Rencontre avec Nicolas Penneteau et son fils, coéquipiers au sein de la sélection corse: "À l’entraînement, j’évite de l’appeler Papa"
Nicolas Penneteau figurait dans la sélection corse avec son fils.
- Publié le 06-06-2019 à 07h00
- Mis à jour le 06-06-2019 à 13h25
Nicolas Penneteau figurait dans la sélection corse avec son fils. Pour certains footballeurs, la saison ne s’est pas terminée au coup de sifflet final de leur dernier match de championnat. Les équipes africaines se préparent pour la Coupe d’Afrique des Nations et les pays européens s’apprêtent à jouer des matchs de qualification pour l’Euro 2020 en cette fin de saison.
À côté de toutes ces rencontres assez médiatisées, deux sélections se sont affrontées dans un certain anonymat : la Corse et la Sardaigne. Du côté corse, une connaissance du championnat belge a joué toute la rencontre : Nicolas Penneteau. Dans la sélection figurait aussi son fils Maxime Penneteau, attaquant au sein de l’équipe réserve du Stade de Reims. L’occasion de réaliser une interview croisée entre le père et le fils.
Quel sentiment cela procure de jouer avec le maillot de l’équipe nationale corse ?
Nicolas Penneteau: "C’est une grande fierté de représenter notre île. Nous sommes une terre de football et il n’y a rien de mieux que le football pour véhiculer une bonne image de la Corse."
Maxime Penneteau: "Nous avons un profond sentiment d’appartenance à notre île. Pour la plupart, nous nous sentons souvent plus corses que français. Nous sentons que nous sommes un peuple uni et cela se ressent sur le terrain."
Quel a été le niveau affiché lors de la rencontre face à la Sardaigne ?
N.P. : "C’était un bon niveau, il y avait quelques joueurs de Série A et de Serie B au sein de la sélection de la Sardaigne. De notre côté, nous avons des joueurs de Ligue 1 et de Ligue 2. Il nous a manqué un peu de percussion offensive en deuxième mi-temps mais c’était un bon match avec pas mal d’intensité. J’ai joué toute la rencontre que nous avons remportée aux tirs au but après avoir fait 1-1 (NdlR : Nicolas Penneteau a été décisif lors de la séance de penaltys en arrêtant deux tirs aux buts adverses mais en inscrivant aussi le sien… d’une Panenka !) ."
M.P. : "Personnellement, je ne suis pas monté au jeu comme j’avais pu le faire il y a deux ans face au Nigéria. Mais je pense qu’en termes de possession et d’organisation, nous avons été meilleurs. Nous sommes restés très rigoureux et bien organisés. Puis, nous avons dans notre effectif des joueurs comme Rémy Cabella (NdlR : joueur de Saint-Étienne) qui ont une technique supérieure et peuvent garder le ballon assez facilement."
N.P. : "Maxime a quand même partagé toute cette aventure pendant trois jours et l’avenir de l’équipe corse lui appartient."
Quel est l’objectif d’une rencontre pareille ?
M.P. : "L’idée est de donner de la visibilité à la sélection corse et de lui donner du crédit. Ce n’est pas une sélection amicale où l’objectif est de s’amuser. Nous voulons des résultats et nous ne sommes pas là pour plaisanter. C’est quelque chose qui a beaucoup d’importance pour l’île et pour ses habitants."
Comment se déroule une saison avec l’équipe nationale corse ?
N.P. : "Nous faisons un seul rassemblement en fin de saison. Il y a un vrai professionnalisme au sein de l’équipe avec un préparateur physique, un entraîneur, deux adjoints, deux kinés."
M.P. : "C’est très professionnel et ils essayent de s’améliorer d’année en année dans l’organisation, dans le côté médical ou encore pour tout ce qui concerne les sponsors. Cela fait dix ans que la sélection prend forme et cela devient de plus en plus sérieux."
Qu’est-ce que cela fait de jouer avec son père/son fils au sein d’une même équipe nationale ?
M.P. : "C’est un rêve pour tout enfant de pouvoir jouer avec son père dans un match de haut niveau. Au début, nous en parlions et nous en rigolions mais c’est devenu avec le temps une réalité. En plus, cela rajoute une saveur particulière de pouvoir le faire avec le maillot corse."
N.P. : "C’est une grande fierté pour moi. Il y a quelques années, quand je jouais à Valenciennes, j’avais dit dans une interview à France Football que mon rêve était un jour de jouer avec mon fils. C’était faisable si j’arrivais à durer dans le métier et si Maxime arrivait à performer. C’est une grande émotion de se prendre dans les bras et de s’encourager avant le match, de vivre l’hymne corse ensemble avant la rencontre."
