Pascale Pierard, l’une des premières femmes journalistes à s’aventurer dans les vestiaires : “Robert Waseige ne m’a jamais refusé une interview !”

Journaliste débutante à une époque où nous recueillions les déclarations des joueurs dans le vestiaire, je tergiversais pourtant. La fameuse première fois, vous savez, d’autant que j’étais parmi les pionnières dans le métier.

Piquée au vif, j’ai déboulé dans le vestiaire comme une furie. La Dernière Heure/Les Sports a eu les réactions souhaitées. Il m’a aidée, ce jour-là comme tant d’autres fois par la suite, patient face à mes questions parfois naïves de débutante, toujours disponible.

Pour nouer les deux bouts, je multipliais les employeurs mais jamais Robert n’a refusé une interview, que ce soit pour une radio locale ou un toutes-boîtes. Combien de fois Aline ne m’a-t-elle pas chaleureusement ouvert la porte de sa maison…

Robert Waseige menait une existence normale, presque banale malgré son statut, avec Aline, son épouse, et leurs trois fils. Ses piques lui valaient parfois la rancune de ses victimes mais elles ne sont qu’un aspect de sa riche personnalité. Elles ne doivent pas occulter sa bienveillance, son sens des valeurs. Car Robert s’intéressait aux autres. À ses joueurs et à leur avenir, pour commencer. Un jour, il s’est réjoui car Michel Preud’homme, qui jouait alors pour le FC Malines, avait acheté une villa. "Il assure son avenir, c’est bien."

Son réalisme un brin sarcastique ne l’a jamais quitté. Ainsi, quand André Marchandise l’a remplacé par Eric Gerets, il a commenté : "Le Président s’est acheté une nouvelle locomotive…"

Permettez-moi de redevenir personnelle. Comme tant d’autres collègues, j’ai été en conflit avec Robert, pour une divergence tactique. C’est lui, qui, devenu sélectionneur des Diables rouges, a mis fin à une guerre froide de plusieurs années. Il a effectué le premier pas. Et d’autres ensuite. Il s’est intéressé à mes expéditions polaires, par exemple.

Robert était curieux de tout, capable de se fasciner, notamment pour le magnifique film Loup de Nicolas Vanier. Il m’en avait parlé avant mon départ pour la Sibérie, tout en se rappelant son survol interminable quand il se rendait au Japon pour préparer le Mondial 2002.

Un grand monsieur s’en est allé. Un ami aussi. Maintenant, mes pensées vont à Aline.