"Oser prendre un tir au but à 20 ans : respect !"
- Publié le 15-06-2018 à 18h00
- Mis à jour le 15-06-2018 à 17h59
Son intégration dans le groupe de la France s’est déroulée très naturellement Thierry Henry n’avait que vingt ans lorsqu’il a été sélectionné pour disputer la Coupe du Monde. Sa présence avait constitué une petite surprise car il n’avait jusqu’alors jamais porté le maillot bleu mais son excellente saison avec Monaco (onze buts, toutes compétitions confondues) lui avait logiquement ouvert les portes de l’équipe. "C’était un jeune qui se faisait tout petit. Il était humble et cherchait simplement à apprendre. Personnellement, j’ai essayé de le prendre sous mon aile car comme moi, il venait des Dom-Tom. C’était mon protégé" , se souvient Bernard Lama. "Il n’était quand même pas dans sa coquille, il était décomplexé. Il faut dire qu’il avait déjà réalisé de solides performances avec son club et donc sa présence dans le groupe ne nous a pas spécialement surpris."
Aimé Jacquet, le sélectionneur, a étonné en le titularisant dès la première rencontre du tournoi, face à l’Afrique du Sud. Le technicien français voulait que sa vitesse casse la défense africaine. "Je ne l’ai jamais vu comme un concurrent qu’il fallait abattre. Bien au contraire, la concurrence m’a toujours fait avancer, d’autant qu’il se montrait très respectueux envers le groupe. Et donc, moi aussi je le respectais", explique Stéphane Guivarc’h, qui avait disputé ce match d’ouverture à ses côtés en attaque. "Il avait déjà d’énormes qualités et cela ne m’étonne pas qu’il ait connu autant de succès durant sa carrière. Mais je me souviens surtout d’un jeune garçon qui s’exprimait correctement et était déjà très intelligent. Il a su être patient dans son intégration et il a pris le temps de découvrir tout le monde."
Trois fois buteur lors des deux premiers matches, il a fait étalage de ses qualités aux yeux du monde entier, même s’il a dû se contenter d’une place sur le banc lors de la finale face au Brésil. "Il n’avait pas vraiment de stress durant le tournoi. Et jamais personne n’a essayé de le saboter car les anciens l’ont rapidement respecté. Cela, il l’a gagné grâce à sa grande force mentale, notamment quand il a osé prendre à son compte un tir au but lors du quart de finale contre l’Italie. Il fallait oser prendre de telles responsabilités à vingt ans", continue Stéphane Guivarc’h
Et si cela se passait moins bien, Bernard Lama était présent pour le protéger. "Je le surveillais même pendant les matches. Lors de ce même match contre l’Italie, il ne s’était pas bien repositionné et cela avait permis à Roberto Baggio d’être à deux doigts d’ouvrir le score. Certains joueurs avaient voulu lui remonter les bretelles, c’était donc le moment pour moi d’intervenir."
M. F.