Est-ce qu’on se considère plus comme des coéquipiers ou des membres d’une même famille quand on se retrouve ensemble sur le terrain ?
N.P. : "À l’entraînement, je trouve qu’on ressent plus le côté père-fils. Mais en match, je lui parle comme à mes coéquipiers. Nous avons joué ensemble il y a deux ans contre le Nigéria et cela reste quand même particulier quand je le vois jouer ou quand il est rentré au jeu ce jour-là. Il y a toujours une part d’émotion quand j’entends son nom…"
M.P. : "Je trouve qu’on se considère comme des coéquipiers. J’évite de dire ‘Papa’ à l’entraînement par exemple, je dis plutôt ‘Nico’ car je n’ai pas envie que certains pensent qu’il y ait un parti pris. Une fois le match terminé, cela redevient mon père. Mais sur le terrain, il ne faut pas tout mélanger."
Quels sont les objectifs futurs de l’équipe nationale corse ?
M.P. : "L’objectif ultime est d’être reconnu par la Fifa pour jouer une compétition officielle. Pour cela, nous devons essayer d’avoir des résultats crédibles et ainsi avoir un dossier assez fort pour montrer que la Corse peut concurrencer d’autres sélections sur le plan mondial."
N.P. : "Si cela devait arriver un jour, nous pourrions dire que nous avons été les pionniers de cette belle aventure."
"Je suis dans l'attente"
En fin de contrat, Nicolas Penneteau espère continuer l’aventure à Charleroi.
La rencontre face à la Sardaigne était la première pour Nicolas Penneteau depuis son retour de blessure. Barré par Rémy Riou à Charleroi, le Français n’avait plus joué depuis le 22 avril et la victoire face au Beerschot-Wilrijk (4-0).
"Je me suis super bien senti durant cette rencontre", avance le gardien de 38 ans. "Cela fait un moment que je me sens bien physiquement. C’est surtout les bonnes performances de Rémy qui m’ont empêché de retrouver les terrains plus tôt."
En fin de contrat, Nico Penneteau ne sait pas encore de quoi sera fait son futur.
"Nous sommes entrés en négociation depuis pas mal de temps", explique Penneteau. "J’ai émis une proposition mais j’attends toujours un retour de la direction. J’espère qu’il y aura un retour assez rapidement pour ne pas devoir retrouver quelque chose dans l’urgence si le club ne souhaite pas continuer notre collaboration. Je suis dans l’attente depuis le mois de mars. C’est un peu long mais je m’adapte…"
À 38 ans, Nicolas Penneteau ne compte pas arrêter sa carrière maintenant.
"Je me sens encore capable de faire partie d’un groupe pendant deux saisons au minimum", avance le Corse. "Si le club n’a pas la volonté que je continue en tant que joueur, je pourrais tenter de trouver un dernier challenge pour finir ma carrière. Si je continue l’aventure, il y a de grandes chances qu’on puisse collaborer par après dans un autre rôle au sein du club. Mais avant cela, je sens que j’ai encore les capacités physiques et mentales pour continuer à jouer à un bon niveau."
Un papa conseiller et agent
Formé à Bastia, Maxime Penneteau évolue actuellement avec la réserve du Stade de Reims. Lui qui a signé un contrat professionnel la saison dernière est soutenu par son père. "Il joue un peu tous les rôles pour moi : papa mais aussi conseiller ou encore agent ", explique l’attaquant. "Il me parle de ses expériences, des erreurs qu’il a pu commettre durant sa carrière. J’essaye d’en tirer des leçons."
Cependant, pour Nicolas Penneteau, pas question non plus d’être trop présent. "À des moments, il a parfois besoin d’être aidé", commente le gardien du Sporting Charleroi. "Mais il faut aussi lui laisser découvrir le métier. Il faut qu’il fasse sa propre carrière et qu’il se découvre en tant qu’homme et en tant que joueur."
Conscient de la belle carrière réalisée par son père, Maxime Penneteau est plus qu’admiratif envers le gardien du Sporting Charleroi. "Pour moi, il a réalisé une grande carrière", explique le joueur de 19 ans. "C’est pour moi l’un des meilleurs gardiens français. Je ne dis pas cela parce que c’est mon père mais plutôt en raison de ses qualités. Il n’a pas toujours joué dans des clubs du haut de tableau mais il a toujours démontré que c’est un gardien de grande classe."