Quand la politique se mêle au football: ces incidents diplomatiques survenus sur les terrains de foot
La politique ne finit pas de s'inviter dans la sphère du monde footballistique. Ce lundi soir encore, la France accueille la Turquie. Un climat de haute tension règne entre les deux nations suite à un conflit géopolitique.
- Publié le 14-10-2019 à 13h24
- Mis à jour le 14-10-2019 à 17h48
La politique ne finit pas de s'inviter dans la sphère du monde footballistique. Ce lundi soir encore, la France accueille la Turquie. Un climat de haute tension règne entre les deux nations suite à un conflit géopolitique.
Pour rappel, Recep Tayyip Erdogan a déclenché la semaine dernière une offensive contre les Kurdes en Syrie. De nombreux chefs d'Etat dont Emmanuel Macron ont fermement condamné cette tentative. Ce samedi, Paris a d'ailleurs annoncé la suspension de ses ventes d'armes à Ankara, dénonçant une offensive unilatérale des forces turques qui "remet en cause les efforts sécuritaires et de stabilisation de la coalition globale contre Daech".
Les joueurs turcs, eux, ont marqué leur soutien à leur président en faisant un salut militaire lors du but victorieux à la dernière minute face à l'Albanie ce vendredi.
En plus du défi sportif - les deux nations se disputent la tête de leur groupe -, un réel climat de tension va peser tout au long de la rencontre entre la France et la Turquie.
Si incident il y a ce lundi soir lors de la rencontre, ce ne sera pas une première dans le monde du football qui a souvent eu des liens avec la politique.
Lyon-Besiktas en 2017: coup d'envoi retardé de 45 minutes
En 2017, la rencontre d'Europa League entre Lyon et le Besiktas avait tourné au vinaigre. Violence entre supporters, envahissements de terrain, coups de sifflet, gaz lacrymogènes, charges de CRS, coup d'envoi retardé: tout y était passé.
En effet, la rencontre avait débuté avec 45 minutes de retard à cause de nombreux incidents survenus avant la rencontre. Des supporters avaient d'ailleurs envahi la pelouse du Parc OL peu avant le début du match. Ce comportement avait pour but de se protéger des projectiles émanant des tribunes turques, comme le révélait un journaliste de l'AFP présent sur place.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait répondu à ces incidents à la télévision turque: "C'est très dangereux si les supporters français ont pénétré sur la pelouse". Ce match avait lieu trois jours avant un référendum sur le renforcement des pouvoirs d'Erdogan.
Le dernier France-Turquie a mal fini
Il y a dix ans, la France et la Turquie se sont affrontés en juin à... Lyon lors d'une joute amicale. Raymond Domenech était le sélectionneur des Bleus. La rencontre avait mal tourné, et ce, notamment à cause des certains supporters turcs. Fâchés des décisions arbitrales défavorables à leur équipe, ils ont provoqué l'interruption du match à quelques minutes du coup de sifflet final. Des jets de projectiles et de fumigènes étant à la base de cet arrêt.
Ozil quitte la sélection allemande à cause de racisme
Le milieu de terrain allemand Mesut Ozil, qui a fait les beaux jours de la Mannschaft, a décidé de prendre sa retraite prématurément en 2018. Pris à partie par certains médias et une partie de l'opinion publique allemande après sa rencontre avec le président turc Recep Tayyip Erdogan en pleine campagne électorale, le milieu de terrain turco-allemand avait publié un communiqué pour faire part de sa décision. Il désigne les médias allemands comme responsables ainsi que la DFB (fédération allemande de football) qui en a fait le principal responsable lors de la débâcle à la dernière Coupe du Monde.
Les photos d'Ozil et Erdogan avaient provoqué un tollé en Allemagne. Du côté de la Turquie, cette décision de se retirer de l'équipe nationale avait été saluée. "Je félicite Mesut Özil qui, en quittant l'équipe nationale d'Allemagne, a marqué le plus beau but contre le virus du fascisme", avait tweeté le ministre turc de la Justice Abdülhamit Gül.
