belle récompense de tous les efforts réalisés en Belgique. C’est un regret mais cela fait partie du football."
Il n’y a pas eu une frustration de n’être finalement resté qu’à Courtrai après cette magnifique saison durant laquelle vous inscrivez 21 buts ?
"Je ne vous mens pas que j’espérais être approché par un gros club belge. J’avais été en contact avec un club d’Abu Dhabi à cette époque. Cela a traîné et c’est finalement tombé à l’eau alors que j’étais tombé d’accord avec le club. Cela m’avait mis un coup derrière la tête mais ma plus grosse déception est de ne pas avoir joué pour un gros club en Belgique."
Qu’est-ce qui vous aura manqué pour jouer encore dans un club du top belge ou en Ligue 1 ?
"C’est mon caractère et ma réputation que j’ai pu avoir dans le passé. Mon caractère a fait que les clubs du top belge avaient peut-être peur de me prendre. Je ne suis pas facile à vivre parfois mais mes anciens coéquipiers et mes anciens coachs vous diront que j’ai un grand cœur et que je ne suis pas quelqu’un de méchant. Je fais simplement parfois passer des messages d’une mauvaise manière… Je suis très généreux et mon caractère me fait parfois défaut. Je pense que c’est cela qui m’a empêché d’atteindre le top en Belgique ou ailleurs."
En avez-vous marre de cette étiquette de "mauvais garçon" ?
"À 32 ans, je ne me pose plus trop la question. Mais quand je vois le nom de certains joueurs qui signent dans des tops clubs en Belgique comme Gand, Bruges ou le Standard alors que je n’ai pas eu la chance d’y aller, c’est clair que je peux avoir des regrets. C’est un championnat que je connais bien et j’y ai toujours mis mes buts. On ne saura jamais ce que j’aurais fait dans un top club mais j’aurais peut-être mérité de recevoir ma chance et de prouver que j’avais les qualités. Mais c’est le destin, je n’en veux à personne."
"Dans le foot, il n’y a pas d’amis"
Teddy Chevalier aura vécu une carrière riche en rebondissements.
C’est en janvier 2009 que Teddy Chevalier signe son premier contrat dans un club belge, à Boussu Dour, en Division 3. "J’avais envie de faire carrière, c’était mon rêve de gosse", se souvient Chevalier. "Mais c’est vrai que les débuts en D3 ont été très compliqués… À ce moment-là, il faut être fort mentalement. Avec mon caractère, je n’ai jamais rien lâché. J’ai toujours su me relever. Finalement, le tour final cette saison-là m’a permis de me révéler et j’ai eu la chance qu’un recruteur de Zulte m’ait vu jouer. Tout est parti de là."
À Waregem, Teddy Chevalier éclatera rapidement, inscrivant 13 buts dès sa première saison avant de rejoindre le RKC Waalwijk dans le championnat néerlandais et une première fois Courtrai. "J’ai eu quelques disputes avec Francky Dury (NdlR : l’entraîneur de Zulte Waregem) et les supporters à Waregem", explique Chevalier. "Mais il n’y a pas que du négatif de ma période waregemoise ; c’est là que tout a commencé pour moi. Mais c’est à Courtrai que je me sentais chez moi. Je dois beaucoup à ce club."
En 2015, le Français prend une décision importante pour la suite de sa carrière : il quitte le Stade des Éperons d’or pour rejoindre Rivespor dans le championnat turc. "Je ne regrette pas ce transfert", commente Chevalier. "Cela a été une bonne expérience. Ce que je regrette, c’est d’avoir quitté la Turquie pour rejoindre Lens. Les Lensois ne m’ont pas respecté. Le coach m’a fait comprendre qu’il avait voulu bloquer mon transfert mais que c’était trop tard… Avant cela, il m’avait fait du pipeau par téléphone. Si j’avais su, je serais resté en Turquie."
C’est après cet échec que Teddy Chevalier décide de revenir une seconde fois à Courtrai, bouclant une boucle belge ouverte en 2009 et refermée en 2019. "J’ai beaucoup changé en dix ans", sourit l’attaquant français. "Quand j’étais plus jeune, j’étais impulsif et je faisais n’importe quoi. Depuis lors, j’ai rencontré ma femme, j’ai eu une fille et j’ai engrangé de l’expérience. Par contre, ce qui n’a pas changé, c’est que je suis toujours un joueur de caractère qui veut gagner, sur le terrain."
Finalement, le joueur de 32 ans en aura vu de toutes les couleurs durant sa carrière qui n’est pas encore finie. "Le monde du football est très particulier", avance Teddy Chevalier. "C’est un monde dans lequel il n’y a pas d’amis. C’est un monde de chiens où c’est chacun pour sa gueule. C’est comme dans la vie de tous les jours sauf qu’on le voit plus car c’est médiatisé. Pour s’en sortir, il faut du caractère et un mental d’acier. Le plus compliqué n’est pas d’arriver dans le monde du football mais d’y rester."
Ce que Teddy Chevalier aura brillamment réussi.
"À Valenciennes, je sais que je suis attendu"
À Valenciennes, 13e de Ligue 2, Teddy Chevalier compte bien tout faire pour aider le club à atteindre ses objectifs, lui qui avait inscrit trois buts en huit rencontres avant de se montrer muet devant les buts adverses. "Nous devons nous maintenir et pourquoi pas terminer dans les dix premières places", analyse Chevalier, qui n’a plus gagné avec son équipe depuis huit matchs. "Personnellement, je vais essayer d’amener mon expérience à une équipe composée de pas mal de jeunes. Je sais que je suis attendu, que les gens me regardent et qu’il y aura beaucoup de critiques mais c’est ce que je recherchais. J’avais envie de me mettre dans le dur et de voir comment j’allais réagir dans la difficulté. J’ai 32 ans et je ne pense qu’à jouer. La suite, on y réfléchira après…"