"On veut montrer à Henry qu’il a choisi le mauvais camp"
- Publié le 08-07-2018 à 20h23
- Mis à jour le 08-07-2018 à 20h22
Olivier Giroud va se retrouver face au T3 des Diables, qui ne l’a jamais épargné Istra, à une demi-heure du camp de base de la Belgique. La France a également établi son quartier général dans les alentours de Moscou. L’ambiance y est plutôt bonne. Ce dimanche, seule la présence d’une charmante journaliste mexicaine a quelque peu désarçonné l’assemblée, à un point tel que personne n’avait remarqué qu’Olivier Giroud s’était déjà assis devant le micro pour répondre aux questions des journalistes.
Cela aurait été regrettable car l’attaquant français, peut-être l’un des éléments les plus (injustement) sous-estimés par le public français, a, encore une fois, démontré qu’il était au-dessus de la mêlée au moment d’analyser son équipe et son futur adversaire. À un point tel que tout le monde avait oublié la présence de la journaliste mexicaine…
Olivier, on dirait quand même que la Belgique est la favorite de cette demi-finale, non ?
"Pour moi, chaque équipe a une chance sur deux de gagner. On respecte vraiment cette équipe belge car selon le classement FIifa, c’est la troisième meilleure du monde. Il ne fait aucun doute que ce match sera bien plus difficile que tous ceux que nous avons joué jusqu’ici."
La Belgique joue avec trois défenseurs. Cela change quelque chose pour vous ?
"J’ai quand même vu qu’ils s’étaient adaptés au Brésil en passant à quatre derrière. Mais pour le reste, je connais bien les arrières car ils jouent tous en Premier League. On se connaît donc très bien et il faudra être malin pour prendre en défaut cette défense qui encaisse peu de buts. Mais on a les qualités pour percer cette muraille."
Il y a un même un Français dans le camp belge. N’êtes-vous pas jaloux de ne pas avoir Thierry Henry avec vous ?
"Il a fait une carrière extraordinaire et a rendu de grands services à son pays mais maintenant, il a entamé une nouvelle carrière. Beaucoup d’entraîneurs n’ont pas la même nationalité que l’équipe qu’ils coachent, donc il n’y a rien de bizarre. Il doit donner des conseils précis et précieux aux Belges et j’aurais préféré qu’il me les donne... mais je ne suis pas jaloux."
Vous êtes gentil avec lui alors qu’il vous critiquait lorsque vous étiez à Arsenal. On se souvient tous de sa déclaration : "Arsenal ne sera jamais champion avec Giroud en attaque."
"Il n’y a pas d’esprit de revanche de mon côté. C’est vrai qu’il avait dit certaines choses mais par la suite, il était revenu sur ses propos. Il y a beaucoup de respect entre nous et je n’ai aucune rancœur envers lui. À l’époque, il faisait un métier (consultant TV) qui l’obligeait à être incisif; c’est tout. Je vais juste essayer de lui montrer qu’il a choisi le mauvais camp mardi soir (sourire)."
Vous allez aussi retrouver Thibaut Courtois, votre équipier à Chelsea. Avez-vous un truc pour lui mettre un but à l’entraînement ?
"Je lui en ai déjà mis quelques-uns, vous pourrez lui demander (NdlR : un seul en match officiel). Il fait une très bonne Coupe du Monde, comme Hugo Lloris. Les deux sont gauchers et n’utilisent pas beaucoup leur pied droit. Ils sont très bons sur leur ligne mais j’ai le sentiment qu’Hugo est plus tonique, notamment pour compenser sa plus petite taille. Thibaut, lui, a une envergure incroyable et il va chercher des ballons dans des zones incroyables. Mais Lloris reste le meilleur (sourire)."
On peut continuer ce jeu des comparaisons : qui est le plus fort entre Kylian Mbappe et Eden Hazard, vos deux équipiers ?
"Déjà, ce sont deux génies. Kylian est encore un diamant brut à polir. Il est davantage dans la percussion avec sa vitesse et ses appels en profondeur. Eden est impressionnant au niveau de sa conduite de balle et sa capacité à percer les lignes avec le ballon dans les pieds. Il est l’un des trois meilleurs joueurs que j’ai croisés au cours de ma carrière. J’ai une relation privilégiée avec ces deux talents sur le terrain car ils savent qu’ils peuvent s’appuyer sur moi."
Vous aurez aussi l’occasion de vous faire une place parmi toutes ces stars en marquant votre premier but durant ce Mondial.
"Je pense traverser ma meilleure période en Équipe de France. J’ai connu des moments difficiles durant ma carrière internationale mais j’arrive à l’âge de la maturité (31 ans) et je sais mieux gérer certaines situations. Je me sens bien dans ce jeune groupe, où j’ai l’impression d’être un grand frère. Ne pas marquer ne me frustre pas car j’essaye de créer des brèches ou de dévier des ballons. Et puis peut-être vais-je marquer mon premier but mardi."
Vous n’avez encore jamais marqué de but contre la Belgique, même lors du fameux 3-4 (2015) au Stade de France. Depuis cette époque, la Belgique a pratiquement gardé la même équipe, alors que la France a tout changé.
"Je me souviens de cette rencontre amicale qui avait été fort disputée. Les Belges ont l’habitude de jouer ensemble, ce qui a permis la naissance d’automatismes. Nous, nous avons de nouveaux joueurs très talentueux. Nous les avons bien accueillis et je pense que le rapport de force s’est équilibré par rapport à 2015."