Serbie-Albanie: un incident diplomatique sur la pelouse
Mais les rencontres entre la France et la Turquie ne sont pas les seules qui ont dégénéré à cause des tensions géopolitiques.
Un incident notoire a eu lieu durant la rencontre de qualification de l'Euro 2016 entre la Serbie et l'Albanie. Cette dernière avait été arrêtée dès la 41ème minute de jeu. Un drone avait survolé la pelouse durant le match. Sur celui-ci, un drapeau avec une carte de la "Grande Albanie", un projet nationaliste visant à réunir au sein d'un même Etat les communautés albanaises d'Albanie, du Kosovo, du Monténégro, de Macédoine, de la Grèce et du sud de la Serbie.
L'ancien Anderlechtois Aleksandar Mitrovic avait tenté d'attraper le drapeau quand le drone s'est approché du terrain. Les joueurs albanais étaient alors furieux. Des fumigènes émanaient des tribunes et des envahissements de terrain ont eu lieu. Les supporters serbes chantaient alors "Tuez ! Tuez ! Tuez les Albanais !"
L'incident a eu lieu en présence du président de la Serbie Tomislav Nikolic, et ce peu avant une visite du Premier ministre albanais Edi Rama. Cela faisait alors 70 ans qu'une visite officielle de ce genre n'avait plus eu lieu. La Serbie a ensuite reproché au frère du Premier ministre albanais d'avoir organisé cet incident. Selon le ministre de l'Intérieur serbe, c'est lui qui dirigeait le drone depuis sa loge.
Shaqiri critiqué pour... ses chaussures
En 2018, le talentueux meneur de jeu de la Suisse Xherdan Shaqiri a fait parler de lui à cause des chaussures qu'il a portées. Le joueur suisse d'origine kosovare avait publié une photo sur son compte Instagram lorsque le tirage des poules de la Coupe du Monde a eu lieu. Il rencontrait le Brésil, la Serbie et le Costa Rica. Sauf que sur la photo, la Serbie aurait dû arriver en troisième position et non pas en quatrième.
Un site serbe a très mal pris la chose et vécu cela comme un affront. Selon eux, il s'agissait d'une propagande anti-serbe au vu de ses origines kosovares. Précisons que les relations sont tendues depuis que le Kosovo a, en 2008, déclaré son indépendance.
Alors que cette histoire semble derrière lui, Shaqiri a publié une photo de ses chaussures. Sur les deux talons, deux drapeaux: celui de la Suisse et celui du Kosovo. Les médias serbes sautaient alors sur l'occasion pour y voir une nouvelle forme de provocation.
Le duel des Corée en pleine impasse diplomatique
Et France-Turquie ne sera pas la seule rencontre de cette semaine où règne un climat géopolitique plutôt tendu. C'est le cas aussi entre la Corée du Nord et la Corée du Sud qui se rencontrent ce mardi.
Ce choc historique, le premier à Pyongyang entre les équipes masculines, se produira alors que les deux nations sont toujours en guerre. La Corée du Nord a fermé la porte au dialogue intercoréen. On ne sait pas encore si la rencontre sera retransmise à la télévision ou si les fans sud-coréens pourront assister au match. La Corée du Nord n'a pas donné réponse à ces questions.
Toujours est-il que l'hymne sud-coréen devra retentir en Corée du Nord et qu'un drapeau sera hissé avant la rencontre, ce qui est extrêmement rare chez les Nord-Coréens.
Les autres rencontres opposant la Corée du Nord contre la Corée du Sud étaient délocalisées en Chine. Ce n'est plus le cas. De nombreux joueurs vont donc connaitre leur premier match à Pyongyang, ce que craint notamment Lee Jae-Ik, qui a révélé aux journalistes qu'il avait peur de se déplacer là-bas. "J'espère revenir en vie", a-t-il dit aux journalistes.
La FIFA a reconnu être en contact régulier avec les deux nations. L'instance espère que le football pourra les réunir. Le football a le pouvoir unique de réunir les gens dans un esprit de fête et de fair play et nous espérons sincèrement que ce sera le cas le 15 octobre à Pyongyang", a indiqué un porte-parole de la Fifa.